Le 23 juin 1865, le dernier général confédéré (sudiste) dépose les armes et se rend avec le reste de ses troupes aux forces de l'Union, deux mois après la capitulation de Robert Lee et de l'Armée de Virginie face à Ulysses Grant.
Symbole de deux causes perdues pour lesquelles il a lutté, le général de brigade Stand Watie a la particularité d'être le seul Indien à avoir atteint le grade de général durant la guerre de Sécession.
De-Ga-Ta-Ga, de son nom anglicisé Stand Watie («celui qui se tient fermement debout»), est né en Georgie, le 12 décembre 1806, d'une mère à moitié blanche et d'un père cherokee. Son oncle paternel est un leader cherokee respecté, Major Ridge.
Ce dernier ainsi que sa famille se rendent compte de l'impossibilité de demeurer sur les terres de leurs ancêtres, en Georgie et Caroline du Nord, surtout après que la découverte d'un gisement d'or y eut attiré des colons en masse.
Le 29 décembre 1835, ils signent après beaucoup d'hésitations le traité de New Echota proposé par le président Andrew Jackson. Par ce traité, la Nation cherokee cède ses terres ancestrales en échange d'argent et de terres dans le Territoire Indien, au-delà du Mississipi (actuellement l'État d'Oklahoma). Mais le texte est rejeté par la très grande majorité des Indiens cherokee et scinde la communauté en deux factions rivales qui vont s'opposer violemment jusqu'au milieu des années 1840.
Environ 2 000 Cherokees seulement se rendent volontairement sur leurs nouvelles terres et il faut l'intervention des forces fédérales, aidées de la milice de Georgie, en 1838, pour faire appliquer les clauses du traité et transférer les autres Indiens. 4 000 périssent lors de cet exode forcé, et un millier s'échappent en se cachant dans les montagnes. Cet épisode dramatique de l'histoire cherokee est connu sous le nom de « Trail of Tears » (le Chemin des Larmes).
Les signataires du traité sont assassinés en juin 1839 par des vengeurs, à l'exception de Stand Watie qui, averti, a pu s'enfuir à temps. Éduqué, riche, vivant à l'occidentale, il devient un très riche planteur et propriétaire foncier. C'est aussi un propriétaire d'esclaves beaucoup de riches Indiens du Sud. On estime qu'environ 1 600 esclaves noirs travaillent alors pour le compte de propriétaires cherokees. Comme leurs homologues blancs, ceux-ci sont partagés sur le caractère profondément immoral de l'esclavage.
Lorsqu'éclate la guerre de Sécession, Stand Watie s'engage pour le Sud, espérant peut-être, en échange de son soutien, obtenir l'indépendance pour la Nation qu'il représente.
Nommé colonel en juillet 1861, il forme un régiment de cavalerie cherokee qu'il met au service des armées confédérées. Son rayon d'action ne se limite pas exclusivement aux territoires indiens, bien que les Indiens soient en principe exempts de service en-dehors de leurs terres. Ses troupes participent à de nombreux engagements, dans les batailles rangées aux côtés des troupes confédérées et sous forme de raids derrière les lignes de l'Union.
Stand Watie est promu général de brigade en mai 1864 et reçoit le commandement de la 1ère Brigade Indienne. Environ 3 000 Cherokees vont ainsi servir la Confédération, dont la plupart sous ses ordres. Mais beaucoup d'autres vont rester fidèles à l'Union nordiste de sorte que la Nation cherokee, une nouvelle fois, va s'entredéchirer, Stand Watie et ses troupes consacrant au final beaucoup plus d'énergie à combattre leurs frères de race que les troupes nordistes !
D'après certaines estimations, la population cherokee est tombée de 21 000 âmes au début du conflit à 14 000 à la fin.
Après la guerre, Stand Watie devient membre de la délégation des Cherokees du Sud durant la négociation du « Cherokee Reconstruction Treaty » de 1866. Puis, il retourne sur ses terres où il meurt le 9 septembre 1871 sans avoir pu reconstituer sa fortune.
Vos réactions à cet article
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Tacite (23-06-2009 08:46:16)
Ce fade portrait est bien étrange. Comment l'homme qui signa le honteux Traité de New Echota, ouvrit le "Trail of tears", fit sortir les Cherokee "doublement perdants et oubliés" d'une guerre qui n'était pas la leur, et ne comprit jamais que le même racisme oppresseur détruisait son peuple et celui de ses esclaves, peut-il être "une figure légendaire en Amérique du Nord" ? Les Cherokees honorent-ils sa mémoire ?
François Gagnon (11-09-2006 03:41:38)
"Stand Watie" est peut être une légende aux États-Unis, mais il est inconnu ailleurs en Amérique du Nord, contrairement au chef Pontiac ou à Sitting Bull...