Le 17 mai 1814, à Eidsvoll, en Norvège, une Assemblée de notables proclame l'indépendance du pays, précédemment uni au Danemark, et vote une Constitution sur le modèle des Constitutions américaine et française. Elle institue une Assemblée législative, le Storting, et donne la couronne à l'ancien vice-roi danois, le prince Christian-Frédéric.
Malgré la brièveté de cette première émancipation, avant celle de 1905, qui sera définitive, les Norvégiens ont fait de ce jour leur fête nationale.
L'émancipation de la Norvège, après quatre siècles d'appartenance au royaume du Danemark, est une conséquence des guerres napoléoniennes.
Unions maritales
Étiré entre l'océan et les montagnes, la Norvège («chemin du Nord» en vieux norrois, l'ancienne langue des habitants) a été longtemps constituée de petits royaumes rivaux dont la division était favorisée par les difficultés de communication d'une vallée glaciaire (fjord) à l'autre.
C'est seulement en 1247 que se fit l'unité du pays avec le sacre du roi Haakon IV par un légat du pape. Mais l'autorité du roi allait très vite décliner du fait de l'arrivée en force des marchands allemands de la Ligue hanséatique. Ceux-ci allaient créer sur la côte des comptoirs plus ou moins indépendants, comme Bergen.
Le roi Haakon V n'ayant qu'une fille et celle-ci ayant épousé un prince suédois, sa couronne allait revenir à sa mort, en 1319, à son petit-fils, Magnus VII Ericsson. Celui-ci devint à la fois roi de Norvège et de Suède.
Le fils de ce dernier ayant épousé une princesse danoise... la Norvège se trouva bientôt unie au Danemark. Et après quelques successions troublées, les trois royaumes scandinaves s'unirent sous un même souverain, Éric de Poméranie, le 20 juillet 1397 par l'Union de Kalmar. Cette union dynastique dura plus d'un siècle avant que la Suède ne s'en détache à l'initiative du Suédois Gustave Vasa en 1523.
La Norvège resta pour sa part unie au Danemark jusqu'à l'époque napoléonienne, les deux pays se ralliant très tôt à la religion luthérienne.
De l'autonomie à l'indépendance
En 1807, les Britanniques ayant attaqué la flotte danoise à Copenhague, le prince-régent Frédéric renonça à sa neutralité et s'engagea dans la guerre franco-anglaise aux côtés de Napoléon 1er.
Il en résulta une grande misère pour la Norvège, isolée du Danemark et du reste de l'Europe par le blocus anglais. Dans le dénuement partagé, bourgeois et paysans commencèrent alors à songer à l'indépendance.
Mais les Norvégiens eurent l'amertume de voir les Suédois et les Danois se mettre d'accord sur leur dos en convenant par le traité de Kiel du 14 janvier 1814 que leur pays reviendrait désormais à la Suède ! Cette menace précipita les événements. Le vice-roi Christian-Frédéric se hâta de réunir l'Assemblée d'Eidsvoll afin que soit proclamée l'indépendance de la Norvège.
L'héritier de la couronne de Suède, le maréchal de France Jean Bernadotte, futur Charles XIV, s'empresse alors d'envahir le présomptueux pays.
Par un compromis pacifique dont les Scandinaves ont le secret, le Storting accepte l'abdication du roi Christian-Frédéric et son remplacement par le roi de Suède Charles XIII. Ce dernier est proclamé roi de Norvège le 4 novembre 1814 et l’acte d’Union est officiellement adopté l’année suivante. Il laisse à la Norvège une très large autonomie, reconnaît la Constitution d'Eidsvoll et réserve seulement les Affaires étrangères à la Suède.
Unis sous un même sceptre, les deux royaumes disposent chacun d'un Parlement, d'un gouvernement et d'un système de lois. L'union personnelle des deux royaumes va durer jusqu'en 1905. Les Norvégiens la rejetteront par le plébiscite du 13 août 1905 et se donneront alors un nouveau roi, le 25 novembre 1905, sous le nom de Haakon VII.
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