Le 15 mars 1850, après deux mois de vifs débats, les députés de la Seconde République votent une loi qui complète la loi Guizot de 1833 en rendant obligatoire la création d'une école de filles dans les communes de 800 habitants mais, surtout, permet aux congrégations catholiques d'ouvrir en toute liberté un établissement secondaire avec les enseignants de leur choix. Qui plus est, elle soumet les établissements publics et les instituteurs au contrôle des autorités administratives et « morales », autrement dit religieuses.
Cette loi est due au comte Alfred de Falloux (1811-1886). D'abord légitimiste, puis catholique libéral, député en 1846, il combat sans relâche pour la liberté de l'enseignement. Effrayé par l'agitation populaire de 1848, il entraîne les catholiques à soutenir la candidature de Louis Napoléon Bonaparte. Ce dernier le nomme ministre de l'Instruction publique en décembre 1848.
Il élabore la loi qui porte son nom et autorise l'enseignement confessionnel et congrégationniste au niveau des écoles primaires et secondaires, supprimant de fait le monopole de l'État dans l'enseignement établi par Napoléon Ier.
La loi Falloux intervient moins d'un an après le succès du « Parti de l'Ordre » aux élections législatives dans un contexte où la peur des instituteurs, qu'on accuse de socialisme après la révolution de 1848, se fait sentir. Son promoteur, le comte de Falloux, résume ainsi, dans ses Mémoires, son programme politique : « Dieu dans l'éducation, le pape à la tête de l'Église, l'Église à la tête de la civilisation ».
La loi Falloux est approuvée sans surprise par la droite conservatrice et en particulier le député Adolphe Thiers, mais elle suscite l'ire du député « montagnard » Victor Hugo et, par ses excès, va raviver l'anticléricalisme et la haine de l'institution ecclésiastique avec une formule restée célèbre « L'Église chez elle et l'État chez lui. »
La querelle ne s'apaisera qu'après les lois de Jules Ferry sous la République suivante.
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