24 juin 1812

La campagne de Russie, du Niemen à la Moskova

Le 24 juin 1812, Napoléon Ier franchit le Niemen avec ses troupes. Il envahit la Russie sans déclaration de guerre préalable (comme Hitler 129 ans plus tard à deux jours près !).

Cette campagne de Russie, que les Russes préfèrent qualifier de « Grande guerre patriotique », sera fatale à l'Empereur des Français. Elle sera aussi l'acte de naissance du nationalisme russe.

La Russie, dévoreuse de la Grande Armée

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Napoléon et la campagne de Russie (Alain Houot)
Quand il franchit le Niemen avec la Grande Armée, Napoléon Ier cherche comme à son habitude le choc frontal avec l'armée ennemie. Mais, tirant parti de l'espace russe, les Russes se dérobent aux attaques et insidieusement, d'étape en étape, entraînent la Grande Armée vers l'Est...

Un ennemi insaisissable

Après le traité de Tilsit, conclu cinq ans plus tôt, l'Empereur des Français a été décontenancé par le tsar Alexandre Ier qui a feint d'être son allié mais a continué d'accueillir dans ses ports des navires britanniques et, après le congrès d'Erfurt, n'a rien fait pour empêcher l'Autriche de reprendre les armes. 

Le prince Mikhaïl Barclay de Tolly (George Dawe, 1829, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg) Il croit pouvoir le ramener à la raison au terme d'une campagne militaire (une de plus) avec une armée plus nombreuse qu'aucune autre : la Grande Armée compte en effet pas moins de 700.000 hommes à son entrée en Russie, en juin, dont 300.000 Français.

Fort de cet avantage numérique, Napoléon Ier cherche  comme à son habitude le choc frontal avec l'ennemi. Mais il se montre très vite désemparé par la tactique russe.

Sous le commandement du prince Mikhaïl Barclay de Tolly et du général Bagration, les deux armées ennemies, environ 200.000 soldats au total, se dérobent au combat tout en se repliant vers l'Est et en brûlant sur leur passage les récoltes et les entrepôts de vivres.

Napoléon ne résiste pas à la tentation de les poursuivre. C'est seulement en prenant Vilnius, en Lituanie, le 28 juin, qu'il prend conscience de la tactique ennemie : entraîner la Grande Armée dans les profondeurs du pays pour l'épuiser. Il n'en poursuit pas moins son chemin vers Vitebsk puis Smolensk.

Cette tactique de la terre brûlée a été préconisée par Clausewitz, officier prussien entré au service du tsar, et appliquée par Barclay de Tolly, un officier d'origine écossaise.

Coûteuse en vies humaines, elle suscite des récriminations dans l'état-major russe qui obtient le 17 août 1812 le limogeage de Barclay de Tolly et son remplacement par le vieux maréchal Koutouzov (67 ans).

L?armée de Napoléon traversant le Niémen.

Erreurs tactiques des deux côtés

Ignorant des réalités climatiques et géographiques, Napoléon commet erreur sur erreur.

Au lieu de se diriger vers la capitale Saint-Pétersbourg, il se laisse entraîner vers l'ancienne métropole, Moscou, à plusieurs centaines de kilomètres. Le climat continental, caniculaire, épuise les soldats et ceux-ci souffrent de la dysenterie et du manque de ravitaillement.

Mais le 7 septembre 1812, contre toute attente, sur les bords de la Moskova, près du village de Borodino, Koutouzov, le nouveau généralissime russe, offre enfin à Napoléon l'affrontement tant attendu...

Bibliographie

Au milieu de l'abondante bibliographie napoléonienne, nous recommandons le livre très accessible et complet de Marie-Pierre Rey : L'effroyable tragédie, Une nouvelle histoire de la campagne de Russie (Flammarion, 2012). Bien sûr, on peut dévorer aussi le grand roman de Léon Tolstoï, Guerre et Paix (1869), chef d'oeuvre de la littérature russe.

