25 octobre 1854

La charge de la Brigade légère

Le 25 octobre 1854 s'engage l'une des premières grandes batailles de la guerre de Crimée, autour de Balaklava.

Les alliés franco-anglo-turcs veulent faire de ce petit port de Crimée, entouré de hautes falaises, le point de départ de leur offensive sur la citadelle russe de Sébastopol, à quelques kilomètres plus au nord.

André Larané

La charge de la Brigade légère, Richard Caton Woodville Jr., 1894.

L'offensive de Balaklava

Au matin de ce jour, les Russes lancent une puissante attaque contre les batteries turques des falaises. Ils s'en emparent mais ne peuvent aller plus loin du fait de la résistance stoïque des Écossais du 93e Highlanders de Sir Colin Campbell.

Un détachement de cavaliers russes tente de contourner le régiment par la droite mais il tombe nez à nez avec la Brigade lourde du général Sir James Scarlett. Celui-ci, dont c'est à 55 ans la première expérience du feu, fait aligner ses troupes comme à la parade avec tuniques rouges et bonnets à poils. Les Russes sont décontenancés et reculent.

Le général en chef britannique Lord Raglan veut consolider ce succès. Il demande à Lord Lucan, commandant de la cavalerie, de déloger au plus vite les Russes des hauteurs pour protéger les batteries de leurs alliés turcs.

Le combat de trop

Lord Lucan, qui a mesuré la puissance des défenses russes et ne peut compter sur un soutien de l'infanterie, refuse de bouger. Mais son général en chef insiste.

Lord Lucan transmet alors l'ordre à son beau-frère (qu'il déteste !). Celui-ci, Lord Cardigan, commande une Brigade de cavalerie dite légère.

Lui aussi comprend l'inanité de la mission mais il n'ose se défiler devant un ordre écrit du général en chef. Il n'ose pas davantage s'en expliquer devant lui ni réclamer des précisions sur les objectifs, qui demeurent flous.

Lord Cardigan, qui aurait dû se contenter de la notoriété conférée à son nom par un sweater, conduit ses 673 lanciers au combat. Ils ont un peu plus d'un kilomètre à parcourir au fond d'une vallée avant d'atteindre les batteries russes disposées à l'extrémité de celle-ci. Au total,  dans la vallée et sur ses contreforts, les Russes alignent 20 bataillons et une cinquantaine de pièces d'artillerie.

La première moitié du parcours se déroule comme à la parade sous les yeux stupéfaits de l'ennemi. Lord Raglan s'émerveille devant un Lord Cardigan « aussi courageux et fier qu'un lion ».

Mais voilà que les canons russes ouvrent le feu. 20 minutes plus tard, la Brigade légère laisse 113 morts et 247 blessés sur le terrain ! « C'est magnifique mais ce n'est pas la guerre », commente sobrement le général français Pierre Bosquet.

Ce fait d'armes inutile a été immortalisé par un poème de Lord Tennyson (1864) et un film de Tony Richardson (1968). Il a aussi introduit dans notre langue le cardigan et le raglan (paletot à pèlerine), d'après le nom du général en chef britannique. Les Anglais ont aussi retenu le mot balaclava pour désigner un passe-montagne.

Publié ou mis à jour le : 2021-10-22 11:48:37
shaï (25-10-2017 20:04:31)

"C'est stupide mais c'est la guerre" ? Notre dernière défaite guerrière fut magnifiquement héroïque et stupide: diên biên phu.

pierre (25-10-2017 16:32:29)

Donc environ 250 lanciers ont pu passer indemnes ! quel est leur sort ?

Epicure (25-10-2017 14:41:06)

Quand on révise ainsi son Histoire absorbée niaisement au Lycée, on s'aperçoit de la non moins gigantesque niaiserie de nos illustres Gouvernants et Oligarques du siècle passé... (pour moi c'est le siècle passé cat j'ai appris tout cela vers 1955/57 !!!!!!!! Bêtise et intérêt politico-économique et surtout stupidement Narcissique hallucinants!

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