12 juillet 1690

Jacques II et les catholiques défaits à la Boyne

Le 12 juillet 1690, en Irlande, sur les rives de la Boyne, une armée irlandaise renforcée par des troupes françaises affronte une armée anglaise. Sa défaite va déboucher sur une oppression aggravée de l'Irlande par le gouvernement de Londres.

Le souvenir de cette bataille est encore une pomme de discorde entre protestants et catholiques de l'Ulster.

Alban Dignat

La bataille de la Boyne, 12 juillet 1690 (Jan Wyck, 1693)

Querelle dynastique

Jacques II Stuart, dernier roi catholique d'Angleterre, a été détrôné dix-huit mois plus tôt au profit du protestant Guillaume d'Orange, ancien stathouder (gouverneur) de Hollande, devenu devenu roi sous le nom de Guillaume III. Réfugié en France, il convainc le roi de France Louis XIV de l'aider à reconquérir son trône. Louis XIV n'y voit aucun inconvénient et lui octroie des officiers et des armes.

Comme Jacques Stuart est assuré de la fidélité du vice-roi d'Irlande, le comte de Tyrconnell (un Anglais catholique), c'est par là qu'il décide d'entamer la reconquête de son trône. Son armée débarque en mars 1689 à Kinsale, au sud de l'île, et fait sa jonction avec les troupes de Tyrconnell.

La majeure partie de l'île tombe très vite entre leurs mains. Jacques Stuart installe sans attendre un Parlement majoritairement catholique qui s'empresse d'abroger les lois qui ont permis la spoliation des terres.

Guillaume III d'Orange (1650-1702), roi d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande (auteur anonyme, début du XVIIIe siècle, National Gallery, Londres)Sans surprise, les catholiques se heurtent à une très dure résistance de la part des colons protestants d'origine écossaise particulièrement nombreux dans la province de l'Ulster. Londonderry, l'une de leurs principales cités, est assiégée et va résister pendant... 105 jours, jusqu'au 28 juillet 1689, obligeant les catholiques,découragés, à lever le camp.

Les partisans du roi Guillaume III ne restent pas inactifs.

En août 1689, le maréchal Frédéric-Armand de Schomberg (75 ans), un huguenot français émigré en Hollande, débarque à Bangor avec 20 000 hommes et marche vers le sud.

Les « Jacobites » et les « Williamites » diffèrent l'affrontement décisif le temps de l'hiver. En mars de l'année suivante, Jacques Stuart reçoit 7 000 hommes en renfort de France. En juin, Guillaume III lui-même débarque en Irlande pour prendre la tête de ses troupes, 36 000 hommes contre 25 000 environ du côté catholique.

Une bataille mémorable

L'affrontement va finalement avoir lieu sur les rives de la Boyne, non loin de Drogheda (au nord de Dublin), au petit matin du 12 juillet 1690 (1er juillet selon le calendrier julien qui était encore en vigueur en Angleterre).

Les deux armées se font face de part et d'autre d'un gué. Guillaume III envoie habilement un détachement de cavalerie vers l'amont. Jacques Stuart craint qu'il ne lui coupe ses arrières ou ne le prenne à revers : contre l'avis de Tyrconnell, il distrait une bonne partie de ses troupes vers l'amont. De la sorte, il ne lui reste plus qu'un tiers de ses hommes pour défendre le gué.

L'armée de Guillaume III peut alors traverser la rivière en chargeant l'ennemi.

Le vieux Schomberg, en menant son escadron à l'attaque, est tué d'une balle à la gorge (belle fin pour un octogénaire).

Défaite, l'armée catholique reflue vers le sud, devancée par l'ex-roi qui, lâchement, reprend sans attendre un bateau pour la France. Il jouira d'une paisible retraite au château de Saint-Germain-en-Laye sous le qualificatif de « Prétendant ».

Guillaume III retourne de son côté à Londres tandis que son armée poursuit le reste de l'armée irlandaise. Celle-ci est battue par le baron hollandais von Ginkel à Aughrim en juillet 1691. La dernière résistance militaire des Irlandais prend fin avec la reddition de Limerick et le traité signé le 3 octobre 1691 dans la même ville, qui promet la liberté religieuse aux Irlandais et des garanties concernant leurs terres... mais que les Anglais bafoueront sans attendre.

Alexander ou Alejandro O'Reilly (Dublin, 1722 ; Cadix, 23 mars 1794), portrait par Francisco GoyaDans  le camp des vaincus, 12 000 hommes refusent de se soumettre et choisissent de gagner la France ou l'Espagne pour continuer la lutte contre l'Angleterre. Ils seront suivis de beaucoup d'autres tout au long du XVIIIe siècle, comme par exemple Alexander O'Reilly (1722-1794), qui deviendra gouverneur de la Louisiane espagnole.

Ces mercenaires irlandais seront surnommés les « Oies sauvages » parce que, motivés, ils arrivent avec la régularité des oiseaux migrateurs. Ils s'illustreront notamment à Fontenoy le 11 mai 1745 au cri de : « Souvenez-vous de Limerick et de la perfidie saxonne ! ».

« The Glorious Twelve »

Le souvenir de l'année 1690 et de la Boyne hante encore les rapports entre catholiques et protestants d'Irlande. Les protestants de l'Ulster y voient la justification de leurs droits et le rappellent tous les 12 juillet.

L'Ordre d'Orange, une organisation protestante fondée en 1795 sur le modèle de la franc-maçonnerie et nommée ainsi en souvenir de Guillaume III d'Orange, « King Billy », organise tous les ans de grandes parades à Londonderry et dans le reste de la province ce jour-là : « The Glorious Twelve » (Le Glorieux Douze). Les mots d'ordre et les slogans sont sans équivoque : « Remember 1690 ! » («Souviens-toi de 1690 ! ») et «No surrender ! » (« Pas de reddition ! », en souvenir des apprentis qui défendirent Londonderry).

Publié ou mis à jour le : 2019-09-25 10:32:36
Antoine Malette (24-10-2007 03:12:58)

J'aime bien la phrase suivante ... "Le vieux Schomberg, en menant son escadron à l'attaque, est tué d'une balle à la gorge (belle fin pour un octogénaire)." Sinon, ce fut un très bon article.... Lire la suite

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