20 juillet 1847

La guerre du Sonderbund

Le 20 juillet 1847, la Diète fédérale suisse vote à une courte majorité la dissolution de la ligue séparatiste du Sonderbund, l'expulsion des Jésuites du pays et le principe d'une nouvelle constitution fédérale.

C'est l'aboutissement d'une longue crise politique née de la Révolution française. Elle va donner naissance aux institutions helvétiques telles que nous les connaissons, après, toutefois, une courte guerre civile.

La Restauration

L'« Acte de médiation » octroyé par le Premier Consul Bonaparte en 1803 avait été suspendu à la chute de l'Empire français, en 1814, et les constitutions cantonales ramenées à leur forme d'Ancien Régime, reconstituant une Suisse fragmentée entre ses 22 cantons.

Le pacte fédéral (Bundesvertrag) adopté en 1815 consacre la nouvelle organisation. La Suisse intègre quelques territoires qui lui étaient associés de longue date (Valais, Genève, Neuchâtel, Grisons, Tessin) et retrouve son rôle d'arbitre entre les grandes puissances, désormais garantes de sa neutralité.

La souveraineté restituée aux cantons allait pourtant susciter une opposition grandissante entre les partisans d'une évolution vers une société plus ouverte (parti libéral) et les tenants de la tradition (parti conservateur).

Des tensions surgissent entre les cantons ruraux conservateurs et les cantons du Plateau suisse, industrialisés, libéraux, à la population croissante et prospère. À l'imitation de la France, on qualifie d'ultramontain le parti favorable au maintien de liens étroits entre l'Église catholique et les gouvernements cantonaux qui lui sont favorables.

En 1841, le gouvernement argovien prend la décision de fermer huit couvents dont l'autonomie était pourtant garantie par le pacte fédéral de 1815. En guise de réaction, Lucerne rappelle les Jésuites et leur confie les écoles cantonales en 1844.

Avec les cantons conservateurs d'Uri, Schwyz, Unterwald, Zug, Fribourg et Valais, Lucerne conclut par ailleurs en décembre 1845 une alliance défensive, qualifiée aussitôt de Sonderbund (Ligue séparatiste) par ses détracteurs. Or, le pacte de 1815 interdit la formation d'alliances entre les cantons.

Le 20 juillet 1847, les cantons, à une courte majorité de 12 sur 22, votent la dissolution du Sonderbund, l'expulsion des Jésuites et le principe d'une révision de la Constitution.

Une armée fédérale, placée sous le commandement du général Guillaume-Henri Dufour, met le siège devant la ville de Fribourg. La ville rend les armes le 14 novembre 1847 et Dufour se tourne vers Lucerne, occupée le 24 novembre, puis le Valais, qui capitule le 1er décembre.

L'armée séparatiste, composée de soldats catholiques mais commandée par un aristocrate grison protestant du nom de Johan-Ulrich von Salis-Soglio, est trop peu nombreuse pour pouvoir riposter. Les opérations militaires sont de la sorte terminées le 29 novembre en ayant occasionné moins d'une centaine de morts.

Les vainqueurs imposent des gouvernements libéraux dans les cantons rebelles et fixent une indemnité de guerre. De nouveaux couvents sont fermés à Lucerne.

Inquiets de cette évolution, les gouvernements de France, Grande-Bretagne, Prusse et Russie communiquent le 18 janvier 1848 une note selon laquelle ils ne tolèreront pas une nouvelle constitution fédérale limitant le pouvoir souverain des cantons... Mais la menace d'une intervention étrangère va s'éloigner avec les révolutions de février en France et de mars en Allemagne.

Une Constitution qui dure

La nouvelle constitution, sur le modèle américain, conserve la dénomination de Confédération helvétique mais en finit avec le vieux principe d'une alliance de cantons souverains :
- Les cantons se voient retirer le droit de faire sécession et d'instituer des constitutions incompatibles avec la liberté religieuse et la liberté d'expression.
- Un État fédéral se voit déléguer les pouvoirs militaire et diplomatique.
- Le pouvoir exécutif est représenté par un Conseil fédéral de sept membres, le pouvoir législatif par un système bicaméral et le judiciaire par l'institution d'un Tribunal fédéral.

L'institution du franc comme monnaie commune, dérivé du franc français et partie de l'Union latine, consacre l'ordre nouveau. D'autres innovations, comme le drapeau national, les écoles fédérales (Polytechnique à Zurich), le système des poids et mesures, s'imposent à leur tour.

Publié ou mis à jour le : 2019-07-09 10:58:58
Fabien (20-07-2017 15:43:23)

@Bernard VACHÉ C'est peut-être lié aux demi-cantons suisse, qui, aujourd’hui encore, ne "disposent que d'un siège au lieu de deux au Conseil des États et ne comptent que pour moitié lors des... Lire la suite

Bourgeot (29-07-2012 16:42:29)

Votre article confirme la cause du départ ,pour s'
installer à Colmar,de deux de mes ascendants originaires de Lucerne et protestants,minoritaires par rapport à la majorité catholique de Lucerne d'où leur choix de migration
en Alsace. Bien cordialement Michel Bourgeot-Winter

Bernard VACHÉ (19-07-2012 22:50:55)

Vous précisez "Le projet de constitution fédérale est soumis au vote des cantons, qui l'approuvent à la majorité de 15 ½ contre 6 ½." Il ne m'a pas échappé que la somme fait 22 mai... Lire la suite

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