27 juillet 1794

Arrestation de Robespierre

Le 27 juillet 1794 prend brutalement fin la dictature de Maximilien de Robespierre et son pouvoir sans partage sur la France révolutionnaire.

Fabienne Manière

Une arrestation turbulente

La veille, le 8 thermidor An II du calendrier révolutionnaire, à midi, l'Incorruptible est monté à la tribune de la Convention et a tenu un discours lourd de menaces dénonçant une « ligue de fripons » mais sans donner de noms. Évoquant le succès des armées de la République qui, partout, repoussent l'envahisseur, il lance avec la grandiloquence coutumière de l'époque : « la victoire n'a fait que creuser de ses mains brillantes le tombeau de la République », montrant par là sa crainte que l'éloignement des périls n'entraîne un relâchement de la vigilance républicaine, autrement dit de la Terreur ! Il conclut ses deux heures de discours par ces mots menaçants : « J'ai promis de laisser un testament redoutable aux oppresseurs du peuple ; je leur lègue la vérité, et la mort ».

Les députés s'inquiètent car la loi de Prairial (10 juin 1794) permet au tout-puissant Comité de salut public et à son président de faire arrêter et exécuter le moindre suspect. Tous ceux qui ont quelque motif de craindre Robespierre prennent peur et se dévoilent. Parmi eux Collot d'Herbois, qui proteste contre la « dictature de la vertu », Billaud-Varenne, Barras et Fréron qui se sont impunément enrichis à Marseille, Fouché qui a aussi profité de son autorité à Lyon pour s'enrichir, Carrier qui s'est rendu coupable de massacres abjects à Nantes. Comme Carrier ou encore Fouché, plusieurs commissaires de la République ont outrepassé les objectifs de la Terreur, laquelle visait, comme son nom l'indique, a terrorisé les opposants par quelques exécutions ciblées, non à massacrer indistinctement des foules...

En ce 9 thermidor An II (27 juillet 1794), à midi, Saint-Just, ami de Robespierre et membre du Comité de salut public, s'apprête à dénoncer les suspects à la tribune mais on lui coupe la parole. Robespierre lui-même est houspillé et empêché de monter à la tribune. On le montre du doigt aux cris de : « À bas le tyran ! » 

Dans un sursaut de courage, un député, Cambon, lance à la tribune une mise en accusation de Robespierre. Un obscur député du nom de Louchet demande et obtient finalement son arrestation ainsi que celles de son frère, de Saint-Just, Lebas et Couthon.

S'ensuit une grande confusion. Les prisonniers sont transférés à l'Hôtel de ville et se retrouvent sous la protection des sans-culottes, autrement dit des sectionnaires de la garde nationale, fervents partisans de la Révolution.

Tandis que sonne le tocsin, les sectionnaires hésitent sur la conduite à tenir. À ses partisans qui lui suggèrent de reprendre le pouvoir, Robespierre répond : « Au nom de qui ? » Car, en bon avocat, il ne saurait violer la légalité républicaine... Pendant ce temps, le député Paul Barras rassemble des troupes et entre dans l'Hôtel de ville.

C'est la fin. Le chef montagnard est blessé à la mâchoire par un coup de pistolet. En piteux état, il est guillotiné le lendemain, le 10 thermidor An II (28 juillet 1794) avec Saint-Just, Couthon et Robespierre jeune, son frère, ainsi qu'une vingtaine d'autres partisans. Le jour suivant, quelque 80 robespierristes de plus montent à l'échafaud.

Marquée par la Terreur et stigmatisée par ceux-là qui y ont participé avec le plus d'outrances (Carrier, Fouché, Tallien, Barras...), la dictature jacobine n'aura duré qu'un peu plus d'un an dans le cadre d'une Révolution française globalement modérée et libérale, mais en dépit de sa brièveté, elle hantera à jamais la mémoire des révolutionnaires et de leurs opposants.

Relâchement des mœurs

Commence la Convention thermidorienne, en référence aux députés qui abattirent la dictature de Robespierre.

Les vainqueurs, surnommés les « Thermidoriens », libèrent les suspects et mettent fin à la Terreur. C'est le soulagement dans tout le pays. Mais il est de courte durée. Les nouveaux dirigeants sont d'anciens régicides qui ont pris part à la Terreur et n'ont abattu Robespierre que pour éviter d'être eux-mêmes abattus. Ils tiennent par-dessus tout à empêcher la restauration de la monarchie qui les priverait de leurs richesses mal acquises, voire de leur liberté ou leur vie. Les bourgeois qui craignaient également d'être guillotinés se relâchent sans retenue. Se qualifiant par dérision d'« incroyables » et de « merveilleuses », ils se pavanent dans des tenues excentriques (et très déshabillées), à l'exemple de la célèbre Madame Tallien.

Les thermidoriens accomplissent par ailleurs une grande œuvre administrative ; cela en dépit d'une situation proprement dramatique : économie ruinée, poussée de la misère, monnaie-papier sans valeur, criminalité à la hausse, absence de rentrées fiscales, administrations démunies de tout.

Enfin, last but not least, ils votent le 5 Fructidor de l'an III (22 août 1795) une nouvelle Constitution, dite Constitution de l'An III. Elle est approuvée par un vote populaire le 20 Fructidor suivant (6 septembre 1795) et sera suivie d'effet le 4 Brumaire de l'An IV (26 octobre 1795) avec l'installation du Directoire en lieu et place du régime précédent. Le préambule de la nouvelle Constitution propose une Déclaration des Droits et des Devoirs de l'Homme et du Citoyen qui plagie de grossière façon la grande Déclaration du 26 août 1789. Mais dans un souci de prévenir le retour à la dictature, la Constitution elle-même introduit le bicamérisme et formule de manière explicite la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. 

Publié ou mis à jour le : 2020-11-20 10:58:41
spanaus (10-03-2009 16:25:18)

Robespierre n'a-t-il pas été éliminé parce que les profiteurs craignaient pour leur sécurité?

Herodote.net répond :
On peut effectivement résumer comme cela sa chute; avec le retour de la paix, les bénéficiaires de la Révolution voulaient souffler un peu et ceux qui s'étaient enrichis voulaient profiter enfin de leur fortune...

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