Le 30 avril 1863, dans le village de Camerone, au Mexique, soixante-trois légionnaires français, sous les ordres du capitaine Jean Danjou, résistent à une armée mexicaine de plus de deux mille hommes.
Un exploit propre à adoucir l'amertume d'une guerre absurde engagée contre le Mexique par Napoléon III.
Deux ans plus tôt, en 1861, la France, l'Angleterre et l'Espagne sont intervenues avec avec quelques troupes pour obliger le président mexicain Juarez à honorer les dettes de son pays.
En 1862, tandis que les Anglais et les Espagnols se retirent, l'empereur français Napoléon III forme le projet de renverser le président mexicain et de transformer le Mexique en un empire latin et catholique. Mais les Français se heurtent à la résistance farouche et inattendue des Mexicains qui prennent le parti de Juarez.
Une première armée de 7 000 hommes est repoussée devant Puebla, une ville fortifiée sur la route de Mexico. Il faut envoyer en catastrophe 28.000 hommes en renfort, sous le commandement du général Forey, pour enfin avoir raison de la résistance de la ville.
C'est pendant le siège de Puebla que se produit le drame de Camerone.
Une compagnie de la Légion étrangère, aux ordres du capitaine Jean Danjou (35 ans), est chargée de protéger un convoi de ravitaillement de l'armée française quand elle voit surgir des cavaliers juaristes. Après avoir repoussé une première charge, le capitaine se réfugie dans le village abandonné de Camerone (Camaron pour les Mexicains), dans l'État de Veracruz.
Il se barricade avec ses hommes dans la cour de l'auberge, fermée par de hauts murs, avec l'objectif de retenir assez longtemps l'ennemi pour que le convoi puisse s'éloigner.
Suite à une première démonstration de force des Mexicains - six cent cavaliers et mille quatre cents fantassins -, le colonel Milan, qui les commande, offre la reddition à la Légion étrangère.
Le capitaine refuse et jure de ne jamais se rendre. Ses hommes font de même. Danjou est bientôt tué en inspectant les positions. Le colonel Milan lance enfin un assaut auquel la Légion résiste héroïquement.
L'auberge est incendiée et les huit survivants se retranchent dans un hangar où ils tiennent encore plus d'une heure avant d'être faits prisonniers. Ils acceptent de se rendre à condition de conserver leurs armes et que leurs blessés soient soignés, ce qu'acceptent les Mexicains.
Trois cents Mexicains auront été au total mis hors de combat par les 63 légionnaires mais l'héroïsme de ces derniers n'empêchera pas l'échec final de Napoléon III.
Succès de la résistance mexicaine
Après la prise de Puebla et l'entrée des Français à Mexico, un simulacre d'assemblée nationale octroie la couronne de l'Empire du Mexique à Ferdinand-Maximilien. Mais en avril 1866, Napoléon III doit rapatrier le corps expéditionnaire en catastrophe. Ferdinand-Maximilien est pris et fusillé par les juaristes le 19 juin 1867.
De ce fiasco reste le souvenir de Camerone. La Légion lui doit ses quartiers de noblesse, trente ans après sa création. Depuis 1906, l'anniversaire de ce fait d'armes est commémoré avec faste par la Légion étrangère. Les légionnaires réunis à Aubagne rendent à cette occasion les honneurs à... la main en bois du capitaine Danjou.
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Voir les 12 commentaires sur cet article
laboure (30-04-2015 18:37:28)
Je suis fière d'y avoir servis à la Légion Etrangère car j'ai appris beaucoup de choses , Honneur et Patrie et vive la Légion Etrangère .
Grandelet (20-06-2014 22:30:48)
Dommage que vous ne citiez pas la présence d'un bataillon de volontaires de l'armée belge, qui a d'ailleurs eu pas mal de pertes !
taxil jean louis (03-05-2013 15:30:50)
J'ai découvert la Légion étrangère en tant que civil.C'était à Sebha, Fezzan, Lybie.J'avais neuf ans.Depuis je n'ai jamais perdu de vue la 3ème CSPLE.Pourquoi? Parceque là j'y ai pris une cuit... Lire la suite