1er avril 1803

Le Premier Consul encadre les prénoms

Par la loi du 11 Germinal An XI (1er avril 1803), le Premier Consul Napoléon Bonaparte en finit avec la fantaisie qui avait cours dans l'attribution des prénoms aux nouveaux-nés. L'article 1er énonce : « À compter de la publication de la présente loi, les noms en usage dans les différents calendriers, et ceux des personnages connus de l'histoire ancienne, pourront seuls être reçus, comme prénoms sur les registres de l'état civil destinés à constater la naissance des enfants ; et il est interdit aux officiels publics d'en admettre aucun autre dans leurs actes ».

Histoire de prénoms et de noms

Jusqu'à l'An Mil et au-delà, les Européens s'en tenaient à un nom unique, reçu au baptême. Puis au XIIe siècle sont apparus les patronymes transmis de génération en génération, évocateurs du métier (Lefebvre), du lieu de résidence (Dupont) ou du physique (Lebrun). Ils sont venus compléter le nom de baptême ou prénom (les Anglais continuent de qualifier celui-ci de first name, « premier nom », et emploient le mot surname, « surnom », pour le patronyme).

Au Moyen Âge, les prénoms étaient empruntés de façon assez libre à l'Ancien et au Nouveau Testament ainsi qu'à des saints locaux plus ou moins imaginaires. Sous la Révolution sont apparus aussi les prénoms « patriotes », empruntés à l'Antiquité ou au vocabulaire révolutionnaire.

Antoine-Jean Gros, Portrait de Napoléon Bonaparte, Premier Consul, 1803Soucieux d'ordre, Bonaparte a mis le holà à cette exubérance. Il s'en est suivi un retour aux prénoms traditionnels, avec une très forte prévalence de Jean et Marie (un cinquième des baptisés !).

Il faudra attendre la loi du 8 janvier 1993 pour que liberté soit rendue aux parents dans le choix des prénoms de leurs enfants, même si les officiers d'état-civil gardent le droit de faire obstacle à des fantaisies malvenues, droit dont ils se prévalent très rarement. Il s'ensuit que la palette des prénoms, après une remarquable stabilité autour de 2 000 prénoms jusqu'en 1945, s'est diversifiée jusqu'à atteindre plus de douze mille prénoms différents chaque année en 2012, non compris les prénoms « rares » à moins de trois occurrences par an (Jérôme Fourquet, L'Archipel français, Seuil, 2019).

Le 4 mars 2002, enfin, la loi Gouzes relative aux noms de famille modifie les règles relatives à la transmission du nom. Celui-ci était légalement qualifié de « patronyme » par le fait que depuis son origine, au XIIe siècle, il était transmis par le père à ses enfants.

En vertu de la loi, il est désormais plus simplement appelé « nom de famille ». Par ailleurs, les parents se voient autorisés à donner à leurs enfants soit le nom de l'un ou de l'autre, soit les deux noms séparés par un tiret. La loi prévoit aussi l'obligation pour les enfants, à la deuxième génération, de ne choisir que l'un ou l'autre de leur nom, s'ils veulent l'associer à celui de leur conjoint.

Vingt ans plus tard, en 2022, le Parlement s'est saisi d'un projet de loi en vue de simplifier les procédures de changement de nom, celles-ci devenant automatiques sans que les demandeurs aient à motiver leur requête.     

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2022-05-08 14:55:54
jarrige (12-04-2023 10:37:07)

Ça promet bien du plaisir !

jarrige (12-04-2023 10:32:00)

1er paragraphe: "officiel public" ? Ne dit-on pas officier public.

Herodote.net répond :
Le texte que nous avons consulté indique bien "officiels"...

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