28 avril 1760

Victoire du chevalier de Lévis à Sainte-Foy

Qui connaît - en France - la victoire remportée par les Français sur les Anglais à Sainte-Foy, près de Québec, le 28 avril 1760 ? L'historien britannique Francis Packman l’a qualifiée de « plus grande victoire française en Amérique, parce qu’elle a fait un jour trembler le sort de la ville de Québec et de ce fait, trembler toute l’Amérique ».

Pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763), sous les règnes de Louis XV, George II et George III, Français et Anglais s'affrontèrent sur tous les continents et en particulier en Amérique du Nord où les seconds s'emparèrent de la ville de Québec après la bataille des plaines d’Abraham et la mort de Montcalm, le 13 septembre 1759.

Malgré cette défaite, la colonie de la Nouvelle-France restait toujours à la France ! Le gros des forces françaises n’avait pas été engagé dans la bataille des plaines d'Abraham. C'est alors qu'intervint le chevalier de Lévis... 

La bataille de Sainte-Foy, 28 avril 1760 (aquarelle de George Campion, vers 1850)

Les Anglais prisonniers de leur conquête

L’hiver qui suivit la défaite de Montcalm dans les plaines d'Abraham fut rude pour les colons mais plus encore pour les soldats du général James Murray enfermés dans Québec, qu’ils avaient dévastée et saccagée, y compris les provisions mises de côté pour passer l’hiver.

(21 janvier 1721 ? 18 juin 1794)De petits détachements de miliciens français ou indiens empêchaient la garnison de se ravitailler à l’extérieur. Mais pour les Anglais, le pire fut le froid, auquel se rajouta le scorbut. La garnison tomba de sept mille cinq cents hommes à quatre mille, à peine valides.

Côté français, le chevalier François Gaston de Lévis, un militaire languedocien de quarante ans, prend alors le commandement des opérations à Montréal et réorganise les troupes en vue d'attaquer au printemps la garnison de Québec. Ayant tiré les leçons de la défaite des plaines d'Abraham, il intègre les miliciens canadiens et les Amérindiens aux troupes régulières.

Le matin du 27 avril, son avant-garde s’établit sur la route de Sainte-Foy et découvre les Anglais à peine à deux cents toises de là.

Mais James Murray, averti de l’approche ennemie, expulse de Québec les bouches inutiles, femmes, enfants, vieillards, sans excès de commisération pour les malheureux livrés au froid et à la disette. Renonçant à tenir Sainte-Foy, il fait sauter l'église du village et replie in extremis ses troupes sur les hauteurs de Québec.

Puis, le général laisse des troupes dans la ville pour en assurer la défense et se porte au-devant des Français, en terrain marécageux, avec 3.000 hommes, vingt-deux canons et des obusiers.

François Gaston de Lévis (20 août 1719, Ajac, Languedoc - 26 novembre 1787, Arras)

La bataille s'engage. Les Anglais tentent d'enlever le moulin Dumont, près de Sainte-Foy. Les Français qui l'occupent se replient vers un bois avant de repartir à l'offensive avec les colons et les « Sauvages ».

Le feu devient très vif, les miliciens canadiens se couchent pour recharger leurs armes et fusillent les canonniers sur leurs pièces.

Armés de leurs baïonnettes, ils fondent alors sur les Anglais, traversent leurs rangs et les mettent en fuite, leurs alliés amérindiens terrifiant particulièrement les Anglais avec leurs peintures de guerre et leurs cris effrayants, tomahawks brandis.

Le chevalier de Lévis, témoin de la débandade de l'adversaire, pousse son avantage. La déroute des Anglais est totale.

Ils trouvent moyen de se replier dans la ville de Québec mais laissent aux mains des vainqueurs leur artillerie, les munitions, les outils de retranchement, mais aussi leurs morts et la plus grande partie de leurs blessés, près de mille deux cents au total, ce qui fait plus du tiers de leur armée.

Les Français ont quant à eux plus de huit cents tués ou blessés. Les Indiens, comme toujours à la fin des combats, se précipitent pour scalper les ennemis, en dépit des instructions du chevalier de Lévis.

Lendemain de victoire

Reste à concrétiser la victoire. Le chevalier de Lévis compte sur l'arrivée des renforts de France pour chasser enfin les Anglais de Québec. De son côté, le général Murray espère également en l'arrivée de secours.  Chaque camp scrute le Saint-Laurent...

Le 9 mai 1760, tous les regards se tournent vers le fleuve au moment où se présente une première frégate. Elle arbore un pavillon anglais ! Les Français, trompés dans leur attente, doivent lever le siège de Québec.

L'avantage passe aux Anglais qui attaquent Montréal et contraignent la ville à la capitulation le 8 septembre 1760. Dans la nuit qui précède, le chevalier de Lévis choisit de brûler les drapeaux des régiments français plutôt que de les voir tomber entre les mains ennemies. C'en est désormais fini de la Nouvelle-France.

Publié ou mis à jour le : 2019-04-28 15:58:56
Pierre (27-04-2022 23:47:23)

Que serait-il arrivé s’il le mauvais temps n’avait empêché Bougainvillée d’arriver à temps pour secourir Montcalm sur les Plaines? Imaginez: Wolverine ne s’était gardé aucune issue. So... Lire la suite

Bertholet Charron (21-06-2014 20:09:32)

Excellant récit éclairant une tranche malheureuse de l'histoire du Canada français. À quand pourrons-nous lire sur Herodote un récit semblable au sujet du Grand Dérangement, véritable tentati... Lire la suite

Michèle D. (12-05-2014 16:34:07)

J'habite à Ste-Foy. Ça me fait tout drôle de voir l'église Notre-Dame-de-Foy. Celle a été construite en 1694 et a passé au feu en 1978. Des trésors uniques et inestimables ont été détruits ... Lire la suite

Doris (29-04-2014 23:01:50)

Ici, au Québec, nous nous imaginons que la France a dû se mordre les doigts lorsqu'elle a réalisé ce qu'étaient toutes ces richesses naturelles cachées par «quelques arpents de neige». Une pa... Lire la suite

Pima (29-04-2014 20:43:17)

Même si la France avait pu conserver la Nouvelle-France il est douteux en effet qu'elle ne l'aurait pas cédé en 1963. Cela aurait peut-être changé le sort du continent. En effet, les Américains auraient hésité à entrer en guerre contre l'Angleterre avait les Canadiens à leur frontière Nord et Ouest. Malgré leur onfériorité numérique, les Canadiens et leurs alliés amérindiens auraient continué d'entraver la colonisation de l'Ouest par les Américains. Par contre, si les Américains étaient devenus indépendants, il est probable que Napoléon. Leur aurait cédé le Canada au lieu de le perdre à l'Angleterre, maîtresse des mers. Le Canada aurait subi le sort de la Louisianne.
Pierre Martin

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