Le 15 avril 1798, quelques semaines après la création d'une République suisse unitaire, à l'image de la République française, les troupes françaises occupent la république indépendante de Genève, mettant fin à une indépendance devenue illusoire depuis une première intervention française six ans plus tôt.
Comme lors de l'occupation de la Suisse, quelques mois plus tôt, elles agissent sur ordre du gouvernement du Directoire, poussé par la logique stratégique, les suppliques de certains agitateurs et l'attrait des richesses disponibles.
L'annexion de Genève et sa transformation en chef-lieu du département du Léman sont l'aboutissement d'un long processus de rapprochement et de séduction.
La République de Genève s'est constituée au XVIe siècle en marge de la Confédération helvétique mais en s'appuyant à l'occasion sur elle pour résister aux velléités annexionnistes de la Savoie et de la France.
Au cours du XVIIIe siècle, la ville s'enrichit considérablement. Quelques grandes familles patriciennes forment le groupe des « citoyens ». Ce groupe d'environ 1000 à 1500 personnes tient le haut du pavé sur le modèle de Versailles. Il est pour cela qualifié de façon abusive d'« aristocratie ». Il se recrute par cooptation parmi les « bourgeois » et domine le gouvernement de la cité. C'est lui qui participe au Conseil général, principale des assemblées dirigeantes.
Les « bourgeois » - parfois qualifiés de représentants - sont des entrepreneurs et des commerçants qui ont pu accéder à cette qualité en achetant des « lettres de bourgeoisie ». Le montant de celles-ci varie selon la richesse de la ville et ses besoins (entretien des fortifications). Il est de 500 florins vers 1650 et de 4000 vers 1700. Les bourgeois, qui constituent environ un tiers de la population de la cité, prétendent à une influence en rapport avec leur contribution économique. Ils sont tout au long du XVIIIe siècle en conflit avec l'«aristocratie» pour le gouvernement de la cité.
Les classes inférieures n'ont aucun droit politique. Elles rassemblent les « habitants » - des étrangers qui ont obtenu le droit d'habiter dans la cité -, les « natifs » - enfants des précédents - et les simples « sujets » - étrangers et résidents sans droits particuliers.
Ces classes inférieures, tout au long du XVIIIe siècle, se démènent pour obtenir, à défaut de droits politiques, l'accès à un plus large éventail de professions. Elles ont des sentiments réservés vis-à-vis de la France, alors que le patriciat en est proche par les sentiments, le mode de vie, le service étranger et les liens bancaires fort étroits.
En janvier 1789, l'émeute gronde en ville, et le gouvernement fait quelques concessions politiques aux représentants bourgeois. Les événements révolutionnaires survenus à Paris au printemps de la même année trouvent un écho considérable dans la république dont il est à noter que beaucoup d'habitants descendent de huguenots français.
En septembre 1792, après avoir annexé la Savoie pour en faire le département du Mont-Blanc, l'assemblée de la Convention confie au général de Montesquiou la mission de s'assurer de la place de Genève, qui contrôle l'accès du plateau suisse.
Montesquiou se contente d'abord de garanties de neutralité dans le souci de ménager les susceptibilités confédérées. Puis, en décembre 1792, Genève adopte les formes d'une république-soeur. Elle s'assure ainsi la sympathie du gouvernement parisien tout en préservant son indépendance pour quelques années.
Dans le même temps, le 17 décembre 1792, est proclamée à Porrentruy une éphémère République Rauracienne. Dès le 23 mars 1793, celle-ci sera annexée par la France et formera le département du Mont-Terrible avec la ville de Montbéliard.
En 1814, à la chute de Napoléon 1er, seule Genève recouvrera sa liberté. Elle s'intègrera à la Confédération helvétique.
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible