Le 27 février 1594, dans la cathédrale de Chartres, Henri, roi de Navarre, devient roi de France sous le nom d'Henri IV.
Contrairement à la tradition, le nouveau souverain n'a pu se faire sacrer à Reims car la ville est entre les mains de ses ennemis, la famille de Guise et les Ligueurs. Il n'empêche qu'avec ce sacre, les Français commencent à entrevoir la fin des guerres religieuses entre catholiques et protestants qui ont ensanglanté le pays pendant une génération.
Le précédent roi, Henri III, est mort cinq ans plus tôt, le 2 août 1589, poignardé par un moine fanatique, Jacques Clément. Comme il n'avait pas de fils, la couronne de France revient à son cousin Henri de Navarre, fils d'Antoine de Bourbon et de Jeanne d'Albret. Mais ce dernier est protestant et la majorité catholique du royaume n'admet pas qu'il monte dans ces conditions sur le trône...
La guerre religieuse se double dès lors d'une guerre civile.
Les catholiques intransigeants se regroupent derrière la famille de Guise. La Ligue catholique transgresse les règles de succession et désigne pour nouveau souverain l'oncle d'Henri de Navarre, le cardinal Charles de Bourbon. Celui-ci prend le nom de Charles X.
De son côté, le roi d'Espagne, Philippe II, qui se présente comme le champion européen de la Contre-Réforme catholique, tente d'imposer sur le trône de France sa fille Isabelle, petite-fille de l'ancien roi Henri II.
L'armée catholique, conduite par le duc de Mayenne, de la famille de Guise, est battue par Henri à Arques puis à Ivry, dans le nord de la France. C'est au cours de cette bataille, le 14 mars 1590, face à des troupes catholiques beaucoup plus nombreuses, que le truculent Béarnais, jouant son va-tout, aurait lancé son apostrophe célèbre : « Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez toujours au chemin de l'honneur et de la victoire ! »
Henri comprend qu'aussi nombreuses que soient ses victoires, elles ne lui permettront jamais de se rallier la majorité du royaume. Il décide de se convertir à la religion dominante sur les conseils de son ami Maximilien de Béthune, futur duc de Sully, lui-même protestant... et de sa jeune maîtresse Gabrielle d'Estrées.
C'est ainsi que le 25 juillet 1593, il abjure la foi protestante et demande à devenir catholique. C'est la sixième et dernière fois qu'il change de religion ; enfant, il avait dû se convertir selon qu'il passait sous la tutelle de son père catholique ou de sa mère protestante ; il avait dû également se convertir au catholicisme après le massacre de la Saint-Barthélemy avant de revenir à la foi de sa mère.
Il se présente donc devant le portail de l'abbatiale de Saint-Denis, au nord de Paris. « Qui êtes-vous ? lui demande monseigneur de Beaune, archevêque de Bourges, en grand apparat.
- Je suis le roi, répond Henri.
- Que demandez-vous ?
- À être reçu dans le giron de l'Église catholique, apostolique et romaine ».
Là-dessus, le roi s'agenouille et jure de mourir dans la religion catholique. L'archevêque lui donne l'absolution et le roi baise son anneau.
L'année suivante, enfin, Henri ose se faire sacrer roi à Chartres et quelques semaines plus tard, il rentre triomphalement à Paris, sa capitale, en bénéficiant de la complicité du gouverneur de la ville, le duc de Brissac.
Henri IV témoigne à cette occasion d'un sens politique assez rare en faisant fi de tout esprit de revanche.
Encouragés par son indulgence... et sa générosité, ses anciens ennemis se rallient sans difficulté. Il ne lui reste plus qu'à renvoyer les troupes espagnoles qui étaient entrées en France sous prétexte de défendre la cause catholique.
Avec l'Édit de de Nantes, quatre ans plus tard, Henri IV pousse la hardiesse jusqu'à offrir de solides garanties de sécurité à la minorité protestante, sans craindre de heurter ses contemporains pour qui il est inconcevable qu'un souverain se fasse respecter de sujets d'une autre religion que la sienne.
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