Par le décret du 22 prairial An II (10 juin 1794), l'assemblée de la Convention réduit les procès révolutionnaires à une simple formalité.
Elle supprime toute défense aux personnes déférées devant le Tribunal révolutionnaire et ne laisse aux jurés de ce tribunal que le choix entre l'acquittement et la mort !
Dès lors, Antoine Fouquier-Tinville, l'accusateur public de ce tribunal d'exception créé le 10 mars 1793, va pouvoir donner toute sa mesure.
L'assemblée parisienne a mis « la Terreur à l'ordre du jour » le 5 septembre 1793 mais la répression, les arrestations arbitraires et la peur de la guillotine ne suffisent pas à faire reculer les menaces qui pèsent sur la Révolution et la République. Celles-ci sont tout à la fois menacées par l'opposition royaliste, les catholiques restés fidèles à leur foi et les gouvernements étrangers qui craignent les velléités expansionnistes des armées françaises.
Saint-Just menace dès le 10 octobre 1793 : « Il n'y a point de prospérité à espérer tant que le dernier ennemi de la liberté respirera. Vous avez à punir non seulement les traîtres, mais les indifférents mêmes : vous avez à punir quiconque est passif dans la République et ne fait rien pour elle... »
Devant la Convention, le 5 février 1794, Maximilien de Robespierre, qui préside le Comité de Salut Public, autrement dit le gouvernement du pays, tente de préciser les objectifs politiques de la Terreur : « Si le ressort du gouvernement populaire dans la paix est la vertu, le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la vertu et la terreur : la vertu sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur sans laquelle la vertu est impuissante. La Terreur n'est pas autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible [...] elle est une conséquence du principe général de la démocratie, appliqué aux pressants besoins de la patrie ! »
Il convainc les députés de voter le décret du 22 prairial. C'est le début de la Grande Terreur à Paris comme dans les départements, avec la suppression de toute garantie judiciaire pour les accusés. Au total, la chasse aux suspects par la Convention montagnarde et le Comité de Salut Public vont faire environ 40 000 victimes dans l'ensemble du pays, du 5 septembre 1793 à la chute de Robespierre, le 27 juillet 1794. 17 000 victimes sont guillotinées et les autres tuées de diverses façons.
En province, les représentants en mission répriment les menées anti-révolutionnaires avec plus ou moins de zèle.
À l'opposé de la vertu revendiquée par Robespierre, nombreux sont ceux qui étalent leurs vices et affichent des comportements dissipés. Dans le même temps, ils outrepassent les intentions de Robespierre et pratiquent des massacres inconsidérés, à grande échelle et non sans sadisme. Ainsi Carrier à Nantes, avec les noyades collectives dans la Loire ; Fouché et Collot d'Herbois à Lyon avec les mitraillades dans la plaine des Brotteaux.
Malgré ces excès, la France se reprend à espérer. À l'intérieur, les révoltes sont étouffées, Vendée mise à part. Lyon et Toulon se soumettent et, aux frontières, les armées reprennent vigueur... La victoire de Fleurus écarte le danger d'invasion.
À l'été 1794, la sécurité de la France semble enfin assurée. Beaucoup de députés de la Convention aspirent désormais à profiter tranquillement de leur pouvoir ainsi que de leurs richesses (souvent mal acquises). Ils ont le sentiment que les principaux buts de la Révolution ont été atteints et se réjouissent des perspectives de conquête ouvertes par la victoire des armes. L'abolition des privilèges de naissance est irréversible, les « frontières naturelles » sont à portée de main et la séparation de l'Église et de l'État est entrée dans les faits.
Les députés s'impatientent devant le régime de Terreur sur lequel s'appuie Robespierre et qui constitue une menace perpétuelle au-dessus de leurs têtes. Ils reprochent par ailleurs à l'Incorruptible d'avoir instauré la Fête de l'Être suprême et de préparer ainsi le retour de la religion. Ils s'inquiètent aussi de ses tractations secrètes avec l'Angleterre, en prélude à un accord de paix qu'ils jugent prématuré. Notons aussi que les représentants en mission qui se sont rendus coupables de violences excessives craignent d'avoir à rendre des comptes.
