24 mai 1749

L'Affaire de l'Hôpital général

Samedi 24 mai 1749, à six heures du matin, Mademoiselle Julie, de son vrai nom Catherine Huet, supérieure de la Salpêtrière à Paris, persuadée qu'elle va être arrêtée, quitte précipitamment l'établissement avec vingt de ses officières.

C'est le début de l'affaire de l'Hôpital général. Tissée d'émeutes et de rumeurs, sur fond de pédophilie, elle durera huit ans et ébranlera le trône de Louis XV.

Vue de Bicêtre, XVIIIe siècle, Jacques Rigaud.

L'Hôpital général

L'Hôpital général, établissement de «renfermement» des pauvres, a été fondé par les dévots laïcs de la Compagnie du Saint-Sacrement sous le ministère de Mazarin. Il fonctionne depuis plus de 90 ans dans l'opacité le plus totale.

Composé de la Salpêtrière (pour les femmes et les jeunes filles), Bicêtre (pour les hommes) et la Pitié (pour les jeunes garçons), l'Hôpital général, que le roi a doté de quantité de revenus et exempté de charges, est le lieu de toutes les exactions, violences et pillages au détriment des pauvres qu'il est censé secourir.

Sous la houlette d'administrateurs cooptés dans le milieu parlementaire, l'hôpital (qui a également intégré l'œuvre des Enfants-trouvés à la mort de son fondateur Vincent de Paul), a droit de vie et de mort sur des milliers de miséreux qu'une législation impitoyable oblige à se laisser enfermer là. Depuis l'édit de fondation de l'hôpital en avril 1656, plus aucun secours public ou privé ne peut atteindre un miséreux autrement qu'en tombant dans l'escarcelle de l'institution.

Après la dissolution de la Compagnie du Saint-Sacrement, les jansénistes ont repris les rênes de l'établissement où ils font régner l'ordre moral et la terreur dans un système qu'on peut dire concentrationnaire. Au milieu du XVIIIe siècle, ce sont toujours eux qui les tiennent.

Les plaintes sont fréquentes - violences, détournements de fonds et galanteries sont régulièrement dénoncés- mais elles ne rencontrent jamais d'écho auprès d'un Parlement juge et partie. Mais elles atteignent le roi par l'intermédiaire des prêtres de l'établissement, qui se plaignent régulièrement des façons de faire d'un personnel ouvertement janséniste, alors que la bulle Unigenitus, reconnue loi d'Église et d'État, a condamné sans appel le jansénisme.

En 1746, Louis XV charge Christophe de Beaumont, qu'il vient de nommer archevêque de Paris, d'y mettre de l'ordre.

Soupçonnant, non sans quelque raison, que le personnel profite de sorties prétendument destinées à se confesser pour aller faire la fête, l'archevêque décide d'imposer aux officières, les « sœurs » (en fait, des laïques), de se confesser à l'intérieur de l'établissement. Criant à la persécution, leurs amis les convainquent que des lettres de cachet se préparent contre elles. Prises de panique, Sœur Julie et ses compagnes désertent le 24 mai au petit jour. Il faut élire une nouvelle supérieure. L'affaire du siècle commence.

Le 12 juillet 1749, l'archevêque fait élire de force une amie à lui, Madame de Moysan, par le conseil d'administration. Aussitôt les administrateurs démissionnent en bloc. Les magistrats jansénistes lancent une virulente campagne contre la nouvelle administration, et organisent la grève des donations. La nouvelle supérieure fait front, le roi et l'archevêque mettent la main à la poche pour combler les déficits, les choses semblent devoir se calmer.

Mais un an plus tard, survient la « Marche rouge »...

Publié ou mis à jour le : 2019-05-20 15:19:40

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