13-14 septembre 1759

Mort de Montcalm et Wolfe

Le 14 septembre 1759, le marquis de Montcalm meurt des suites d'une blessure reçue la veille, lors de la bataille des Plaines d'Abraham, en bordure des fortifications de Québec.

Le général ennemi, l'Anglais James Wolfe, est lui-même mort à l'issue de la bataille en ayant assuré la victoire de ses troupes. Il va en résulter pour la France la perte de la ville de Québec et bientôt de toute la Nouvelle-France.

La Nouvelle-France convoitée

Trois ans plus tôt a débuté officiellement la guerre de Sept Ans, véritable guerre mondiale avant l'heure. Elle oppose la France de Louis XV, alliée à l'Autriche et quelques autres États, à la Prusse, à l'Angleterre et au Hanovre.

Dans le Nouveau Monde, les hostilités ont en fait commencé avec la mort d'un officier français à Fort-Duquesne, le 28 mai 1754.

Au début, les Français du Canada remportent de nombreuses victoires avec l'appui de leurs alliés indiens (on dit aujourd'hui amérindiens, pour « Indiens d'Amérique »). Mais le commandant des troupes françaises ayant été fait prisonnier, Paris le remplace en 1756 par un marquis de la métropole, Montcalm (44 ans).

Une stratégie inédite

Le marquis, féru de la stratégie européenne de l'attaque en lignes et bataillons serrés, change de tactique. Avec un certain succès, il concentre ses offensives sur les forts, renonce aux coups de main et délaisse les alliés indiens. Mais il ne dispose pour cela que de quelques milliers d'hommes tandis que les Anglo-Américains en viennent à aligner 40.000 hommes dont 23.000 soldats de métier et le reste de miliciens.

En 1758, après une trêve relative de plusieurs mois, les Anglais lancent contre la Nouvelle-France trois offensives avec les plus grosses armées jamais réunies en Amérique du Nord ; l'une à l'ouest, dirigée contre Fort-Duquesne, l'autre au centre vers Montréal, la troisième à l'est vers la forteresse de Louisbourg et la ville de Québec.

Victoire sans lendemain

Montcalm remporte une magnifique victoire à Fort Carillon, au sud du lac Champlain, en bloquant les 15.000 soldats du général James Abercromby qui se dirigent vers Montréal avec seulement 3.600 hommes dont 400 miliciens canadiens et Indiens. Les Anglais comptent 1944 morts et blessés alors que le camp français n'en déplore que 377.

Pourtant, malgré cet exploit, il ne fait guère de doute que la conquête de la Nouvelle-France n'est que partie remise. Les Anglais peuvent encore aligner 30.000 hommes de troupes régulières face à seulement 7.400 Français.

Le gouverneur de la Nouvelle-France requiert tous les hommes de 16 à 60 ans de servir dans la milice. Faute d'hommes pour travailler les champs et assurer les récoltes, la colonie en vient à souffrir de la famine !

Montcalm, que les Canadiens connaissent maintenant très bien et qu'ils appellent couramment « Le Grand Marquis », ne peut empêcher la chute de Fort-Duquesne, qui sera rebaptisé Pittsburgh en l'honneur du Premier ministre anglais.

La chute de Québec

L'année suivante, le 20 juin 1759, une armée de 40.000 hommes appuyée par 150 vaisseaux commence le siège de Québec, que protègent 6.000 soldats. Wolfe lance ses troupes à l'attaque le 31 juillet. Les assaillants sont repoussés avec de lourdes pertes. S'ensuivent d'autres assauts infructueux pendant tout le mois d'août. Le général anglais, par ailleurs malade, décide cependant de livrer un assaut de la dernière chance.

Dans la nuit du 12 au 13 septembre 1759, il débarque avec ses hommes en face de Québec, à l'anse du Foulon. Pendant la nuit, la troupe emprunte un sentier qui la mène au sommet de la falaise où est établie la ville fortifiée de Québec.

À l'aube du 13 septembre, 4.800 soldats anglais occupent déjà le plateau. L'apprenant, Montcalm accourt sans attendre de renforts.

L'affrontement se déroule « à l'européenne », prenant de court les Canadiens et les miliciens français, fauchés par centaines par une fusillade nourrie. Il dure en tout et pour tout moins d'une demi-heure. Le marquis ordonne alors de faire retraite vers la ville. Lui-même, à cheval, ferme la marche. Il est frappé par une balle juste avant de franchir, l'un des derniers, la porte Saint-Louis.

Montcalm meurt à l'aube, à cinq heures du matin. Il a, quelques moments avant, demandé à son chirurgien combien de temps il lui restait à vivre : « Quelques heures à peine », lui fut-il répondu. « Tant mieux, dit-il, je ne verrai pas les Anglais dans Québec ».

Publié ou mis à jour le : 2019-09-10 11:20:56
Jean Gallet (14-09-2015 17:27:23)

C'est ainsi qu'en février 1756, le chevalier de Léry s'empare du fort Bull, sur le lac Onéga
Je croyais que le lac Onéga était en Russie.

