11 août 1863

Le Cambodge devient protectorat français

Le 11 août 1863, une convention franco-khmer établit un protectorat de l'Empire français sur le Cambodge. Le petit royaume khmer, dont la civilisation rayonnait quelques siècles plus tôt sur l'ensemble de la péninsule indochinoise, échappe grâce à la France à un dépècement par ses deux puissants voisins, le Siam (actuelle Thaïlande) et l'Annam (actuel Viêt-nam)...

L'Asie du Sud-Est (XVIIIe-XXIe siècles)

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Cette série de cartes montre le bref processus (à peine plus d'un millénaire) pendant lequel l'Asie du Sud-Est s'est successivement imprégnée des cultures et religions de ses grands voisins (hindouisme, islam, christianisme, culture chinoise etc.

De l'empire khmer au Cambodge

Le riche bassin du Mékong et le Grand Lac (le Tonlé Sap) constituent le coeur de l'empire khmer, qui a émergé à l'époque où, en Europe occidentale, sévissaient les rois mérovingiens.

Tête de Shiva, Xe s., Paris, musée GuimetCette région était à l'origine dominée par le royaume hindouisé du Fou-Nan. Les Khmers, population du groupe mongol mêlée à des éléments venus de la péninsule indienne, se sont lentement émancipés de la tutelle de ce royaume tout en conservant sa religion, fondée sur le culte du dieu Çiva (ou Shiva), avec le sanskrit pour langue liturgique.

À partir de la fin du VIIIe siècle, le bouddhisme Mahayana pénètre dans le pays et cohabite avec le çivaïsme ou l'hindouisme.

Dans l'État khmer, aussi appelé Kambuja (d'où vient le nom actuel du pays), le «souverain universel» tire sa légitimité de sa relation avec la divinité, manifeste dans le temple-montagne, du type de ceux d'Angkor, qui rappelle le mont Meru, lieu de séjour des divinités dans les cosmogonies indiennes.

Parvenu au pouvoir à la fin du VIIIe siècle, Jayavarman Ier, roi du Kambuja, libère le pays de la tutelle de Java avant de l'unifier dans un royaume très centralisé autour de sa personne. En 802, il transporte sa capitale sur le site de la future métropole d'Angkor, au nord-ouest du Tonlé Sap.

L'empire khmer grandit dès lors en dépit des luttes intestines pour le pouvoir et des guerres contre les voisins, en particulier le royaume du Champa (à cheval sur le Cambodge et le Vietnam actuels).

Angkor Vat - défilé de l'armée du roi Suryavarman II (photo : Gérard Grégor, pour Herodote.net, 2013)

Le Champa est envahi et annexé en 1145 par Suryavarman II. Ce roi guerrier est aussi un grand constructeur puisqu'il est à l'origine du temple prestigieux d'Angkor Vat, joyau de l'art khmer.

Tête de Jayavarman VII, fin XIIe, Paris, musée GuimetÀ la fin du XIIe siècle, l'empire khmer atteint sa plus grande extension sous son successeur Jayavarman VII, qui délaisse le culte de Shiva au profit du bouddhisme.

En butte à l'hostilité de ses voisins, les Thaïs à l'ouest et les Champs à l'est, ainsi qu'aux révoltes des peuples assujettis, l'empire khmer connaît un rapide déclin. En 1243, le roi Jayavarman VIII rétablit l'hindouisme comme religion d'État. Mais il devient peu après tributaire de Kubilai Khan, tout-puissant empereur mongol de Chine.

En 1431, suite à une invasion thaïe, la prestigieuse métropole d'Angkor est vidée de ses habitants et la capitale transportée dans l'actuelle Phnom Penh, cependant que l'hindouisme s'efface définitivement au profit du bouddhisme amené par les Thaïs. Le Kambuja ne va plus dès lors cesser de pérécliter...

L'empereur des Français secourt le roi du Cambodge !

C'est à la demande expresse du roi Norodom Ier, menacé par ses voisins, qu'intervient le gouvernement de Napoléon III. Celui-ci ne se fait pas prier pour répondre à sa demande et étendre par la même occasion la France d'outre-mer.

Conformément à la convention signée à Oudong, le roi s'interdit toute relation avec une puissance étrangère sans l'accord de la France. Un résident général veille à Pnom Penh, la capitale, à l'exécution du traité. En 1887, le Cambodge est intégré à l'Indochine française et son roi perd ce qu'il lui restait d'autorité.

Le pays a recouvré une complète indépendance le 9 novembre 1953, sous le règne de Norodom Sihanouk, qui n'a cessé sa vie durant de cultiver de bonnes relations avec l'ancienne puissance tutélaire, la France.

Alban Dignat
Publié ou mis à jour le : 2024-06-05 12:27:32

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