En 1851, le neveu de Napoléon le Grand choisit le 2 décembre, anniversaire du sacre de son oncle et de la bataille d'Austerlitz, pour conduire le coup d'État qui lui permettra de passer du statut de prince-président à celui d'Empereur des Français.
Il prend acte de l'échec flagrant de la IIe République, qui a trahi ses idéaux en massacrant le peuple. Elle était de toute façon vouée à disparaître et beaucoup de ses représentants songeaient à une restauration monarchique. Ils ont été pris de vitesse par le président de la République, futur Napoléon III.
C'est un destin hors du commun que celui de Louis-Napoléon Bonaparte, fils de Louis Bonaparte et de Hortense de Beauharnais. Né en 1808 et exilé à la chute de Napoléon 1er, il devient le candidat des bonapartistes après la mort de « l'Aiglon » (le fils de Napoléon) ainsi que de ses frères et de ses oncles.
Profitant du regain de ferveur bonapartiste provoqué par le retour des cendres de l'Empereur, il tente avec son ami Persigny, un aventurier comme lui, de prendre le pouvoir par la force en 1840. Cela lui vaut d'être condamné à la prison à vie au fort de Ham. Il s'en échappe six ans plus tard en empruntant la tenue d'un ouvrier du nom de Badinguet (d'où l'un des surnoms du futur empereur). Réfugié en Angleterre, le fringant conspirateur séduit une demi-mondaine, miss Howard, qui met sa fortune à sa disposition.
Survient la IIe République. Empêché de revenir en France, Louis-Napoléon Bonaparte n'en est pas moins élu député dans plusieurs départements et le 10 décembre 1848, le suffrage universel fait de lui le premier président de la République française !
Face à lui, le principal candidat républicain, le général Cavaignac, est discrédité par sa brutale répression des émeutes ouvrières de juin 1848. Adolphe Thiers, chef des royalistes, convainc ses collègues de soutenir Louis-Napoléon : « C'est un crétin que l'on mènera », leur répète-t-il !
Mais le Prince-Président se pose habilement en protecteur des faibles et en défenseur du suffrage universel contre l'Assemblée nationale, dominée par le « parti de l'Ordre », victorieux aux élections de mai 1849.
C'est un rassemblement hétéroclite de cinq cents députés royalistes (légitimistes et orléanistes) et catholiques, unis dans la peur de la révolution ouvrière. Face à eux seulement 70 républicains modérés et 180 « montagnards »).
Habilement, Louis-Napoléon les laisse se déconsidérer en allant au secours du pape Pie IX, dont le pouvoir temporel est contesté par les républicains. Le 2 juillet 1849, aux portes de Rome, le général Oudinot défait ainsi les troupes de Garibaldi.
Puis l'Assemblée vote le 15 mars 1850 la loi Falloux qui ouvre l'enseignement aux congrégations religieuses. Elle limite aussi la liberté de la presse par les lois du 27 juillet 1849 et du 10 juillet 1850. Elle restreint le suffrage universel le 31 mai 1850. Elle ordonne la déportation en Algérie des insurgés de Juin-1848.
« Vive l'Empereur ! »
Autant de mesures impopulaires qui renforcent par effet de contraste l'image sociale du Prince-Président. Habilement, du 8 août au 12 novembre 1850, il accomplit des tournées triomphales dans le pays, se présentant tantôt comme le défenseur des ouvriers, tantôt comme celui de la religion et de la propriété. Il parle également aux militaires de gloire et de liberté, ce qui lui vaut d'être salué le 10 octobre aux cris de « Vive l'Empereur ! », lors d'une revue militaire au camp de Satory.
Fort de sa popularité, il se verrait bien à la tête du pays pour de longues années. Mais la Constitution de la IIe République, par une disposition très maladroite, interdit au président en exercice de solliciter un deuxième mandat. Il se prépare donc à d'autres éventualités...
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