Le 30 mai 1854, sous le Second Empire, une loi relative aux travaux forcés officialise la création du bagne de Cayenne, en Guyane. L'objectif est de remplacer les bagnes des ports métropolitains, Rochefort, Brest et Toulon, mais aussi de peupler la colonie.
La « terre de la Grande Punition »
Dès la Révolution, Cayenne a accueilli des proscrits royalistes arrêtés à la suite du coup d'État du 18 Fructidor (4 septembre 1797). 65 députés et 35 journalistes furent ainsi condamnés à la « guillotine sèche ». À la suite du coup d'État de Napoléon III, la Guyane reçut encore trois mille prisonniers.
À partir de 1854, les bagnards, dits « transportés », sont astreints à des travaux forcés et parqués dans différents camps, à Cayenne mais aussi à Saint-Laurent-du Maroni, Sinnamary ou encore aux îles du Salut.
En 1867, du fait d'une trop grande mortalité parmi les Européens, le bagne est réservé aux condamnés des colonies. Les condamnés de la métropole sont alors dirigés vers le bagne de Nouvelle-Calédonie, ouvert en 1864, dix ans après Cayenne. Il va accueillir 22 000 « transportés » jusqu'à sa suppression en 1887, en raison de conditions de détention jugées trop... douces.
En 1887, les condamnés européens retrouvent donc le chemin de Cayenne.
La loi de relégation du 27 mai 1885 astreint à résidence en Guyane les condamnés récidivistes et certains petits délinquants.
Le bagne sort de l'anonymat avec l'arrivée du capitaine Alfred Dreyfus en 1895 sur l'île du Salut. Un peu plus tard, dans les années 1920, le journaliste Albert Londres va dénoncer avec brio les conditions d'incarcération. « Ici, morts vivants, dans des cercueils - je veux dire des cellules -, des hommes expient, solitairement », écrit-il devant des cachots de quatre mètres carrés.
Le 17 juin 1938, Gaston Monnerville, petit-fils d'esclave guyanais devenu sous-secrétaire d'État aux Colonies, fait voter une loi prévoyant enfin la suppression du bagne de Cayenne. Celle-ci ne deviendra effective qu'en 1946, quand la colonie sera érigée en département d'outre-mer.
Au total, la Guyane aura accueilli 52 000 « transportés » et 16 000 « relégués » ; la Nouvelle-Calédonie, 20 000 « transportés » et 10 000 « transportés ».
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Bernard VACHÉ (11-02-2020 14:50:07)
Je viens de travailler 1 mois en Guyane et j'ai pris le temps d'essayer de comprendre. Je partage globalement le constat (violence, immigration clandestine, alcoolisme, manque d'éducation, illettrism... Lire la suite