18 juillet 1870

Le pape devient infaillible

Le 18 juillet 1870, le concile Vatican I définit le dogme de l'infaillibilité pontificale. Les cardinaux reconnaissent comme vraies et irrévocables les interprétations du dogme prononcées par le souverain pontife.

Convoqué l'année précédente par le pape Pie IX, le concile Vatican I est dit oecuménique car il réunit l'ensemble des évêques du monde catholique. C'est le premier à se dérouler dans l'enceinte du Vatican (d'où son nom). Le précédent concile oecuménique s'était tenu à Trente, au nord de l'Italie, trois siècles plus tôt.

Quelques mois après la clôture du concile, le 20 septembre 1870, les troupes du roi d'Italie occupent Rome, signant la fin des États pontificaux. Pie IX va dès lors se considérer comme prisonnier au Vatican. Fort de sa nouvelle autorité spirituelle, il va, jusqu'à sa mort, le 7 février 1878, combattre la montée de l'anticléricalisme et des idéologies laïques en Europe occidentale.

André Larané

Vox populi...

Rappelons que Jésus-Christ, aux sources du christianisme, n'a laissé aucun écrit. Son enseignement nous est seulement connu à travers les quatre Évangiles écrits après sa mort. Ces textes n'ont toutefois pas la prétention de fixer le dogme, c'est-à-dire les vérités fondamentales et non-contradictoires sur lesquelles doivent s'appuyer les chrétiens. C'est à la communauté des fidèles que revient le soin d'exprimer ces vérités avec le concours des Pères de l'Église, théologien(ne)s reconnu(e)s pour leur sagesse et leur justesse de vues.

L'Église catholique et les autres Églises chrétiennes se sont donc nourries au fil des siècles des assertions issues de la Tradition autant, sinon plus, que des Écritures originelles. À cette Tradition a été reconnue le caractère d'infaillibilité, étant entendu que la communauté chrétienne ne peut unanimement se tromper sur les choses de la religion.

Les fidèles des premiers temps du christianisme ont ébauché l'adage célèbre : Vox populi, vox Dei (« La voix du peuple, c'est la voix de Dieu ! ») pour signifier cette infaillibilité. Les clercs eux-mêmes reconnaissaient le caractère infaillible de la Tradition en lui appliquant la définition ou « canon » de saint Vincent de Lérins (mort en 450) : « Ce qui a été cru partout, toujours et par tous » (quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est).

Regain de prestige

Le concile Vatican I réserva au pape l'infaillibilité en matière de dogme. Avec une nuance toutefois : ses décisions n'ont de valeur que si elles sont prononcées de façon solennelle, devant le peuple, ex cathedra, ce qui est une manière de respecter la démocratie des origines. À noter que l'infaillibilité ne s'applique pas aux décisions ordinaires du souverain pontife, en matière de discipline, de morale ou de gestion des affaires courantes.

Au XIXe siècle, l'Église catholique réagit avec force aux humiliations infligées par les révolutionnaires français et Napoléon Ier. Le pouvoir politique du pape ayant été peu à peu réduit à rien par la perte des États pontificaux, les catholiques éprouvent le besoin de renforcer le pouvoir spirituel du chef de l'Église, par-dessus les Églises locales et les gouvernements.

Ainsi, tandis que la papauté était en voie de perdre ses derniers attributs temporels au profit du royaume d'Italie, son autorité spirituelle sur le monde catholique allait s'élever jusqu'à des sommets jamais atteints auparavant. En effet, jusqu'au début du XXe siècle, la plupart des catholiques ignoraient le nom de leur pape. Aujourd'hui, le souverain pontife figure parmi les personnalités les plus médiatiques de la planète, comme en fait foi l'exemple de Jean-Paul II. Cette notoriété inédite est le résultat le plus évident du concile Vatican I !

En définitive,  l'infaillibilité pontificale ne sera quant à elle mise en pratique qu'une fois, le 1er novembre 1950, par le pape Pie XII pour proclamer le dogme de l'Assomption, la croyance très ancienne selon laquelle la Vierge, mère du Christ, aurait été portée au Ciel par les anges dès l'instant de sa mort à Éphèse, échappant ainsi à la corruption du tombeau.

Dissidences

En réservant au pape l'infaillibité en matière de dogme, le concile Vatican I allait attiser quelques contestations dans le monde catholique, essentiellement dans des communautés déjà en froid avec l'institution. C'est ainsi qu'à Utrecht, des catholiques anticoncordataires allaient refuser le nouveau cours de l'Église et s'ériger en confession dissidente, sous le nom d'Union catholique internationale d'Utrecht. Ses membres, peu nombreux mais présents dans différents pays, sont connus sous le nom de « vieux-catholiques ». Une autre communauté dissidente, dans le sud de la Bourgogne, serait connue sous le nom de « Blancs ».

Publié ou mis à jour le : 2024-02-04 18:10:33
John_denbar (05-06-2009 23:31:54)

Cher JPL, vous devez certainement être au moins évêque pour exprimer vos doutes avec une telle certitude, ce qui confère à vos dires une grande autorité ! Pourtant quand on cultive le doute des ... Lire la suite

y. Lejeune (14-07-2008 14:32:22)

"Vox populi, vox dei" ou "ce qui a été cru partout, toujours et par tous" et même Montaigne "la voix du plus grand nombre" Rien de plus faux! Ou alors les moutons de Panurge ont raison de se jeter ... Lire la suite

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