Le 8 messidor an II (26 juin 1794), les Français remportent une bataille décisive sur les Autrichiens à Fleurus, entre Charleroi et Namur, dans les Pays-Bas autrichiens (Belgique actuelle).
L'année 1793 a été désastreuse pour la Révolution française : soulèvement de la Vendée, occupation de Toulon par les Anglais, défaites militaires....
Sur la frontière du nord, une armée de 80 000 hommes doit à tout prix repousser la menace d'invasion. Elle bénéficie du recrutement des « volontaires de l'an II » (le calendrier révolutionnaire fixe au 21 septembre 1792 le début de l'ère nouvelle). Selon le nouveau principe de l'« amalgame », elle est constituée en demi-brigades, chacune comprenant un bataillon de soldats expérimentés et deux bataillons de volontaires.
Quoi qu'il en paraisse, les « volontaires », recrutés sous la contrainte ou contre rémunération, ne sont pas autant que le dit la légende portés par l'enthousiasme, encore moins par la compétence. Leurs succès doivent beaucoup à la fermeté jacobine. Un jeune et fougueux représentant en mission de 27 ans, Louis-Antoine Saint-Just, stimule les énergies. Il fait fusiller les déserteurs, casse les officiers incapables, traque les tièdes.
En mars 1794, Saint-Just place l'armée de la Moselle sous le commandement de Jean-Baptiste Jourdan qui, après son succès de Wattignies, avait été écarté en raison de son opposition aux choix du Comité de Salut Public.
Après plusieurs tentatives infructueuses face aux Autrichiens du général Kaunitz, les soldats réussissent le 18 juin 1794 à franchir la Sambre au niveau de Charleroi. Après un siège d'une semaine, les Français s'emparent de la ville le 25 juin 1794.
C'est alors que s'approche le feld-maréchal prussien Frédéric de Saxe-Cobourg, à la tête de 70 000 coalisés Prussiens et Autrichiens. Tandis que les Français se déploient sur les hauteurs de Fleurus, au nord de Charleroi, sur 28 kilomètres, Saxe-Cobourg commet l’erreur de les attaquer sur tous les points à la fois.
La première décharge des Autrichiens fait plusieurs milliers de victimes mais ne décourage pas les révolutionnaires. Pendant plusieurs heures, les soldats français reviennent à la charge en colonnes infatigables. Le soir, de lassitude, le prince de Cobourg abandonne le champ de bataille sur lequel il laisse 5 000 morts et blessés. Son armée se retire en bon ordre vers Bruxelles.
Les Français restent maîtres du champ de bataille.
Sur le champ de bataille de Fleurus, le 26 juin 1794, pour la première fois dans l'histoire militaire, les Français ont l'idée d'employer un ballon pour se renseigner sur les mouvements de l'ennemi. Cette innovation survient dix ans après le premier envol d'êtres humains à bord d'une montgolfière.
Le ballon de Fleurus, baptisé L'Entreprenant, a peu à voir avec son prédécesseur. C'est un ballon captif, retenu au sol par un filin, gonflé à l'hydrogène et dénommé « charlière », d'après le nom de son inventeur, le physicien Jacques Charles. Il va, il est vrai, davantage effrayer l'ennemi que renseigner les généraux français.
Les vainqueurs ne s'attardent pas à Fleurus. Ils se lancent sans attendre dans une contre-offensive et entrent à leur tour à Bruxelles puis à Liège. Ils occupent sans coup férir Cologne et enfin Coblence.
L'armée de Jourdan prend le nom de Sambre-et-Meuse en souvenir de sa victoire de Fleurus. La France est sauvée de l'invasion. Lazare Carnot, en charge de la guerre au Comité de Salut public veut profiter de son avantage et refuse une paix prématurée. Celui que l'on appelle « l'organisateur de la victoire » propose de porter les frontières de la France sur le Rhin, sa « frontière naturelle ».
À Paris, les députés de la Convention se rassurent sur leur avenir. Ils jugent inutile le maintien de la Terreur par le Comité de Salut Public. Robespierre, désormais, leur fait horreur. Il tombe six semaines plus tard, le 9 thermidor an II.
Trop confiant, le gouvernement français se laisse gagner par des idées de conquête et annexe la Belgique, ancienne possession autrichienne. Son objectif est désormais de mettre à contribution les pays conquis pour pallier la ruine de l'administration fiscale et la corruption qui vide les caisses de l'État.
La guerre de conquête ne s'achèvera qu'avec la chute de Napoléon 1er, vingt ans plus tard, et un affaiblissement durable de la France.
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