24 octobre 1648

Les traités de Westphalie

Le 24 octobre 1648 sont publiés deux traités négociés en Westphalie (province occidentale de l'Allemagne) par les représentants des puissances européennes réunis en congrès pendant plus de quatre ans.

Le congrès a été ouvert en mai 1644 par l'empereur Ferdinand III, titulaire du Saint Empire romain germanique, à la demande de la Diète de Francfort, pour mettre fin à l'interminable guerre de Trente Ans qui a saigné à blanc l'Allemagne.

Les représentants des puissances belligérantes se réunissent à Münster en ce qui concerne les délégations catholiques (France, Espagne, Saint-Empire) et Osnabrück en ce qui concerne la Suède et le Saint-Empire. 150 principautés allemandes ainsi que la République de Venise et le Saint-Siège, en qualité de médiateur, sont aussi de la partie. Il s'ensuit deux traités qui entérinent l'émiettement politique de l'Allemagne ainsi que l'indépendance des Provinces-Unies (les Pays-Bas actuels). Les deux grands vainqueurs du conflit sont la Suède, devenue la principale puissance de la mer Baltique, et la France, son alliée, désormais sans rivale en Europe occidentale.

Alban Dignat
Une première diplomatique

Les conférences réunies en Westphalie à la fin de l'été 1648 ont un caractère inédit sinon révolutionnaire. C'est en effet la première fois que se retrouvent autour d'une table de négociation les grands États d'Europe. Et c'est la première fois aussi que sont définies les relations entre les États dans le respect de la souveraineté de chacun.
Il n'est plus question comme au Moyen Âge d'une chrétienté occidentale unie autour d'une foi commune sous la haute autorité du souverain pontife. Chaque monarque est désormais maître chez lui, y compris en matière religieuse !

L'Europe après les traités de Westphalie (1648)

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Cette carte montre les divisions politiques de l'Europe en 1648, à l'issue des traités de Westphalie qui ont mis fin à la guerre de Trente Ans.
On peut observer la division de l'Allemagne et de l'Italie en de nombreuses principautés et la survie à l'est du continent d'États vastes mais fragiles.

L'Allemagne hors jeu

Les traités de Westphalie ont été habilement négociés par les représentants du chancelier suédois Axel Oxenstierna, qui a poursuivi l'oeuvre engagée par le roi Gustave Adolphe, et du cardinal Mazarin, représentant les intérêts français. Leur conclusion est hâtée par la victoire du prince de Condé à Lens le 20 août 1648 et par la marche de Turenne sur Vienne et du Suédois Wrangel sur Prague, qui lèvent les hésitations de l'empereur.

Le premier traité est conclu à Osnabrück le 6 août 1648 entre l'empereur d'Allemagne, la Suède et les puissances occidentales, le second à Münster le 8 septembre 1648 entre l'empereur et la France.

– Émiettement politique

Ces traités consacrent l'affaiblissement de l'empereur allemand.

Traité de paix avec l?Empire, dit traité de Westphalie. Munster, 24 octobre 1648.Issu sans discontinuer depuis deux siècles de la prestigieuse dynastie des Habsbourg, l'empereur ne possède plus qu'une autorité symbolique en Allemagne, émiettée en plus de 350 principautés plus ou moins grandes, jalouses de leur indépendance.

Les princes allemands peuvent conclure des alliances à la seule réserve qu'elles ne soient pas dirigées contre l'empereur. Tous participent à la Diète de Francfort et l'empereur ne peut plus prendre aucune décision sans l'accord de cette assemblée, ce qui réduit à néant son autorité effective sur les États autres que les siens.

La Suisse et les Provinces-Unies (Pays-Bas actuels) se voient reconnaître une pleine indépendance, en-dehors de l'empire.

– Émiettement religieux

Les traités consacrent également la division religieuse de l'Allemagne instituée un siècle plus tôt par la diète d'Augsbourg. Les princes peuvent imposer leur confession à leurs sujets : catholique, luthérienne ou calviniste, selon le principe : cujus regio, ejus religio (« tel souverain, telle religion »). Le pape Innocent X s'empresse de condamner ce principe mais, signe des temps, aucun gouvernant ne se soucie de son avis.

La Suède obtient dans les limites du Saint Empire romain germanique la Poméranie occidentale, les évêchés de Wismar et Verden, l'évêché de Brême (sans la ville, qui demeure indépendante). Elle acquiert ainsi le contrôle des estuaires de l'Elbe, de la Weser et de l'Oder. Ces territoires restent dans le Saint-Empire de sorte que leur nouveau souverain, le roi de Suède, devient prince de l'empire et acquiert le droit de siéger à la Diète de Ferancfort.

La France est confirmée dans la possession des Trois-Évêchés lorrains de Metz, Toul et Verdun, ainsi que de la plus grande partie de l'Alsace, à l'exception notable de Strasbourg que Louis XIV annexera en 1681, et de Mulhouse, ville libre associée à la confédération helvétique.

Les territoires cédés à la France sont détachés du Saint-Empire pour éviter que le roi de France ne siège à la Diète de Francfort. Mais la France s'engage à reconnaître les droits des princes allemands possessionnés en Alsace.

