Le 30 juin 1764, sur les rudes plateaux du haut Vivarais (au sud du Massif Central), Jeanne Boulet, une petite bergère de 14 ans, meurt victime d'une « bête féroce », selon le curé qui l'enterre. À partir de là, les agressions de jeunes bergers vont se multiplier en dépit de grandes battues.
La psychose se répand dans cette région appelée Gévaudan, qui correspond à l'actuel département de la Lozère. La mystérieuse « bête du Gévaudan » fait parler d'elle dans les gazettes et même à la cour du roi Louis XV, à Versailles, où l'on mobilise la troupe pour lui donner la chasse. En vain. On lui attribuera au total 80 à 100 décès en trois ans.
Les rumeurs les plus fantasques vont se donner libre cours jusqu'à nos jours, avec le film Le Pacte des loups (Christophe Gans, 2001). D'aucuns imaginent une bête extraordinaire ou encore un tueur en série qui aurait dressé des chiens à cet effet.
D'après l'historien Jean-Marc Moriceau, il s'agirait en fait de trois loups de grande taille. Le premier fut abattu par François Antoine, porte-arquebuse du roi, en septembre 1765, sur le domaine de l'abbaye royale des Chazes. Le dernier fut tué le 19 juin 1767 par un enfant du pays, Jean Chastel. Après cette date, on n'eut plus à déplorer de drame.
Et l'historien de rappeler que les attaques de jeunes gardiens de troupeaux par les loups étaient relativement fréquentes dans les campagnes de l'Ancien Régime, qui comptaient encore au XVIIIe siècle une vingtaine de milliers de loups. Le Petit Chaperon rouge n'est pas seulement un conte...
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