Le 24 juillet 1712, le maréchal-duc Claude de Villars remporte à Denain une victoire inespérée sur les Austro-Hollandais commandés par le prince Eugène.
La bataille de la dernière chance
Située sur l'Escaut, dans le Hainaut français, entre Douai et Valenciennes, Denain est une place forte à partir de laquelle les forces coalisées contre la France menacent Landrecies, dernière place forte française avant... Paris. Elles sont fortes de 130 000 hommes.
Pour mettre fin à l'interminable guerre de la Succession d'Espagne, Louis XIV confie sa dernière armée au duc de Villars. Au total 70 000 hommes. Le souverain de 72 ans, accablé par les deuils et les revers militaires, fait à Marly, le 16 avril 1712, des adieux émouvants à son vieux maréchal, tout de même déjà âgé de 59 ans.
Villars apprend de source diplomatique que le prince Eugène, qui commande les forces ennemies, a prévu une attaque le 31 juillet. Il en a prévenu le Grand Pensionnaire de Hollande Heinsius. Dans le même temps, le Parlement anglais et la reine Anne se montrent désireux d'arrêter les frais et seraient disposés à une suspension d'armes avec la France... Ces dissensions vont servir les Français.
En attendant, les coalisés font le siège du Quesnoy, entre l'Escaut à l'ouest et la Sambre à l'est. La place forte se rend le 3 juillet sans résistance excessive («honteusement» au dire du maréchal). Le 18 juillet, désireux de hâter la bataille, Villars fait battre la générale et déploie son armée sur la rive gauche (ouest) de l'Escaut. Mais le prince Eugène préfère consolider ses positions en faisant le siège de la dernière place forte à lui résister, Landrecies, sur la Sambre.
Par un plan audacieux et qu'il ne déroule qu'au fur et à mesure à son état-major, le maréchal fait traverser la Sambre à son armée, de nuit, en faisant mine de se diriger vers Landrecies. Les 21 et 22 juillet, le prince Eugène rejoint sans attendre la place forte avec ses troupes d'infanterie. Mais le maréchal de Villars laisse Landrecies sur sa droite, traverse très vite l'Escaut et attaque par le côté nord le camp retranché de Denain, défendu par seulement 17 bataillons soit 14.000 hommes. Le maréchal-comte Pierre de Montesquiou (72 ans) mène l'opération avec 40 bataillons (plus de 30.000 hommes).
L'armée française, disposée sur quatre lignes, avance sur les retranchements, cependant qu'arrive en toute hâte l'armée du prince Eugène. Sous les salves ennemies, le maréchal accompagné de ses dragons descend dans les fossés et charge à la baïonnette. Surpris et décontenancés, les Austro-Hollandais refluent en désordre et laissent pas moins de 10 000 hommes sur le terrain.
Villars organise la poursuite de l'adversaire, s'empare le 30 juillet à Marchiennes d'une dernière poche de résistance et déploie son armée le long de l'Escaut. Les coalisés doivent évacuer le Hainaut et aussi la Flandre. Ils laissent 2000 morts sur le terrain et 7500 prisonniers (dont 4500 à Marchiennes). Les Français déplorent 500 tués et 1000 blessés.
Par sa victoire, le maréchal sauve in extremis la France de l'invasion. Il permet aussi au roi Louis XIV de boucler d'une façon honorable les négociations ouvertes à Utrecht six mois plus tôt.
Reconnaissance tardive
Presque sexagénaire, le maréchal Claude de Villars bénéficie d'une reconnaissance tardive. Retardé dans son avancement par l'hostilité du ministre Louvois et par les militaires de cour qui lui reprochent sa propension au pillage, le maréchal a dû attendre la guerre de la Succession d'Espagne pour faire la preuve de ses talents. Il s'est d'abord illustré au côté de Catinat en remportant de brillantes victoires au-delà du Rhin, à Friedlingen en 1702 puis à Hochstaedt (ou Höchstädt) l'année suivante.
Ses premiers succès lui valent d'être nommé maréchal... par ses soldats, sur le champ de bataille de Friedlingen avant que Louis XIV entérine leur choix ! Manque de chance, il est arrêté dans sa marche triomphale par le roi lui-même qui le rappelle et l'envoie dans les Cévennes pour réprimer une insurrection des Camisards protestants. Il s'acquitte de sa mission en faisant preuve d'une relative modération dans la répression.
En 1704, quand les Français sont battus à Hochstaedt, Villars accourt en catastrophe et arrive tout juste à sauver l'Alsace de l'invasion. Retranché dans Malplaquet, dans les Flandres, il doit céder la place aux troupes anglo-autrichiennes de Marlbrough et du prince Eugène. Mais avant d'ordonner la retraite le 11 septembre 1709, il inflige à l'ennemi de telles pertes que celui-ci doit renoncer à poursuivre l'invasion de la France.
Blessé grièvement au genou au cours de la bataille, il s'offre une agréable convalescence au château de Versailles et le roi le fait à cette occasion pair de France.
Enfin la paix
À peine remis de sa blessure, le maréchal reprend les armes. C'est ainsi qu'il remporte la victoire décisive de Denain, non loin de Malplaquet, à l'âge canonique de 59 ans. Cette victoire met un terme à un conflit européen vieux de plus de dix ans.
Sans attendre la fin des opérations militaires, les diplomates européens s'étaient réunis en congrès à Utrecht le 29 janvier 1712 et ils attendaient le sort des armes pour boucler les négociations de paix.
Fort du succès de Villars, le Roi-Soleil, épuisé et vieilli (74 ans), peut enfin signer le traité de paix. Quant au héros du jour, il finira sa carrière sous les honneurs, avec le titre de maréchal général des camps et armées du roi, que Louis XIV n'avait décerné avant lui qu'à Turenne. Il mourra octogénaire en 1734 au retour d'une campagne en Italie.
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
jean-marie rossi (11-09-2010 08:45:12)
il faut savoir que l'armée du maréchal villars,gagna le victoire de denain grâce à l'effet de surprise, venant de cambrai,il à arrêté ses soldats à neuville sur escaut, leur a ordonné d'enlever leurs pantalons, qu'ils déchirèrent pour les mettre aux sabots des chevaux, d'ou le nom d'une rue de neuville,la rue des sans-culottes.
l'ennemi ne les a pas entendus arriver. cette question à été posée au jeu radiophonique le jeu des milles francs animé par Lucien Jeunesse et enregistré en direct au théâtre de denain en 1970.
habitant une commune voisine,Escaudain... j'étais présent lors de cet enregistrement. je me souviens de la personne ayant posé la question, une directrice d'école primaire, mutée depuis dans une école d'Arles.