André Houde (27-01-2013 20:09:22)

La majorité des historiens québécois et les Québécois eux-mêmes, n’ont pas une si haute opinion de Montcalm. Stratégiquement, il a fait de graves erreurs; en autres : ne pas avoir protégé la Pointe Lévis (en face de Québec), ce qui a permis aux Anglais de détruire Québec; d’avoir paniqué à la vue des Anglais sur les Plaines d’Abraham. Il n’avait pas à attaquer immédiatement avec des troupes épuisées, mais plutôt de se replier dans la ville et attendre les renforts de Bougainville. Dans son dernier rapport en France (remis par Bougainville), il exagère les effectifs des forces anglaises et discrédite l’efficacité de la milice canadienne. Il n’avait rien d’un héros, mais plutôt celui d’un Français sans motivation pour sa mission et qui aspirait à retourner le plus tôt possible dans son château.

Cyrmar (03-03-2012 17:53:19)

Bonjour
Je suis étonné et amusé par le courriel de Luc. Montcalm a fait une guerre à l'européenne, ce qui veut peut-être dire qu'il était en retard d'une guerre. Les anglais ont sournoisement utilisé des fusils à deux coups. Ce n'est vraiment pas gentil.Je dit cela pour rire un peu. Comme à Crécy ou Poiters ces anglais ne respectent les règles qu'au rugby! Ils nous refont le coup de leurs grands arcs qui envoyaient des flèches prop loin ou de ne pas venir s'embourber avec nous sur des chevaux fatigués et surchargés.
Montcalm n'a pas attendu les renforts, il a été très courageux et a perdu la bataille et la vie. En fait l'un allait au tournoi, l'autre à la guerre;
Cordialement.

Luc (28-02-2012 09:44:52)

Certains détails importants sont absents.
- La ville de Québec remplie de sa population civile a été bombardée sur le commandement de Wolfe, jour et nuit durant tout l'été 1759 (de Juin à septembre).
-Wolfe a aussi ordonné à ses soldats de brûler toutes les fermes le long de la rive sud du Saint-Laurent, à partir de Québec en allant vers l'Atlantique, tout en s'emparant des moissons et des bestiaux des colons français !
- Si Wolfe a pu escalader la falaise avec ses troupes et les installer sur les plaines d'Abraham c'est grâce à un traître qui lui a montré le sentier et qui lui a donné le mot de passe !
- Vous mentionnez justement que Montcalm accourt sans attendre de renforts. En effet, il a dû déplacer ses troupes stationnées beaucoup plus loin, là où il attendait les Anglais. Dans son empressement il n'a pas attendu l'arrivée de son bras droit Lévis qui aurait encerclé les troupes anglaises par l'arrière et le côté, ce qui leur aurait permis de rejeter les Anglais en bas de la falaise !
- Montcalm a joué le jeu de la confrontation à l'européenne, mais les Anglais, ont sournoisement utilisé des fusils à deux (2) coups, c'est ce qui a semé la confusion dans les rangs français !
Ce sont des petits détails qui en disent beaucoup !

Pierre Martin (09-02-2009 16:03:29)

J'ai apprécié votre article, malgré les nombreuses erreurs que j'y ai trouvées. D'abord, les assaillants de Québec n'étaient guère plus nombreux que les défenseurs, entre 15 et 20 mille de chaque côté. Montcalm avait bien manoeuvré de ce côté. Pour une colonie defendue 5,000 soldats français et ne comptant que 60,000 habitants, c'était déjà un tour de force. Sauf que le gouverneur Vaudreuil avait négligé de préparer la ville de Québec à un siège terrestre, comme le lui avait demandé Montcalm. Malgré cela, Montcalm a réussi à maintenir les Anglais à distance pendant plusieurs semaines. Fort de ses succès, il avait même dégarni sa défense de son meilleur élément, le chevalier de Lévis, futur maréchal., pour le retourner à Montréal. Il fallait donc empêcher tout débarquement sur la rive nord du fleuve, du côté de Québec.C'est pour ça que l'irruption de 4,500 Anglais sur les plaines (au centre du dispositif français) risquait d'être fatale. Les remparts de Québec étaient insuffisants. Montcalm devait absolument les empêcher de s'installer.À la hâte, n'attendant pas l'arrivée de ses meilleures troupes, qu'il avait placé aux extrémités est et ouest de son dispositif de défense, il a attaqué les Anglais avec 4,500 hommes, pour la plupart des miliciens canadiens, peu préparés pour ce genre de bataille à découvert, contrairement aus soldats européens. Ces miliciens excellaient plutôt dans les bois et les coups de main. Sur le champ de bataille ils ont paniqué, et dans leur repli en désordre ils ont entraîné Montcalm qui les enjoignait de garder leur position. C'est dans un désordre et une grande confusion que le courageux général fût atteint. Lévis revint trop tard, et sa victoire de Ste-Foye, l'année suivante ne permit pas de reprendre Québec.

