Six mois après la publication du décret d'abolition de l'esclavage par le gouvernement de la République française, le commissaire général de la République Joseph Napoléon Sébastien Sarda, dit Sarda-Garriga, arrive à la Réunion avec ledit décret et le titre de gouverneur. Sitôt débarqué à Saint-Denis, le 19 octobre, il promulgue le décret d'abolition avec effet le 20 décembre 1848.
En souvenir de cette décision, le 20 décembre est aujourd'hui férié et chômé sur l'île de La Réunion. C'est la « fête des Cafres » (d'après le nom donné aux anciens esclaves africains) ou la fête de la Liberté...
Occupée par la France au début du XVIIe siècle et d'abord baptisée île Bourbon, cette île de l'archipel des Mascareignes, au milieu de l'océan Indien, a été tardivement colonisée. En 1715, à la mort du roi Louis XIV, elle ne compte encore que deux mille habitants dont une moitié importés du continent africain et de la grande île de Madagascar en qualité d'esclaves ou de travailleurs « engagés » (il s'agit de travailleurs sous contrainte que l'on ne peut en théorie pas vendre).
Mais l'introduction de la culture du café va accélérer le peuplement de cette île de 2000 km2. À la Révolution, rebaptisée La Réunion, elle compte environ cinquante mille habitants dont une grande majorité d'esclaves. Beaucoup de ceux-ci, toutefois, profitent du relief volcanique pour s'enfuir des plantations et se réfugier dans les Hauts de l'île. Ces esclaves « marrons » (dico) sont traqués avec la plus extrême férocité.
Un demi-siècle plus tard, au moment de l'abolition de l'esclavage, l'île compte cent dix mille habitants dont soixante mille esclaves. Les planteurs, conscients de l'inéluctabilité de l'abolition, multiplient les affranchissements et quand, enfin, le commissaire général Sarda-Garriga promulgue le décret, il ne reste déjà plus d'esclaves en titre.
Les planteurs reçoivent une indemnité forfaitaire conformément au décret. Ils tentent aussi de reprendre la main en sanctionnant le « vagabondage » : c'est une façon d'obliger les anciens esclaves à souscrire des contrats de travail. Comme beaucoup ne s'y résignent pas, les planteurs font venir des « travailleurs sous contrat» de la côte des Malabars (Inde du Sud). Leurs descendants représentent aujourd'hui près du tiers du million de Réunionnais.
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Henri (20-12-2021 16:21:47)
Article intéressant. Je souhaite toutefois préciser qu'au moment de l'abolition de l'esclavage à La Réunion, il y avait environ 100 000 habitants, dont 64 000 esclaves. Tous les maîtres d'esclave... Lire la suite