Le 7 juin 1788, les habitants de Grenoble, dans les Alpes, défient les troupes du roi. Juchés sur les toits de leurs maisons, ils jettent des tuiles du toit de leurs maisons sur les soldats qui avaient reçu l'ordre de disperser les parlementaires de la province... C'est le prémice de la Révolution française.
À son avènement, en 1774, le roi Louis XVI avait choisi un ministre des finances compétent, Turgot, pour faire face à la crise financière et réformer l'État. Mais dès le 12 mai 1776, le roi se sépare de son ministre et annule ses réformes sous la pression des privilégiés et de la Cour.
Les privilégiés (essentiellement les parlementaires et la haute aristocratie) rejettent tout changement. Ils dénoncent dans la volonté de réforme du roi une manifestation de tyrannie...
D'année en année, la situation empire. Dans l'obligation de combler au plus vite le déficit des finances, le roi demande aux parlementaires d'enregistrer un édit établissant un emprunt de 420 millions de livres (la monnaie de l'époque). Faute de leur accord, il impose l'enregistrement le 19 novembre 1787 par la procédure exceptionnelle d'un «lit de justice».
Le 8 mai 1788, le garde des sceaux Chrétien-François Lamoignon réforme hardiment la justice et enlève son droit de remontrance au Parlement de Paris. Celui-ci entre aussitôt en rébellion. Il publie une «déclaration des droits de la Nation». La colère gagne tout le pays. Cette colère est particulièrement vive dans le Dauphiné, au coeur des Alpes, où l'activité industrielle a engendré une bourgeoisie dynamique.
Le Parlement de Grenoble ayant protesté contre les édits de Lamoignon, il est mis en vacances mais se réunit néanmoins le 20 mai 1788 chez son président, Bérulle, lequel proclame que, si les édits de Lamoignon étaient maintenus, «le Parlement du Dauphiné se regarderait comme entièrement dégagé de sa fidélité envers son souverain».
Le 7 juin 1788, le lieutenant général de la province confie à despatrouilles de soldats des lettres de cachet à remettre aux parlementaires pour leur signifier un exil sur leurs terres. Mais le tocsin sonne. La population est rameutée par les auxiliaires de justice, particulièrement fâchés de perdre le Parlement, qui est leur gagne-pain. Des Grenoblois s'emparent des portes de la ville. D'autres, montés sur les toits, jettent des tuiles et divers objets sur les soldats. Vers la fin de l'après-midi, les émeutiers, maîtres de la ville, réinstallent les parlementaires dans le palais de justice.
À l'initiative des avocats Barnave et Mounier, les représentants du Dauphiné, au nombre d'environ 540, se réunissent finalement le 21 juillet au château de Vizille. Ils appellent à refuser le paiement de l'impôt et demandent aux autres assemblées provinciales d'en faire autant. C'est la première manifestation de révolte contre l'autorité royale.
Louis XVI se résout donc le 8 août 1788 à convoquer les états généraux. Leur ouverture est fixée au 5 mai 1789.
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