Le 2 décembre 1804 Napoléon Bonaparte est sacré empereur des Français à Notre-Dame de Paris, en présence du pape Pie VII. À peine âgé de 35 ans, il reconstitue à son profit l'Empire de Charlemagne !
Beaucoup de Français se plient à ce surprenant archaïsme. Ils y voient le moyen d'empêcher à tout jamais le retour de l'ancienne dynastie des Capétiens.
Parmi ces Français qui craignent la restauration de l'Ancien Régime figurent les anciens députés de la Convention qui ont condamné à mort le roi Louis XVI et tous ceux qui ont acheté des biens nationaux ou se sont enrichis pendant la Révolution.
Le 25 mars 1802, à Amiens, l'Angleterre et la France ont signé un traité de paix qui met un point final à la deuxième coalition européenne contre la France.
Napoléon Bonaparte, qui gouverne la France en dictateur avec le titre de Premier Consul, profite de la paix retrouvée pour affermir son pouvoir à l'intérieur comme à l'extérieur.
La bourgeoisie, qu'inquiète la menace d'une restauration royaliste, lui adresse des pétitions en vue d'instaurer l'hérédité dans sa famille comme garantie contre le retour des Bourbons. C'est ainsi que, par le sénatus-consulte du 28 floréal An XII (18 mai 1804), le Sénat déclare confier le gouvernement de la République « à un empereur, qui prend le titre d'Empereur des Français. »
Le pape réquisitionné
Génie de la propagande et de la mise en scène, le nouvel empereur ne se contente pas d'une ratification de son titre par le peuple. Il veut une onction religieuse pour s'aligner sur les autres empereurs du moment.
Foin d'un quelconque archevêque ! Napoléon exige rien moins qu'un sacre par le pape lui-même comme Charlemagne un millénaire plus tôt. Pie VII (64 ans) se prête à la mascarade avec l'espoir d'obtenir un arrangement sur le Concordat. Mais en dépit de toutes les couleuvres avalées, il repartira bredouille, sans avoir rien obtenu de Napoléon...
Le sacre
La cérémonie du sacre est ordonnancée par le peintre Jacques-Louis David (55 ans), adepte du néo-classicisme et du retour au style antique. La cathédrale est comble. Parmi les assistants du premier rang figurent beaucoup d'anciens révolutionnaires qui n'ont jamais caché leur athéisme militant. Certains, comme Fouché, le ministre de la Police générale, se sont signalés pendant la Terreur dans des massacres ignobles d'ecclésiastiques et de religieux.
La cérémonie est quelque peu brouillonne et totalement dénuée de spiritualité et de recueillement. Elle s'éternise pendant trois longues heures dans le froid vif de décembre. Pïe VII donne l'onction à Napoléon et Joséphine. Après la messe, il bénit les emblèmes impériaux : anneau, épée et manteau.
Le peuple et l'armée considèrent le sacre sans enthousiasme ou avec ironie. À part Londres, en guerre contre la France, toutes les capitales européennes reconnaissent à contrecoeur le titre impérial de Napoléon, y compris Saint-Pétersbourg (Russie) qui a pris le deuil après l'exécution du duc d'Enghien.
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