Fin juillet 1794, après sept semaines de folie meurtrière, tous ces gens-là se coalisent pour mettre fin à la Grande Terreur et éliminer Robespierre en lui faisant porter la responsabilité de tous les excès antérieurs.
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Jacques Groleau (09-06-2024 12:14:00)
La Terreur, et les massacres en Vendée (et ailleurs !) ont, pour moi, terni à tout jamais l'histoire de la révolution. Plusieurs de mes ancêtres ont péri, sans raison, dans les "bains républicains" de Carrier à Nantes.
Aucun de ces "révolutionnaires", pour la quasi totalité corrompus, accapareurs de bien nationaux, ivrognes, débauchés, ne méritent le moindre nom de rue ou de ruelle. Il y a du boulot à "débaptiser" nos villes !!!
Michel Felix (13-06-2018 19:39:59)
Toute cette sauvagerie pour atteindre quel objectif ?
-l'arrivée au pouvoir d'individus s'appuyant sur des classes qui n'y avaient pas accès.Elles y seraient arrivées pourtant pacifiquement puisque l'ancien régime avait été aboli,le Roi ayant accepté un statut de souverain constitutionel.Quant à la qualité morale du nouveau pouvoir, on peut difficilement prétendre qu'elle était meilleure que celle de l'ancien.
La République bourgeoise était mieux adaptée à la modernité économique mais certainement pas fraternelle,porteuse de liberté et d'égalité, principes au nom desquels on a tant massacré.
yves gautron (12-06-2018 19:56:27)
Je suis généalogiste successoral en retraite . La consultation de registres d'état-civil ou paroissiaux m'incitent à ne pas partager l'enthousiasme de Monsieur DEFEBVRE . Si on appelle "représentants de l'Etat " la horde de poivrots et d'individus tarés qui s'est abattue sur la Vendée et la Loire Atlantique en massacrant femmes et enfants (y compris les partisans de la République ), il serait peut-être temps qu'on rappelle à certains que ce sont les habitants de l'Ouest qui se sont fait massacrer en 14-18 pour que certains puissent encore prendre "les colonnes infernales"pour une aimable caravane publicitaire pour la république.
Pointet (12-06-2018 10:52:16)
En tant qu'écrivain (j'ai publié chez LNA et Pocket "Vengeance dans les tranchées" prix 2015 des lecteurs de téléloisirs) j'apprécie particulièrement les dossiers d'Hérodote pour plusieurs raisons. D'abord, ils sont écrits par des "pointures" qui ont le recul nécessaire. Ensuite, ils sont richement illustrés. Merci Hérodote.
DEFEBVRE (12-06-2018 08:35:02)
Précision complémentaire :
- La terreur a continué après la mort de Robespierre.
La terreur aux armées a permis le redressement militaire et a permis notamment d'éviter les trahisons régulières d'officiers et de généraux aristocrates (les plus célèbres furent La Fayette et Dumouriez).
DEFEBVRE (12-06-2018 08:30:31)
Je voudrais apporter quelques précisions :
- Le gouvernement révolutionnaire et la terreur ont été institués car la patrie était en danger à l'intérieur (Vendée, révoltes fédéralistes, royalistes)et à l'extérieur (coalition). Toulon est livrée aux Anglais, des villes du nord sont prises,
les Anglais sont attendus à l'ouest.
- Les conventionnels ont préféré une action de l'Etat, plutôt qu'une terreur populaire face aux trahisons, à l'accaparement. (massacres de septembre, intentions exprimées des sans-culottes
Erik (10-06-2017 15:17:46)
40.000 victimes en moins d'un an à mettre à l'actif de l'extrême gauche naissante.
Ce chiffre aurait été multiplié par X s'ils avaient disposé de la technologie de notre époque.
Et on voudrait nous faire croire que le nazisme est une monstruosité de l'extrême droite?
Ce sera sans moi.