Ce 14 février 1779, alors qu'il tente de revenir avec ses hommes sur son navire Resolution qui l'attend au large des îles Sandwich (Hawaï), le capitaine James Cook est tué puis dévoré par les indigènes, choqués que leur invité n'ait pas respecté leurs tabous.
C'est donc tragiquement que se termine une aventure humaine et scientifique exemplaire qui a conduit ce fils de paysan à percer les grands mystères de l'océan Pacifique.
Tout commence en 1768 sous l'impulsion de la Royal Society de Londres qui souhaite envoyer une exploration étudier le passage de la planète Vénus au niveau de l'île du Roi George (Tahiti), découverte quelques mois plus tôt par l'anglais Wallis.
Choisi pour ses qualités d'hydrographe, de marin et de chef, Cook s'embarque avec une solide équipe de savants à destination des mers du Sud.
Une fois les relevés astronomiques accomplis, il en profite pour partir à la recherche du fameux continent austral qui continue de mobiliser les grands esprits du siècle. Mais cette fois encore, ce territoire idéalisé se dérobe : la Nouvelle-Zélande, que l'on pensait être un continent, s'avère se limiter à deux grandes îles.
Le navigateur peut cependant se féliciter de son bilan scientifique grâce notamment aux échantillons et observations recueillis en Nouvelle-Hollande (Australie). Ayant longé les côtes australiennes, il écrit dans son journal : « Où que nous soyons, nous avons vu de la fumée lejour et des incendies la nuit (...). Ce continent est un continent de fumée ». De fait, on découvrira plus tard que le bush est régulièrement brûlé par les autochtones qui, de la sorte, obtiennent un humus à base de cendres sur lequel il leur est possible de cultiver...
La mission n'ayant pas abouti, il faut repartir en 1772 pour régler une fois pour toutes la question de ce continent austral que l'Europe imagine couvert de richesses.
Cook va le chercher sans relâche pendant deux années en descendant toujours plus au Sud dans les régions polaires. Il finit par frôler le continent antarctique mais, face aux conditions climatiques extrêmes, il préfère abandonner, convaincu que la quête de cette contrée est vaine puisque aucune colonie ne pourrait y être installée.
Les sociétés savantes anglaises se penchent alors sur l'autre grande énigme géographique de l'époque : le passage du Nord-Ouest, censé être situé entre les pointes nord de l'Amérique et de la Sibérie.
Pour la troisième fois en moins de dix ans, Cook et son équipe d'érudits repartent pour un nouveau tour du monde à destination du Nord de l'océan Pacifique.
De nouveau bloqué par les glaces au niveau du détroit de Béring, il se voit contraint de rejoindre sa base hawaïenne où, après de longs mois d'absence, il est fêté comme un dieu.
Mais parce qu'il multiplie sans le savoir les atteintes aux tabous, il est déchu de son statut divin et finalement sacrifié lors d'un meurtre rituel, le 14 février 1779, à l'issue d'une escarmouche, dans « une scène effroyable de carnage et d'horreur » selon les témoins.
Dévoré par les indigènes, il ne resta de son corps que quelques os que ses hommes immergèrent dans cet océan Pacifique qu'il avait fini de conquérir.
Huit mois furent encore nécessaires pour que le reste de l'expédition rejoigne les côtes anglaises.
La nouvelle de cette mort bouleversa toute l'Europe, tant l'homme et le marin était respecté et admiré par tous. On dit que le roi d'Angleterre George III pleura en l'apprenant. Il est vrai que Cook était reconnu par tous pour ses qualités d'homme et d'explorateur.
Comment Cook, qui avait déjà effectué deux fois le tour du globe et fait plus pour la science que tout autre explorateur, avait-il pu mourir sur la plage d'une de ces îles qu'il avait découvertes ?
Cook ne fut pas le premier explorateur victime de « l'appétit » des insulaires du Pacifique.
Marc-Joseph Marion-Dufresne avait été chargé d'aller à Tahiti raccompagner Aotourou, venu en France avec Bougainville, puis de poursuivre vers les zones australes. Mais son voyage prit fin en Nouvelle-Zélande où, après des mois de cohabitation amicale avec les Maoris, il fit l'erreur de couper un arbre frappé d'un tabou. Massacré avec une partie de son équipage, il fut dévoré au cours d'une grande fête le 12 juin 1772.
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