Pierre Martin (09-02-2009 15:46:55)

Bonjour,
Je suis l'un des fiers descendants de ces miliciens canadiens que Louis XV et la France abandonnèrent en 1963. J'ai apprécié l'article sur Montcalm et la guerre de sept-ans en Amérique. Sauf que le récit de la prise de Québec pourrait être amendé un peu : il y avait à peu près autant de combattant d'un côté comme de l'autre, soit entre 15 et 20.000. Wolfe en fut très surpris. La différence, c'est que la majeure partie des troupes de Montcalm était composée de miliciens et d'Indiens, mieux adaptés à la guérilla qu'aux tactiques européennes. Montcalm n'en tint pas compte sur les plaines d'Abraham. Ces miliciens furent les premiers à rompre le combat, malgré les cris de Montcalm, et c'est malgré lui que le général fût entrainé dans une retraite désastreuse. Montcalm avait choisi de ne pas attendre l'arrivée de ses meilleures troupes pour ne pas permettre aux Anglais de s'installer sur les plaines. Le gouvernement canadien promet une grande reconstitution de la bataille pour l'Été 2009, 250 ans après l'événement. Ce genre de commémoration festive est décrié par les nationalistes, qui n'y voient rien à fêter, avec raison.

bassas henri (11-01-2009 21:07:39)

Né en Algérie de parents Français nés également en Algérie "Française",je découvre dans ces récits historiques de la Nouvelle France à deux cents ans prés, les mêmes bévues nationales nous garantissant du fiasco final...

Eric Chartrand (23-09-2006 13:37:29)

Bonjour, je suis Québécois de souche, mais surtout de cœur. Cette histoire je la connais et je me fais un devoir de l'enseigner à mes enfants et à qui veut l'entendre. Malheureusement, trop peu ne s'y intéressent. Si tous les Québécois connaissaient que cette partie de leur histoire, ils hésiteraient beaucoup moins à exiger leur souveraineté !
Cependant, tel qu'indiqué par Mr Pachès, les propagandes de peur menées par nos différents gouvernements fédéraux aux cours des années ont toujours prédominées et eues raison des souverainistes.
Notez bien que les premiers ministres qui ont été les plus farouchement opposés à la souveraineté des Québécois étaient eux même des Québécois. Et les trahisons qui nous ont fait le plus mal venaient d'eux. On n'a qu'à penser à la nuit des longs couteaux que nous a offert Pierre Elliot Trudeau et tout récemment, le scandale des commandites qui a servi, entre autres, à financer illégalement la campagne contre la séparation du Québec(que nous avons perdue à 49%)par Jean Chrétien.
Cependant, selon moi, une société, pour qu'elle puisse vivre et grandir, doit se fonder avec une âme et je doute fort que ce ne soit devenu qu'un rêve puisque si nous ne savons d'où nous venons, comment peut-on savoir où nous allons ?
Éric Chartrand
Québécois dans l'âme

Jacky Pachès (15-07-2006 05:29:55)

Bonjour,
Depuis des années, je lis beaucoup sur l'histoire qu'elle soit de France ou du Canada afin d'étoffer mes romans historiques de faits réels.
Mon premier livre est sorti en janvier 2006, il s'intitule L'aiglon cévenol. C'est le premier tome de la série Histoire de nos pays, paru aux éditions Amalthée.
Dans votre résumé, vous faites la part belle à Montcalm tout en critiquant le gouverneur (Canadien) Vaudreuil. Erreur courante dans les manuels d'Histoire rédigés par des métropolitains. Si vous voulez vraiment connaître tous les dessous de cette guerre des Sept ans, ou guerre de la conquêten comme se plaisent à dire les soumis, je vous suggère de lire l'ouvrage de Guy Frégault - un véritable historien - et sa version exhaustive et très documentée: La guerre de la conquête parut chez Fides. Vous y découvrirez un autre portrait des acteurs qui couvrirent ce tournant capital de cette épopée qui vit le Canada tomber aux mains des Anglais. Ils en faisaient une question de vie ou de mort et ne ménagèrent pas les moyens pour y arriver, contrairement à la France pour qui cette colonie représentait un investissement en hommes autant qu'en fournitures prohibitif. De plus, la maîtrise des mers de la Grande-Bretagne lui permettait d'arraisonner la plupart des navires français envoyés en renfort.
Étouffé et affamé par ce blocus, la Nouvelle-France, après une lutte féroce, succomba sous le nombre.
Aujourd'hui, certains descendants de ces courageux colons voudraient retrouver leur autonomie mais, comme par le passé, l'argent et la propagande anglo-saxonne font tout pour contrecarrer ce rêve.
Qui sait, peut-être mes livres réussiront à réveiller certaines consciences endormies ou assimilées par deux siècles et demi de vexations.
Bien à vous,
Jacky Pachès, alias Jean Deval

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