Dix ans plus tard, en 1659, la paix des Pyrénées et la paix du Nord allaient confirmer la prépondérance du Roi-Soleil en Europe.

La proclamation de la paix de Münster à Anvers, Maximiliaen Pauwels, 1649, musée royal des Beaux-Arts d'Anvers.

L'Allemagne après les traités de Westphalie (1648)

La réorganisation de l'Europe centrale instituée par les traités de Westphalie va perdurer jusqu'à la Révolution française, 150 ans plus tard. Ce « système westphalien » prive l'Allemagne de tout rôle politique en Europe jusqu'à l'arrivée de Bismarck... Mais en émiettant l'Allemagne, il favorise une saine émulation entre les princes, chacun ayant à coeur de favoriser les arts et les lettres pour sa plus grande gloire à défaut de pouvoir faire la guerre. On peut dire que les beautés de Dresde ainsi que Mozart, Bach, Beethoven ou encore Goethe sont les fruits des traités de Westphalie !

Publié ou mis à jour le : 2024-09-17 17:20:19
BREILLAT Déborah (22-06-2021 16:51:42)

Ezodu avait tout à fait raison en 2018, c'est encore plus vrai maintenant, en Juin 2021. Il y a deux manières de voir les choses, soit sur le plan national, soit sur le plan international.
Sur le plan international, malheureusement, l'Islam aujourd'hui qui est intrinsèquement totalitaire, à partir du moment où il se prétend être la seule vérité, comme le fut l'Eglise Catholique, est aussi puissant qu'elle l'a été, sinon davantage grâce à la fois au nombre d'Etats musulmans et aux pétrodollars, qui permettent d'en "acheter" d'autres. Chaque Etat, seul responsable de sa politique étrangère, n'agit que dans ses propres intérêts. Et en démocratie, les minorités agissantes usent aussi bien des pétrodollars... que de la victimisation qui sollicite les bonnes âmes. L'ignorance de ce qu'est vraiment l'Islam fait croire à tout le monde que "l'islamisme" est un extrême exceptionnel. Il ne l'est pas, il procède des versets du Coran qui s'appliquent à TOUT "bon" musulman.
Néanmoins, sur le plan international, il y aurait une solution aux Nations Unies. Elle s'appelle "Naming and Bashing", et consisterait à suspendre le droit de vote aux Etats qui ne respectent pas les droits de l'homme. Mais, pour cela, il faudrait beaucoup de courage de la part du petit nombre de démocraties qui demeurent, et surtout du Secrétaire général.

edzodu (24-10-2018 11:24:07)

Sommes-nous vraiment guéri de nos intolérances en matière religieuses ?
Sommes-nous en capacité de faire front à la vague déferlante d'une idéologie religieuse totalitariste et contraire à nos pratiques, alors que celles-ci s'amenuisent globalement avec "l'individualisation" Informatique interposé" de l'homme occidental ?
De mon point de vue, nous sommes en train de reproduire les mêmes travers qu'au 17ème siècle, et ce qui conduisit à la guerre de trente ans.
Un signe, qui ne trompe pas: La montée des nationalismes en Europe sont un éclairage qui devrait nous faire réfléchir et nous conduire à montrer à nos dirigeants politiques, que les bavardages dans les chambres diplomatiques ne sont pas ceux des cris des peuples. Et qu'il seraient bien inspirés d'en tenir compte pour ne pas nous précipiter dans un abîme mortel dont les conséquences seraient encore et toujours "aux frais des peuples"

Jacques Boutté (13-02-2009 18:28:06)

ALLEMAGNE

Dieu avait rassemblé d'anciens groupes errants
Entre Rhin et Danube.Ces peuples conquérants,
Aux traditions unes, homogènes de sang,
De semblable langage au détail des accents,
Avaient tout pour s'entendre et dominer le monde
En logique . . . Est-ce ainsi que les états se fondent ?

Devant ce grand péril il fallut que nos rois,
Soutenant l'Electeur, aidant le Bavarois,
Les tiennent divisés,se montrent diplomates,
Protègeant les petits des menées autocrates.
Ce jeu là inventé au cours du Moyen-Age
Ne fût jamais écrit mais valait un message !

Bien sûr il a fallu parfois montrer les dents
Et le Palatinat s'en souviendra longtemps .
Pour se défendre aussi il a fallu gagner
Jusqu'au Limes romain, mettre en notre panier
L'Alsace, la Lorraine et la Franche-Comté
Et les assimiler plutôt que les dompter .

L'idée de nation ayant fait son chemin
Il se trouva quelqu'un pour unir les Germains .
Si la logique, à terme, y trouve tout son compte
L'Empereur supporte une posthume honte,
Responsable qu'il est de cinq invasions ! ! !
Romantique chimère !Coupable illusion . . . .

"En toute chose il faut considérer la fin"
Disait certain renard juste au sortir du puits.
En politique aussi il faut prévoir afin
De garder sa frontière. C'est ce que l'on déduit
De l'Histoire où l'humain singe les animaux :
Un chef a le devoir de prévenir les maux !

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