8 novembre 1620

La Bohême meurt à la Montagne Blanche

Le 8 novembre 1620, une armée de mercenaires met en déroute les protestants de Bohême (aujourd'hui la République tchèque). C'est le premier épisode guerrier de la guerre de Trente Ans. Il va déboucher sur la soumission de la Bohême à la maison des Habsbourg pendant près de trois siècles...

Les protestants en rébellion

Après la « défenestration de Prague », les nobles protestants s'étaient révoltés contre l'empereur d'Allemagne Ferdinand II, successeur de Matthias Ier de Habsbourg, qui voulait attenter à leur liberté de conscience et avait interdit la construction de nouveaux lieux de culte. La Bohême avait répliqué en offrant la couronne royale à l'Électeur palatin Frédéric V, plus tard surnommé « roi d'un hiver »...

Jean T'Serclaes, comte de Tilly (février 1559, Tilly, Brabant ; 30 avril 1632, Ingolstadt) anonyme, vers 1620-1630, Deutsches historisches museum, Berlin)L'armée de l'empereur Ferdinand II poursuit les armées des États de Bohème conduites par le comte Matthias von Thurn et le jeune roi Frédéric V.

L'ultime affrontement se situe aux portes de Prague, sur une hauteur appelée Montagne Blanche (Bílá Hora en tchèque), sur laquelle s'est repliée l'armée tchèque, qui compte 21 000 hommes dont une bonne part de mercenaires étrangers. Épuisés, affamés et non payés depuis plusieurs mois, ils fortifient tant bien que mal le site.

Là-dessus arrivent les Impériaux, au nombre de 25 000 environ, sous le commandement d'un énergique chef de guerre, le comte wallon Jean de Tilly. Ils liquident l'affaire dans l'après-midi, en à peine deux heures.

Les Impériaux perdent quelques centaines d'hommes et leurs ennemis environ deux mille hommes. L'armée des États de Bohème, démoralisée, se débande et renonce à défendre Prague.

La bataille de la Montagne blanche, 8 novembre 1620 (1620, Pieter Snayers)

Répression et soumission

Dès le lendemain de la bataille, l'empereur Ferdinand II de Habsbourg entre à Prague cependant que Matthias von Thurn s'est enfui vers la Moravie. Les habitants, qui se son rendus sans barguigner, espèrent l'indulgence du vainqueur mais celui-ci exerce une féroce répression contre ses sujets protestants de Bohême.

Le 21 juin 1621, à Prague, vingt-quatre meneurs de la rébellion sont décapités au sabre. On coupe la main droite à certains nobles qui ont conspiré contre l'empereur avant de les décapiter. Leurs têtes sont exposées sur la grande place de la ville. Trois nobles sont pendus. Un est grâcié. D'autres rebelles sont écartelés... La noblesse tchèque est dépossédée de ses terres et remplacée par de petits nobles catholiques de souche allemande. L'Université est livrée aux Jésuites et aux germanophones.

Une nouvelle Constitution rattache la Bohême aux États héréditaires de la famille des Habsbourg. C'en est fini de l'autonomie de ce royaume à population majoritairement slave enclavé au coeur de l'Empire germanique où il joua longtemps un rôle culturel et politique de premier plan.

La bataille de la Montagne Blanche marque aussi le début d'une guerre entre protestants et catholiques qui gagnera l'Allemagne du nord. Cette terrible guerre de Trente Ans se soldera par une diminution de moitié de la population allemande et ruinera pour deux siècles la puissance politique de l'Allemagne.

Alban Dignat
Origines de la Bohême

Bien que peuplée par un peuple de langue slave, les Tchèques, la Bohême (on écrit aussi Bohème) tire son nom de très anciens habitants, les Celtes Boïens. C'est au Moyen Âge un duché puis un royaume héréditaire prospère sous la dynastie des Prémyslides, à l'intérieur du Saint Empire.

Le royaume étend ses frontières mais s'ouvre aussi à de nombreux immigrants de langue allemande qui vont faire de Prague un haut lieu de la culture germanique. Après l'extinction de la dynastie nationale des Prémyslides en 1306, le trône revient par le hasard des alliances matrimoniales à la maison de Luxembourg.

Le roi Jean de Luxembourg, élevé en Lorraine et de culture française, marie sa fille, Bonne, au roi de France Jean II le Bon. Bien qu'aveugle, il meurt à 50 ans à Crécy, en bataillant les armes à la main contre les Anglais, en 1346. En son souvenir, le drapeau tchèque flotte toujours sur le site de la bataille, non loin d'Abbeville.

Le pont de pierre à Prague (aujourd'hui pont Charles), sur la Moldau

Charles IV, fils de Jean de Luxembourg, est élu empereur d'Allemagne. Attentif aux affaires de Bohème, il porte Prague à son apogée. Il fonde l'Université et construit le splendide pont de pierre qui relie le château royal, le « Hradschin », à la ville par-dessus la Moldau (en tchèque, Vltava). Ce pont, agrémenté de statues de saints, sera rebaptisé pont Charles au XIXe siècle en l'honneur de son commanditaire.

De nouvelles alliances matrimoniales vont ensuite entraîner la Bohême dans l'orbite des Habsbourg d'Autriche. La bataille de la Montagne Blanche aura raison de son indépendance.

Publié ou mis à jour le : 2024-10-02 14:02:59
Piguet (21-06-2021 05:07:57)

À cette adresse un commentaire plus détaillé sur le sujet (google traduction est en principe suffisant) Ce que je repproche à votre article, c'est de passer sous silence l'effroyable répression de tout le peuple tchèque à l'époque exercée par les Habsbourg, répression qui n'avait rien de chrétien.

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