23 février 1766

La Lorraine devient française

Le 23 février 1766, le vieux duc Stanislas Leszczynski meurt dans des conditions atroces, suite aux brûlures qui lui sont advenues lors d'une chute près de sa cheminée, dans son château de Lunéville. Il a 87 ans.

Stanislas Leszczynski fut un éphémère roi de Pologne avant d'avoir la chance de marier sa fille Marie au roi Louis XV et d'obtenir en viager les duchés de Lorraine et de Bar.

Camille Vignolle

Une terre disputée

Conformément aux conventions fixées avec les gouvernements de France et d'Autriche, la mort du duc Stanislas entraîne le rattachement définitif des duchés à la France, à la satisfaction du ministre de Louis XV, le duc Étienne de Choiseul.

La Lorraine, qui tire son nom de Lothaire II, arrière-petit-fils de Charlemagne, a fait partie du Saint empire romain germanique.

Anciennement duché de Haute-Lorraine (la Lorraine actuelle), il faut la distinguer du duché de Basse-Lorraine, sur l'Escaut, qui appartint à Godefroi de Bouillon, le chef de la première croisade, se désagrégea très tôt. 

La Lorraine proprement dite (Haute-Lorraine) dut défendre son indépendance contre les rois de France puis contre Charles le Téméraire. Le duc de Bourgogne fut tué en tentant de conquérir Nancy.

En 1552, le roi de France Henri II occupa les Trois-Évêchés (Metz, Toul et Verdun). Ce fut le début de la fin : le duché devint virtuellement français.

Le duc François de Lorraine ayant épousé la future impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, il accepta en 1737 de céder ses duchés de Lorraine et du Barrois à Stanislas, roi déchu de Pologne et beau-père du jeune Louis XV, en échange du grand-duché de Toscane. La transaction mit fin à la Guerre de Succession de la Pologne.

Un duc bâtisseur

Le nouveau duc de Lorraine et du Barrois abandonnel'administration de ses terres au chancelier désigné par son gendre le roi de France, Antoine-Martin Chaumont de la Galaizière. Celui-ci lui prête serment de fidélité en 1737.

La Galaizière est créé chancelier par Stanislas (François-André Vincent, 1778, musée lorrain de Nancy)Souverain éclairé et débonnaire, Stanislas Leszczynski se contente d'animer dans son château de Lunéville une cour brillante, accueillante aux artistes et aux gens de lettres. 

Il lance à Nancy, sa capitale, la construction d'un ensemble urbain magnifique qui fait aujourd'hui la fierté de la ville.

Cet ensemble classique est dû à l'architecte lorrain Emmanuel Héré. Il réunit la vieille ville à la ville neuve de l'époque, via une grande place oblongue, dite place neuve de la Carrière (lieu où se déroulaient autrefois les tournois). Cette place communique avec la place Royale, aujourd'hui place Stanislas.

Inaugurée le 26 novembre 1755, elle est entourée d'immeubles majestueux et communique avec le reste de la ville par de splendides grilles dorées à l'or fin qui font sa célébrité dans le monde entier.

Le centre de la place est occupé depuis 1831 par une statue de Stanislas, en remplacement de la statue de Louis XV, enlevée sous la Révolution.

Regrettons, hélas, que la perspective de cet ensemble architectural ait été enlaidie par les immeubles construits aux abords de la gare à la fin du XXe siècle.

Place Stanislas à Nancy

Publié ou mis à jour le : 2022-02-22 14:05:16
françoise (21-02-2012 14:04:15)

C'est la première fois que je lis en toutes lettres écrit à propos du roi-duc Stanislas Leszczynski : "ce souverain éclairé" (et débonnaire). Bravo ! Jusqu'à présent, dans les manuels scolaires c'est les deux tyrans sanguinaires Catherine de Russie et Frédéric de Russe qui avaient droit à perpétuité au titre d'"éclairés" (!)Est-ce le début d'une histoire différente qui secoue ses clichés ? Sur cette bonne lancée, il serait bon de conférer ce titre à l'autre roi de Pologne au 18ème siècle, qui, comme Lesczynski fut un souverain "éclairé s'il en est, Sanislas-Auguste Poniatowski : A un moment où son pays était menacé par les trois voisins qui dépecerons d'ailleurs la Pologne à la fin de son règne, Poniatowski n'a jamais cessé, pendant 30 ans de règne, de tout faire pour redonner une vraie renaissance à la Culture polonaise (mise à mal par les règnes intermédiaires des deux usurpateurs Saxons placés sur le trône de Pologne par les Russes). Poniatowski avait institué pour cela notamment "les jeudis culturels" où il invitait dans son palais de Varsovie à dîner rituellement les peintres et penseurs de son pays. Qui le sait ? Qui en parle ?

Vincent Dubois (21-02-2012 13:22:04)

Merci pour cet article rendant hommage au dernier duc de Lorraine et au génie d'Emmanuel Héré. Je me permets toutefois d'apporter une correction: l'inauguration de la Place royale a bien eu lieu en... Lire la suite

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