Publié ou mis à jour le : 2022-06-20 18:16:29
B. de Bien (21-06-2012 16:21:20)

Cet article est bien intéressant ainsi que les commentaires qui en sont issus.

Arranov (20-06-2012 21:42:44)

Je ne partage pas vraiment l'avis de Pierre André sur Napoléon, dans la mesure où je considère que la plupart des guerres lui ont été imposées. Il ne faut pas oublier qu'aux yeux de l'Europe et de l'Angleterre, encore sous régimes royalistes, Napoléon est l'héritier direct de la Révolution et de ceux qui ont décapité Louis XVI et Marie Antoinette. Il est l'héritier des idées républicaines qui risquent de faire école dans le reste de l'Europe. Par conséquent, les rois et empereurs qui l'entourent n'ont d'autre solutions que d'essayer de l'éliminer pour se préserver eux-mêmes et restaurer la royauté en France.
N'oublions pas qu'avant même que Bonaparte ne commence à faire parler de lui au siège de Toulon, la Révolution avait déjà une guerre sur les bras contre les rois et empereurs voisins. Souvenons nous de Valmy, par exemple.

Philippe Lamy (20-06-2012 16:13:57)

Je partage aussi le point de vue de Pierre-André.

Volpi Rémy (19-06-2012 23:02:02)

Bonaparte s'était illustré en Italie en innovant: la riche plaine du Pô lui permettait de s'affranchir des pesantes contraintes de l'intendance de bouche. Il a alors joué la carte de la rapidité pour surprendre son adversaire.
En Russie, Napoléon a cru pouvoir utiliser la méthode inaugurée en Italie par Bonaparte. Comme le souligne à juste titre cet excellent article, il s'y est piteusement cassé les dents. "Pour la première fois, nous dit Victor Hugo, l'Aigle baissait la tête". Le coût humain a été effroyable. Pas plus de gloire dans cette affaire que pour les Nazis laissant Varsovie fumante.

piesti (19-06-2012 16:27:32)

Je ne peux que partager le point de vue de Pierre-André.

Pierre-André (19-06-2012 12:57:16)

Je viens de lire aujourd'hui votre récit sur la première partie de la monstrueuse campagne napoléonienne en Russie.
Je dis monstrueuse, c'est bien sûr ce que j'en pense, l'une des pires des entreprises de Napoléon parmi tant d'autres de ce règne maudit. Votre récit est bref et bien fait mais j'y sens, masqué entre les lignes, un tout petit reste de ce culte, persistant dans les élites françaises, pour un homme qui est une honte dans l'histoire de notre pays, mais cependant j'apprécie le parallèle que vous faites avec l'invasion de la Russie par Hitler (n'oubliez pas celle de la Pologne avec la complicité de Staline quelques mois auparavant!).
Ne croyez-vous pas qu'il serait temps, notamment de votre part en tant qu'organisation vulgarisatrice plus qu'estimable, d'éclairer efficacement nos esprits à ce sujet. A propos de cette Campagne de Russie et de l'aspect militaire de l'épopée impériale, je ressens toujours un malaise quand à Paris je passe dans l'une de ces nombreuses artères portant les noms de ces généraux d'Empire qui ont mis l'Europe à feu et à sang, le pire étant l'«Avenue de la Grande Armée», qui porte encore ce nom 200 ans après: les bras m'en tombent. Même les Russes ont débaptisé Stalingrad, et aucune trace, même voilée, de nostalgie hitlérienne officielle en Allemagne.
Il se trouve que je viens de lire sur ladite «Campagne de Russie» l'excellent livre de Marie-Pierre Rey «L'Effroyable tragédie» (Flammarion), il me semble que vous devriez citer cet ouvrage en exemple car il traite cette épouvantable «ingérence» de façon admirablement documentée, et objective, notamment dans sa dimension humaine, et en l'ocurrence inhumaine bien sûr.

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