Les dernières années du règne de Louis XIII sont marquées par des révoltes anti-fiscales, dont la plus célèbre est celle des Croquants (surnom méprisant donné aux paysans), en 1637.
D'autres révoltes ont déjà secoué la France dès le règne d'Henri IV, père de Louis XIII, ou vont affecter celui de Louis XIV, fils de Louis XIII. Elles sont le signe de la dureté des temps et de la grande misère des paysans du Grand Siècle...
Misères du Grand Siècle
Louis XIII est confronté à une première révolte fiscale en 1624, quand son gouvernement lève l'exemption de la gabelle dont bénéficiait le Quercy. Les paysans de cette province se soulèvent alors par milliers. Armés d'outils, de bâtons et de piques, ils brûlent les propriétés et les récoltes des collecteurs, avant que Richelieu n'envoie la troupe et ne fasse exécuter les deux chefs de la révolte.
Une partie de l'Angoumois et du Périgord se soulève à son tour le 22 avril 1637. La population de ces provinces est exaspérée par la création d'une taxe sur le vin et par la présence de troupes dans les campagnes, auxquelles une ordonnance contraint de fournir des rations de blé.
Dirigés par un gentilhomme, La Mothe-La-Forest, les insurgés s'attaquent aux collecteurs d'impôts et forment une armée de quelque 8000 hommes. La rébellion s'étend, atteint le Haut-Quercy, entre Lot et Dordogne.
Pas moins de 3 000 hommes de l'armée royale sont obligés d'abandonner la surveillance de la frontière espagnole pour venir mater le soulèvement. Celui-ci se conclut le 1er juin 1637 par la bataille de La Sauvetat-du-Dropt, au prix d'un millier de victimes.
Les chefs des Croquants sont condamnés à mort, au bannissement ou aux galères mais la masse des paysans et villageois est traitée avec plus de mansuétude. Le Premier ministre, le cardinal de Richelieu, accorde une large amnistie, ayant besoin de toutes ses forces pour combattre l'Espagne.
Selon l'historien Yves-Marie Bercé, la révolte des Croquants constitue « la plus grande crise d'insurrections populaires de la monarchie », même si elle a été moins meurtrière que la Grande Jacquerie de 1358. Les années 1636 et 1637 sont également marquées par des manifestations en Bretagne, où la rumeur courait que la gabelle allait y être introduite, et des soulèvements dans le Poitou.
Révoltes des champs, révoltes des villes
Deux ans plus tard, à l'été 1639, survient la révolte des Nu-pieds. Elle est provoquée par la levée de l'exemption de la gabelle dans le Cotentin. Le collecteur des impôts royaux d'Avranches, Charles Le Poupinel, est tué le 16 juillet 1639. Là-dessus, la révolte s'étend jusqu'à Caen, Rouen et Bayeux, sous la direction d'un certain Jean Quetil, surnommé « Jean Nu-Pieds ».
Les révoltés sont les nombreux paysans sauniers qui vivent de la production de sel autour du mont Saint-Michel et réclament la suppression de tous les impôts établis après la mort d'Henri IV. Ils sont encadrés par les prêtres et rejoints par des gentilshommes pauvres qu'exaspère l'arbitraire royal. Dans la foulée, les commerçants de Rouen s'insurgent contre la création d'une taxe sur les étoffes teintes. Le soulèvement est écrasé par Richelieu avec plus de dureté que celui des Croquants.
Puis, en juin 1643, le Rouergue se soulève à son tour contre la taille. Dix mille paysans, sous la direction d'un certain Bernard Calmels, entament le siège de Villefranche-de-Rouergue. Ils sont défaits par les troupes de Mazarin.
Dans un contexte de montée de l'absolutisme, la centralisation administrative et la mise en place d'une fiscalité homogène s'imposent dans la douleur. Les inégalités sociales s'accroissent. C'est ainsi qu'ému par la grande misère du peuple, saint Vincent de Paul fonde les Filles de la Charité, un ordre au service des malades et des enfants trouvés (1634).
Le pire reste à venir, une génération plus tard, avec la révolte des Bonnets rouges en Bretagne...
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