Le 3 mai 1803, le Premier Consul Napoléon Bonaparte cède la Louisiane aux États-Unis d'Amérique pour 80 millions de francs (15 millions de dollars, soit 8 cents l'hectare). Ce territoire, qui occupe à peu près tout le bassin du Mississippi, est alors plus vaste que les États-Unis et à peine peuplé de 50 000 habitants (colons européens et esclaves africains), non compris les Amérindiens. .
En 1763, par le désastreux traité de Paris qui a clos la guerre de Sept Ans, la France a rétrocédé la rive orientale du Mississippi (jusqu'aux Montagnes Rocheuses) à l'Espagne, son alliée malheureuse dans la guerre. D'autre part, l'Angleterre a reçu les territoires situés sur l'autre rive du fleuve. Vingt ans plus tard, après l'indépendance des Treize Colonies anglaises, l'Espagne, en perte de vitesse, concède aux jeunes États-Unis d'Amérique le droit d'utiliser le fleuve Mississippi ainsi que le port de La Nouvelle-Orléans...
Rêve colonial
Arrive Napoléon Bonaparte. Le Premier Consul rêve de reconstituer un vaste empire colonial français en Amérique.
II récupère la rive occidentale du Mississippi par un traité secret signé avec le roi d'Espagne Charles IV à San Ildefonso, le 1er octobre 1800. La rétrocession devient effective en 1802. Au même moment, la France signe avec l'Angleterre un traité de paix à Amiens.
Le Premier Consul a les mains libres pour réaliser son rêve colonial. Pendant l'été 1802, un corps expéditionnaire se prépare à embarquer à Dunkerque sous la conduite du général Victor en vue de restaurer l'autorité de la France à la Nouvelle Orléans. Cette entreprise n'est pas du goût des Américains.
Le président Thomas Jefferson s'inquiète du retour de la France sur le Mississippi. Il écrit en avril 1802 à son ambassadeur à Paris, Robert Livingston : « La cession de la Louisiane par l'Espagne à la France est un coup douloureux pour les États-Unis (...). Du moment où la France prend possession de La Nouvelle-Orléans, nous devons nous marier à la flotte et à la nation britanniques ». En janvier 1803, le président envoie donc à Paris un plénipotentiaire, James Monroe, en vue de négocier au plus vite un arrangement concernant la Nouvelle-Orléans.
Le prix du fiasco haïtien
Entre temps, Bonaparte a envoyé une puissante flotte à Haïti en vue de restaurer dans cette île à sucre la souveraineté française... et l'esclavage. L'opération tourne au désastre.
En mars 1803, Bonaparte apprend la mort de dizaines de milliers de soldats et du général Leclerc, son beau-frère. Adieu, veaux, vaches, couvées...
Le Premier Consul voit par ailleurs se profiler la perspective d'une nouvelle guerre contre l'Angleterre et quelques autres pays d'Europe. Dans cette optique, il a besoin de la neutralité américaine et d'argent. Il ne veut pas non plus prendre le risque que l'Angleterre mette la main sur la Louisiane.
Il annule donc l'expédition du général Victor et confie au marquis François Barbé-Marbois le soin de négocier la vente pure et simple de toute la Louisiane aux États-Unis.
C'est plus que n'osaient l'espérer les négociateurs américains. Sans perdre de temps et sans en référer à leur président, ils acceptent le « Louisiana Purchase » pour 15 millions de dollars, soit une fois et demi le budget annuel de l'État fédéral (dix millions de dollars), ce qui n'est pas rien !
Pour financer la transaction, les États-Unis sont contraints de s'endetter mais ne le regrettent pas !
Ils doublent leur superficie et de surcroît prennent en tenaille la colonie espagnole des Florides que Madrid se résignera à leur vendre à son tour en 1819.
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