Figure paradoxale de l'histoire mexicaine, Augustin de Iturbide est à la fois un des principaux artisans de l'indépendance du pays et l'auteur, le 18 mai 1822, du premier coup d'État d'une interminable série.
Fugace empereur du Mexique sous le nom d'Augustin Ier, il est détrôné au bout de quelques mois.
Né le 27 septembre 1783 à Valladolid, dans une famille de grands propriétaires terriens, Augustin de Iturbide penche tout naturellement vers le loyalisme à l'égard de l'Espagne. Officier, il réprime dans le sang le soulèvement de septembre 1810, provoqué par l'appel aux armes du curé Miguel Hidalgo en vue d'arracher l'indépendance du Mexique.
Iturbide gagne ainsi une réputation de fidèle serviteur de la couronne espagnole. Réputation qui ne l'empêche pas de se faire limoger pour malversations et extorsions en 1816.
Iturbide demande en 1821 au vice-roi de lui fournir des troupes pour en finir avec les indépendantistes dont les troupes sont exsangues. On lui accorde 2 500 hommes, mais, au lieu de les lancer dans la bataille, il se concerte avec son principal ennemi, Vincente Guerrero.
Tous deux proclament le « Plan des trois garanties » qui prévoit l'indépendance du Mexique à trois conditions : le maintien d'une monarchie, confiée au roi d'Espagne ou à un prince de sang, celui du catholicisme comme religion d'État et l'égalité raciale.
Le revirement d'Iturbide s'explique par l'inquiétude de ce conservateur à l'égard de la révolution libérale qui se déroule au même moment en Espagne. Le vice-roi tente d'annuler le traité mais Iturbide l'oblige à reconnaître l'indépendance du Mexique.
Iturbide occupe d'abord le poste de président du conseil des régents et un Congrès est chargé de rédiger une nouvelle Constitution. Toutefois, l'illusion ne dure pas. Dans la nuit du 18 mai 1822, des groupes militaires réunis à Mexico proclament le régent empereur. Iturbide devient Augustin Ier.
Le lendemain, le Congrès ratifie ce qu'il présente comme le choix du peuple. Iturbide est couronné lors d'une pompeuse cérémonie et la monarchie déclarée héréditaire.
L'empereur fraîchement émoulu s'aliène vite le Congrès, composé essentiellement de civils. Il lui refuse en effet tout pouvoir et préfère gouverner en s'entourant d'une junte de militaires. Son cléricalisme exacerbé et sa mauvaise gestion financière conduisent au soulèvement républicain du général Antonio Lopez de Santa Anna, qui le renverse en mars 1823, après seulement dix mois de pouvoir.
Contraint d'abdiquer, Iturbide se réfugie à Livourne, puis à Londres. Il ne s'avoue toutefois pas vaincu et revient secrètement au Mexique en 1824 pour remonter sur le trône, mais il est arrêté dès son retour et fusillé à Padilla.
Le Mexique adopte en 1824 une constitution républicaine, sur la base d'un système fédéral et de la séparation des pouvoirs. Malgré cela, l'ère des coups d'État, inaugurée par celui d'Iturbide, ne fait que commencer. Le pays entre dans une instabilité chronique qui ne prendra fin qu'en 1867, lorsque le président Benito Juarez réussira à rétablir un gouvernement stable. Auparavant, pendant 45 ans, une cinquantaine de gouvernements se seront succédés, presque tous par le biais de coups d'État militaires.
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mao-c-tou (16-05-2006 08:19:03)
C'est surtout un fait historique qui a fait que les USA sont ce qu'ils sont maintenant, on aime ou on aime pas, moi j'aime.