Le 26 septembre 1799, les Français du général Masséna remportent une victoire décisive sur les forces austro-russes à Zurich... ou plus précisément à Dietikon, une localité voisine.
Le Directoire avait pu mettre fin à la première coalition européenne contre la République française grâce aux victoires du général Bonaparte et à la signature avec l'Autriche du traité de Campoformio, le 18 octobre 1797. Mais la Grande-Bretagne, dirigée de main ferme par le Premier ministre William Pitt et son ministre des Affaires étrangères Grenville, ne s'était jamais résignée à faire la paix. Bonaparte eut l'idée quelque peu saugrenue de l'attaquer sur son flanc en débarquant en Égypte.
Mais pendant qu'il s'épuisait entre le Nil et l'Oronte, Londres prit prétexte de troubles à Rome, sous occupation française, pour nouer une nouvelle coalition en décembre 1798 avec l’Autriche, avide de revanche, mais aussi la Russie, l’empire ottoman et le double royaume de Sicile et de Naples. Seules se tinrent à l'écart l'Espagne et la Prusse. Les jeunes États-Unis eux-mêmes furent très partagés sur l'opportunité d'intervenir contre leur ancienne alliée. La faute aux maladresses du Directoire (politique expansioniste et antireligieuse, appui déclaré aux mouvements révolutionnaires).
Mais les Français vont réagir avec vigueur.
Sur le front du Nord, l'armée de Hollande est placée sous le commandement du général Brune, qui vient de conquérir la Suisse. Elle a mission de repousser le corps expéditionnaire anglo-autrichien qui vient de débarquer en République Batave (la Hollande) sous les ordres du duc d'York. Les alliés ont l'avantage numérique mais ils manquent de détermination. Contre ces forces désunies, Brune prend l'initiative et remporte les victoires de Bergen (17 septembre) et Castricum (6 octobre).
Selon le jugement de Napoléon, « Brune fut à juste titre proclamé le sauveur de la République Batave. Les Romains lui eussent décerné les honneurs du triomphe. En sauvant la Hollande, il a sauvé la France de l'invasion ».
En Italie, les armées françaises conduites par Bonaparte ont créé des « républiques-soeurs », les Républiques ligure et cisalpine puis les Républiques romaine et parthénopéenne. Mais les « jacobini » qui tiennent ces républiques ne tardent pas à perdre l'initiative. L'armée française du général Championnet doit en juin 1799 refluer vers les Alpes.
Le général russe Souvarov et ses cosaques, aventurés pour la première fois en Europe occidentale, profitent de cette débandade pour pulvériser en Italie du Nord les armées de Moreau, Macdonald et Joubert au cours d'une campagne irrésistible pendant l'été 1799. Fin août, Souvarov n'attend plus qu'un ordre pour passer les Alpes et déboucher en Provence sur les talons de Suchet. L'invasion de la France est imminente.
Le sort de la Révolution française va se jouer en Suisse où les Français tentent tant bien que mal de maintenir la République Helvétique instituée un an plus tôt, le 22 mars 1798.
Durant l'été 1799, le général Masséna dispose ses forces (75 000 hommes) de Bâle au col du Saint-Gothard. Il charge le général Lecourbe de tenir les cols des Alpes contre les Autrichiens. En face de lui, en Thurgovie et Glaris, l'armée de l'archiduc Charles se renforce d'un contingent russe commandé par Korsakov. Le général autrichien Hotze tient la Linth au Sud.
Début septembre, l'archiduc Charles reçoit l'ordre de marcher sur le Rhin inférieur pour secourir l'armée du duc d'York.
Dans le même temps, le Conseil aulique - ainsi appelle-t-on l'état-major autrichien de Vienne - ordonne à Souvarov de remonter du Piémont italien vers le Tessin et de renoncer provisoirement à l'invasion de la France. Ses raisons demeurent obscures - soit ineptie, soit pression des Anglo-Autrichiens pour secourir leurs forces en difficulté en Hollande, soit encore manoeuvre visant à empêcher que le tsar puisse obtenir en cas de succès une influence indésirable dans les affaires d'Europe occidentale.
Tandis que l'archiduc Charles prend la route du Rhin, Souvarov emprunte le col du Saint-Gothard (2108 m) pour rejoindre ses partenaires près du lac de Zurich. Mais Lecourbe l'attend de pied ferme, rendant sa progression difficile.
Masséna et ses généraux profitent du retrait de l'archiduc Charles qui enlève aux alliés 20 000 hommes soit le quart de leurs effectifs.
Le 25 septembre, le général Oudinot franchit la Limmat près d'un cloître de religieuses, à Würenlos. Appuyé par le général Mortier sur la rive gauche, il culbute l'armée du général Korsakov près du village de Dietikon, dans les environs de Zurich.
Pendant ce temps, le général Soult bouscule les positions de Hotze. Ce dernier meurt sur le champ de bataille.
« Souvorof, qui croyait déboucher en Suisse dans le flanc d'un ennemi attaqué de tous côtés, allait trouver au contraire tous ses lieutenants dispersés et s'engager au milieu d'une armée victorieuse de toutes parts » (Adolphe Thiers).
L'armée française d'Helvétie, du Danube et du Rhin met ainsi 30 000 ennemis hors de combat et en perd seulement quelques milliers. La République helvétique est sauvée même si l'agitation y reste endémique. Le tsar Paul Ier se retire de la coalition et menace de renverser son alliance.
Avec la victoire de Zurich (ou Dietikon), la France échappe une nouvelle fois à l'invasion. Le gouvernement du Directoire, à bout de souffle, est sauvé. Mais à Paris se développe une vive agitation politique et les royalistes croient enfin venue l'heure d'une restauration de la monarchie.
Deux semaines plus tard, le 8 octobre, le général Bonaparte débarque à Fréjus à bord de la frégate Junon en vue d'un coup d'État destiné à « sauver » ce qui reste de la Révolution.
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