Le 18 décembre 1793, Anglais et Espagnols se retirent de Toulon. Leur échec met en lumière le talent d'un jeune officier d'artillerie, le capitaine Napoléon Bonaparte...
Les républicains reprennent l'initiative
Suite à l'exécution du roi Louis XVI et à la répression des fédéralistes girondins, la Provence s'est soulevée contre la Convention et le Comité de Salut public animé par Robespierre. À Toulon, port de guerre essentiel à la défense de la France, une insurrection royaliste a chassé les représentants du gouvernement et ses chefs ont aussitôt appelé à l'aide la flotte anglo-espagnole de l'amiral Hood.
Celle-ci entre dans la rade le 27 août 1793 et débarque 17 000 hommes. Les troupes républicaines du général Jean-François Carteaux, qui ont déjà réprimé les soulèvements de Marseille et Avignon, entament le siège de la ville. Mais le capitaine Auguste de Dommartin, qui dirige l'artillerie, est blessé le 7 septembre. Il est remplacé le 16 par le capitaine Napoléon Bonaparte (24 ans) sur ordre des représentants en mission dont Augustin Robespierre, frère cadet de l'« Incorruptible ».
Le jeune Corse comprend qu'il est vain d'assiéger la ville aussi longtemps qu'elle peut être ravitaillée par le port. Aussi tourne-t-il ses batteries vers les forts Mulgrave et de l'Éguillette qui barrent l'entrée de la rade. Comme prévu, une fois les deux forts aux mains de l'armée révolutionnaire, les Toulonnais ne peuvent plus être ravitaillés et leur situation devient rapidement intenable.
Le soir du 16 décembre, les troupes de la Convention donnent l'assaut final. Le corps à corps dure toute la nuit et Bonaparte est blessé d'un coup d'esponton (baïonnette) à la cuisse par un sergent britannique. Son cheval est tué sous lui. Au matin, la position du « Petit Gibraltar » qui commande l’accès à la ville est prise.
La flotte anglo-espagnole évacue hâtivement la rade, emmenant avec elle plusieurs milliers de Toulonnais qui seront débarqués à Malte.
Les jours suivants, les habitants demeurés dans la ville sont victimes d'une sanglante répression conduite par les représentants en mission Paul Barras et Stanislas Fréron. Près d'un millier sont fusillés sommairement sur le Champ de Mars. Dans le même temps, le 4 nivôse de l'An II (24 décembre 1793), la Convention vote un décret disposant que « le nom infâme de Toulon est supprimé. Cette commune portera désormais le nom de Port-la-Montagne ».
Bonaparte ne participe pas à la curée. Grâce à l'amitié de « Robespierre le Jeune », représentant en mission auprès de l'armée d'Italie, il a pu faire valoir ses vues stratégiques auprès du Comité de Salut public (le gouvernement révolutionnaire). Nommé général de brigade le 22 décembre 1793, il s'est aussitôt embarqué pour Nice afin de prendre le commandement de l’artillerie de l’armée d’Italie.
À Toulon, il a pu rencontrer ceux qui deviendront ses compagnons d'armes : Junot, Marmont, Duroc, Leclerc. Mais pour l'heure, il reste un inconnu.
Vos réactions à cet article
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DEFEBVRE (17-12-2018 20:01:22)
Baras et Fréron, ultra-terroristes, furent parmi les meneurs de thermidor et trouvèrent des boucs émissaires ...
Loridon gérard (10-09-2006 14:52:10)
Le fait que l'armée française possédait le canon Gribeauval ne représente t-il pas une grande partie de notre succès ?