Le 14 janvier 1858, Felice Orsini commet un attentat contre Napoléon III devant l'opéra de la rue Le Peletier, à Paris. Avec ses complices, il lance trois bombes en direction du carosse impérial.
L'impératrice Eugénie et l'Empereur s'en tirent heureusement avec de simples égratignures grâce à des plaques de fer judicieusement glissées dans les flancs de leur carosse. Mais les bombes font huit morts dans le cortège. Plus gravement encore, elles vont entraîner la France dans une guerre douteuse contre l'Autriche...
L'auteur de l'attentat est un conspirateur italien de 38 ans. Il a milité très tôt dans les mouvements patriotiques comme Jeune-Italie. Il participe au côté de Giuseppe Mazzini à l'éphémère république fondée à Rome en 1848.
Condamné à plusieurs reprises pour conspiration, Felice Orsini finit par s'exiler à Londres où il prépare son attentat contre Napoléon III. Il reproche à l'Empereur des Français d'avoir trahi ses idéaux de jeunesse, du temps où il adhérait à la Charbonnerie italienne, ainsi que d'avoir provoqué la chute de la République romaine et d'entraver l'unification de son pays !
Napoléon III profite de l'émotion créée par l'attentat pour faire passer une loi de sûreté générale qui lui donne le droit d'expulser ou d'interner sans jugement les républicains et les personnes qui auraient été punies lors des événements de juin 1848 ou du coup d'État du 2 décembre 1851. 300 personnes étrangères à l'attentat sont en conséquence bannies ou déportées... Pour Napoléon III, qui bénéficie encore d'un état de grâce, il n'est pas encore temps de libéraliser le régime !
Deux précautions valant mieux qu'une, les candidats aux élections législatives doivent désormais prêter un serment écrit de fidélité. Cela n'empêche pas deux républicains de se faire élire à Paris aux élections complémentaires de 1858.
L'empereur décide accessoirement de reconstruire l'Opéra en un lieu plus sûr, là où il est actuellement.
Quant au terroriste, il est condamné à mort mais, de sa prison, il trouve le moyen d'envoyer des lettres à l'empereur, le suppliant d'apporter son appui à la cause italienne. Ces lettres vont bouleverser Napoléon III et, par un effet inattendu, atteindre leur but.
La première, qui sera publiée par le journal officiel Le Moniteur avec l'accord de l'Empereur, se termine par ces mots : « Que votre Majesté ne repousse pas le voeu suprême d'un patriote sur les marches de l'échafaud, qu'elle délivre ma patrie, et les bénédictions de 25 millions de citoyens la suivront dans la postérité ».
Le 11 mars 1858, deux jours avant d'être guillotiné, Orsini se repent dans une deuxième lettre. À propos de son acte, il écrit : « Que mes compatriotes au lieu de compter sur ce moyen apprennent de la bouche d'un patriote prêt à mourir que leur abnégation, leur dévouement, leur union... peuvent seuls assurer la délivrance de l'Italie... » Napoléon III transmet la lettre à Cavour, Premier ministre du roi de Piémont-Sardaigne, qui la publie dans la Gazette piémontaise.
Les 20 et 21 juillet 1858, Napoléon III invite secrètement Cavour à le rejoindre dans la station thermale de Plombières, dans les Vosges, à l'insu de ses ministres. Dans un tête-à-tête de sept heures, les deux hommes élaborent un accord sur le dos de l'Autriche, dont le joug pèse sur la péninsule italienne.
Napoléon III promet d'engager ses troupes aux côtés des Piémontais dans l'éventualité d'un « geste agressif » de l'Autriche. Au terme de la guerre, il est entendu que le roi Victor-Emmanuel II annexerait la Lombardie et la Vénétie, les duchés de Parme et de Modène ainsi qu'une partie des États de l'Église. La Toscane deviendrait un royaume et l'ensemble de la péninsule formerait une confédération sous la présidence du pape ! En récompense de ses services, la France recevrait Nice et la Savoie.
Habilement, Cavour va provoquer l'intervention de la France mais la guerre ne va pas se passer comme prévu.....
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