16 août 1653

Les naufragés du Sperweer, premiers Européens en Corée

Du XVIIe au XIXe siècles, la Corée, gravement éprouvée par les invasions mandchoues, se referma sur elle-même, considérant le monde extérieur comme un espace hostile d'où ne cessaient de déferler des hordes d'envahisseurs. Cela lui valut la réputation de « Royaume ermite ».

Mais le 16 août 1653, un typhon entraîna le naufrage sur les côtes coréennes d'un navire de la Compagnie des Indes Orientales (VOC), le Sperweer. Première rencontre entre la Corée et l'Europe...

Le naufrage du Sperweer

Le Sperweer se rendait à Deshima, le comptoir hollandais de Nagasaki, au Japon, les cales remplies de sucre, de camphre de Bornéo et de peaux de daims. Sur les 64 hommes d'équipage, 36 survécurent au naufrage. Ces miraculés ne furent toutefois pas près de revoir leur pays natal.

Bien que le roi Hyojong fut un souverain éclairé et relativement bienveillant, il craignit que ces étrangers, s'il les laissait repartir, ne divulguent des informations compromettantes pour la sécurité du pays, déjà durement éprouvé. Il avait également eu vent des violents affrontements qu'avait connus le Japon lorsque la population de certaines régions, majoritairement convertie au christianisme, s'était révoltée contre les redevances que levaient les seigneurs.

Bien traités mais retenus en Corée contre leur gré, les Hollandais, menés par Hendrik Hamel, sont donc enrôlés dans la garde royale, qu'ils doivent faire profiter de leurs connaissances en artillerie. Ils essayent cependant de s'enfuir, grâce à la complicité d'un émissaire mandchou. Immédiatement repris, ils sont envoyés en exil, dans une province où ils passent les treize années suivantes.

Au bout de ces longues années, Hendrik Hamel et sept de ses compagnons parviennent finalement à s'enfuir et à gagner le Japon. Les responsables de la VOC sont stupéfaits de voir apparaître les fantômes de ces marins, qu'ils croyaient ensevelis dans l'océan depuis longtemps.

Prisonniers du « royaume ermite »

Grâce à cette plongée involontaire dans une contrée mystérieuse, Hendrik Hamel devient l'auteur de la première description de la Corée dont disposent les Occidentaux.

Sa Relation du naufrage d'un vaisseau hollandais sur la côte de l'île de Quelpaert avec la description du Royaume de Corée, publiée en 1668 à Rotterdam et Amsterdam, fera même référence pendant deux siècles. Poussé par un éditeur désireux de pimenter la description du pays, Hamel décrit pourtant des eaux coréennes infestées de crocodiles, un animal alors très en vogue en Europe mais qui ne peupla jamais le « Pays du Matin calme » !

Pour leur part, les Coréens gardent dans leurs annales le souvenir d'étranges étrangers aux moustaches rouges et aux yeux ronds et bleus, qui se nourrissaient de vin et de viande et écrivaient par lignes horizontales, de la gauche vers la droite.

Timides ouvertures

Il faudra toutefois attendre la fin du XVIIIe siècle pour que le premier Coréen se convertisse au catholicisme, baptisé par un prêtre portugais. Mais quand les conversions se multiplient et que des chrétiens sont surpris en train de brûler des tablettes ancestrales pour marquer leur refus du culte des idoles, les milieux traditionnels confucéens réagissent violemment. Les chrétiens sont persécutés et le pays à nouveau complètement fermé aux influences extérieures, jusqu'à la fin XIXe siècle.

« Non à l'invasion des barbares d'Occident, signer une paix avec eux, c'est vendre le pays », peut-on lire sur les stèles aux croisées des chemins coréens sous le règne du roi Kojong, de 1863 à 1907. Néanmoins, malgré ce rejet de l'Occident parfois mêlé de xénophobie, le pays ne peut résister indéfiniment à la pression de plus en plus forte des puissances occidentales. En 1894, il s'ouvre finalement au commerce international, avant de tomber sous la coupe du Japon quelques années plus tard.

Béatrice Roman-Amat
Publié ou mis à jour le : 2023-07-25 15:14:10
VINTOTAL (15-08-2023 14:28:08)

Et un autre pays de la région qui refusa de s'ouvrir avant de péricliter.

Jacmé (13-08-2023 17:43:29)

Amusant ! Je suis sur que je sais maintenant d'où James Clavell a tiré une grande partie de la base de son livre "Shogun" même si il a légèrement déplacé le lieu où se déroule l'action !

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