Le 3 février 1830, à Londres, le sultan Mahmoud II reconnaît l'indépendance pleine et entière de la Grèce et entérine les protocoles qui définissent ses frontières. C'est l'aboutissement d'une longue et sanglante guerre d'indépendance menée par les Grecs avec le soutien des Occidentaux.
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La Grèce moderne a peu à voir avec la Grèce antique dont s'énorgueillissent ses habitants, encore moins avec la Grèce byzantine qui a éclairé les derniers siècles de l'Antiquité et le haut Moyen-Âge.
L'Épire du nord (Albanie) et la Macédoine du nord (République de Madécoine) en sont exclues. L'Ionie (Smyrne, Milet... et la côte occidentale de l'actuelle Turquie) ont quant à elles perdu leurs populations grecques, de même que la «Grande Grèce» (Syracuse, Tarente, la Sicile et le sud de l'Italie) et bien sûr Byzance (aujourd'hui Istamboul).
Renaissance d'une Nation
Le nouvel État est limité au Péloponnèse, à la région d'Athènes et aux îles Cyclades. Pour les habitants de cette petite Grèce, c'en est fini de quatre siècles d'occupation ottomane. Mais de nouvelles difficultés ne tardent pas à surgir...
Le comte Jean Capo d'Istria, l'un des meneurs de la guerre d'indépendance, a été élu président provisoire dès avril 1827.
Diplomate au service du tsar Alexandre 1er, il a déjà participé à un gouvernement républicain dans les îles Ioniennes (ou Heptanèse), après que les Français en eussent été chassés en 1797.
Il tente d'instaurer un gouvernement républicain mais il est assassiné pour des raisons privées.
Aussitôt après, les Occidentaux imposent au nouvel État de renoncer à la République et lui donnent un monarque pur sang, le prince Othon de Bavière (16 ans), second fils du roi Louis 1er de Bavière. Il est proclamé à Nauplie le 8 août 1832.
Dès sa majorité, le nouveau souverain s'entoure d'Allemands et gouverne en monarque absolu, ce qui n'a pas l'heur de plaire à ses sujets. Il tente d'apaiser leur mécontentement en accordant une Constitution en 1844. Cela ne suffit pas et il est en définitive renversé par un coup d'État militaire en octobre 1862.
Les Allemands de l'entourage royal, qui étaient arrivés sans un sou en poche, repartent les mains pleines, laissant derrière eux un État endetté et corrompu. La Grèce ne se relèvera jamais de cette kleptocratie.
L'audace ayant des limites, les Grecs, sous influence anglaise, se donnent un nouveau roi en la personne de Georges 1er (17 ans), deuxième fils du roi du Danemark Christian IX. Il est élu par l'Assemblée nationale le 30 mars 1863 et va s'atteler dès lors à agrandir son royaume. En dépit de son assassinat à Salonique, le 18 mars 1913, sa descendance va se maintenir presque sans interruption sur le trône jusqu'en 1973.
Un an après l'intronisation du roi Othon 1er, la Grèce se donne un drapeau.
Il porte les couleurs de la Bavière, pays d'origine du souverain (le bleu et le blanc), une croix qui évoque la religion officielle du pays (l'orthodoxie chrétienne) et neuf bandes qui rappellent les syllabes de la phrase grecque « éleuthéria i thanatos » (la liberté ou la mort).
Si le Royaume-Uni, la Russie et la France ont imposé au sultan ottoman la création de la Grèce, elles ont donné à celle-ci des frontières si étroites que les Grecs sous tutelle ottomane sont encore trois fois plus nombreux que les Grecs du royaume
Aussi les Grecs du dedans comme du dehors vont-ils consacrer pendant près d'un siècle toute leur énergie à la Grande Idée : réunir les Grecs dans un même État. Il va s'ensuivre plusieurs guerres contre les Turcs et les autres voisins du royaume.
Un siècle après leur soulèvement, profitant de l'effondrement de l'empire ottoman à l'issue de la Grande Guerre, les Grecs tentent, mais en vain, de prendre leur revanche sur l'ancienne puissance coloniale en prenant pied en Anatolie, au cœur même de la Turquie historique.
Le traité de Sèvres, tout à leur avantage, est annihilé par un deuxième traité, le traité de Lausanne, qui réduit à néant une présence grecque trimillénaire sur la rive orientale de la mer Égée.
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