Le 27 mai 1672, quatre vingt mille soldats commandés par le maréchal de Turenne marchent sur la Hollande. Ils rejoignent sur la Meuse quarante mille hommes sous les ordres du prince de Condé. Le roi de France Louis XIV escompte une guerre rapide, histoire de punir et rançonner une république de marchands qui a eu le front de monter contre lui une Triple-Alliance avec la Suède et l'Angleterre.
Les diplomates français ont réussi à se rallier la Suède et même l'Angleterre, sans compter la Bavière, Münster et Liège. Les Hollandais ont pu de leur côté reconstituer une Quadruple-Alliance avec le Saint Empire, le Brandebourg et leur ancienne tutrice, l'Espagne ! Contre toute attente, ils vont tenir en échec le plus grand roi de la chrétienté et ce dernier n'obtiendra la victoire qu'au prix de violences indignes...
Louis XIV, grand communiquant, organise son existence comme une représentation de théâtre. Pendant la guerre de Hollande (1672-1678), il se comporte pour la première fois en chef de guerre et les peintres célèbrent à l’envi son exploit de la traversée du Rhin, le 12 juin 1672 au gué de Tolhuis, près de Nimègue. Il ne cessera dès lors de se montrer à la tête de ses troupes, du moins jusqu'au siège de Namur (1694), lui aussi célébré par les peintres.
Promenade militaire
Sorti victorieux de la guerre de Dévolution, le jeune Roi-Soleil veut punir la république des Provinces-Unies (couramment assimilée à la Hollande). Il y est encouragé par Louvois, nouveau ministre d'État. Et l'économe Colbert lui-même se réjouit à la perspective de cette rapine. « Si le roi assujettissait toutes les provinces unies des Pays-Bas, leur commerce devenant le commerce des sujets de Sa Majesté, il n'y aurait rien à désirer davantage », écrit le contrôleur général des finances.
Par l'entremise de sa belle-soeur Henriette d'Angleterre, Louis XIV convainc le roi d'Angleterre Charles II Stuart de se joindre à lui pour une guerre qui doit être courte et fulgurante. Charles II y consent car il est lui-même catholique et souhaite briser la concurrence des Provinces-Unies dans le commerce transcontinental. Cette alliance franco-anglaise est la première... depuis le mariage d'Aliénor d'Aquitaine et Henri Plantagenêt en 1152, près de cinq siècles plus tôt.
L'Angleterre déclare la guerre aux Provinces-Unis le 28 mars 1672 et la France le 6 avril 1672. En juin 1672, l'amiral hollandais Ruyter sauve son pays d'une invasion franco-anglaise par la mer mais ne peut empêcher la traversée du Rhin par l'armée française. Les troupes avancent sans rencontrer de résistance. Face à elles, le prince d'Orange ne dispose que de vingt mille hommes. L'affrontement se solde par une victoire française, même si le prince de Condé est blessé au poignet en conduisant la charge des cavaliers. Turenne est à Arnheim. Amsterdam n'est plus qu'à une journée de marche. Mais le roi, tel le lièvre de la fable, n'a cure d'un triomphe trop facile. Il prend son temps.
Les Hollandais en profitent pour se ressaisir. Le 20 juin, ils ouvrent les écluses de Muyuden pour inonder le plat pays, freiner la progression des troupes ennemies et protéger Amsterdam. Là-dessus, le grand pensionnaire Jan de Witt fait une offre de paix généreuse mais Louis XIV la refuse avec hauteur.
Nation en armes
Tandis que les soldats français pillent tant et plus le pays, les Hollandais n'ont plus alors d'autre choix que de résister. Ils renversent le gouvernement de Witt, jugé trop accommodant, et portent à leur tête Guillaume III d'Orange. Il est élu stathouder de Hollande et capitaine général des Provinces-Unies.
Ce calviniste fanatique, héritier de Guillaume Ier le Taciturne (dont descend aussi le maréchal de Turenne), va se révéler pendant trente ans l'ennemi le plus acharné du Roi-Soleil. Il mobilise contre la France l'électeur de Brandebourg et l'empereur Léopold Ier de Habsbourg.
Avec la résurgence d'une nouvelle coalition européenne contre la France, la guerre de Hollande, qui devait n'être qu'une expédition éclair, va se révéler une guerre longue et coûteuse. Louis XIV s'en lasse et en confie le commandement au maréchal de Luxembourg avant de lui-même rentrer à Paris. Pendant l'hiver, le maréchal tente d'approcher d'Amsterdam en marchant sur les étangs gelés mais la glace rompt, entraînant la noyade de nombreux dragons. Turenne, de son côté, lutte contre les Brandebourgeois, autrement dit les Prussiens.
Les libelles imprimés par les Hollandais dénoncent dans toute l'Europe les atrocités françaises, comme en particulier l'incendie du village de Swammerdam et de ses habitants par les troupes du maréchal de Luxembourg.
Avec l'engagement de l'Espagne aux côtés des Hollandais, c'est à une Quadruple-Alliance que doit faire face le Roi-Soleil. Il décide donc d'entamer des négociations.
Le triomphe de Louis le Grand
En 1678 s'ouvrent à Nimègue les négociations de paix entre la France et les puissances coalisées. Après la signature de quatre traités, elles se clôturent le 5 février 1679 sur le triomphe de Louis le Grand. Oubliés les revers et les exactions de la guerre.
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