Le 24 août 1837 est inaugurée en France la première liaison ferroviaire dédiée au transport de voyageurs.
Elle relie en moins d'une heure le quartier parisien de Saint-Lazare à la commune du Pecq, peu avant Saint-Germain-en-Laye, à 18 km à l'ouest de la capitale. La France entre avec elle dans l'épopée ferroviaire...
C'est seulement en 1823, soit 19 ans après la première circulation d'une locomotive à vapeur dans le pays de Galles, que le roi Louis XVIII signe l'ordonnance accordant la concession du premier chemin de fer français, entre Saint-Étienne et Andrézieux (18 km), deux villes du bassin industriel et minier de la Loire.
Cette voie ferrée est ouverte aux marchandises le 1er janvier 1828 et aux voyageurs en 1832. Elle offre aux actionnaires une rentabilité très confortable, de quoi encourager les investissements futurs.
Le 7 juin 1826, les frères Seguin obtiennent l'adjudication de la ligne Saint-Étienne-Lyon, longue de 57 km et incluant d'importants travaux de génie civil : tunnels, tranchées et remblais...
Marc Seguin (1786-1875), homme d'affaires avisé, la destine en priorité au transport de marchandises lourdes et de produits sidérurgiques. Il achète deux locomotives d'occasion à Stephenson, en Angleterre, et s'empresse de les faire copier dans des ateliers français, à Lyon et Arras. Mais tandis que les rails étaient jusque-là fixés sur des plots en pierre ancrés dans le sol, il introduit une innovation décisive en posant les rails sur des traverses en bois.
Notons que Marc Seguin et ses frères sont les petits-neveux des frères de Montgolfier, autres inventeurs de génie, comme eux nés à Annonay, capitale du Vivarais (au sud-ouest de Lyon).
La ligne est ouverte en 1835 seulement pour un coût très supérieur au coût initial du fait des travaux de génie civil. Au début, elle accueille à la fois des locomotives à vapeur et des convois tractés par des chevaux ! Aujourd'hui, toujours en service, elle est parcourue par des TGV.
Les frères Jacob et Isaac Péreire, banquiers à l'esprit d'avant-garde, se lancent dans l'aventure.
Comme ils sollicitent une avance financière pour la construction d'une ligne de voyageurs entre Paris et Saint-Germain-en-Laye, ils s'entendent répondre par le Président du Conseil Adolphe Thiers : « Il faudra donner des chemins de fer aux Parisiens comme un jouet, mais jamais on ne transportera ni un voyageur ni un bagage ! »
En dépit de cette sombre prophétie d'un homme éminent, la ligne Paris-Le Pecq est inaugurée deux ans plus tard par la reine Marie-Amélie, l'épouse de Louis-Philippe 1er. La souveraine effectue le trajet de 18 km dans le train inaugural en 25 minutes seulement, sous les applaudissements des badauds. Son mari, resté fidèle aux voitures à cheval, a préféré rester à la maison.
Le surlendemain, le 26 août 1837, la ligne est ouverte au public. Elle transporte 18 000 personnes le premier jour et rencontre d'emblée un très vif succès. Ses trains comportent trois classes. Ils sont très prisés de la bourgeoisie qui les utilise volontiers pour s'aérer le dimanche en forêt de Saint-Germain. Dix ans après, en 1847, elle est prolongée jusqu'à Saint-Germain-en-Laye, de l'autre côté de la Seine.
En 1848, à la veille de faire sa révolution industrielle, la France compte près de 2 000 km de voies ferrées de tous types.
Les choses sérieuses commencent sous la Seconde République, sur la base d'un plan échafaudé dès 1832 par le directeur général des Ponts et Chaussées Baptiste Legrand. Celui-ci a programmé un plan d'équipement en étoile autour de Paris.
Dès 1860, toutes les grandes liaisons radiales sont achevées, à l'exception de Paris-Toulouse et des liaisons vers la Bretagne. L'empereur Napoléon III peut gagner aussi bien Biarritz que Marseille en train, à 100 km/h de moyenne. Un exploit.
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