Les jeux d'argent sont aussi anciens que l'argent lui-même mais c'est seulement à la Renaissance que nos gouvernants s'y adonnent, y voyant un moyen indolore, voire agréable, de ponctionner les ressources de leurs sujets !
La première loterie d'État (lotto) est organisée à Florence en 1530. Le roi de France François Ier, très attentif comme chacun sait aux innovations d'outre-monts, introduit la loterie dans son royaume par un édit du 21 mai 1539. Mais le prélèvement de l'État sur les enjeux est tel qu'il décourage les joueurs.
L'idée est relancée en 1644 par Mazarin qui propose comme lots des objets précieux. Il s'agit de financer les églises et les institutions de piété. Le 15 octobre 1757, Louis XV établit une loterie permanente pour financer sa nouvelle École Militaire.
Enfin, Louis XVI fonde le 30 juin 1776 l'ancêtre de notre actuelle loterie : la Loterie Royale, épaulée par 700 buralistes et des colporteurs qui, deux fois par mois, « vendent de la chance ». Elle rapporte 11 millions de livres en 1789 mais, au nom de la morale, les républicains la suppriment le 15 novembre 1793. Nécessité faisant loi, ils restaurent néanmmoins une loterie le 30 septembre 1797. Louis-Philippe Ier la supprime le 21 mai 1836, n'autorisant que les loteries de bienfaisance.
Après la Première Guerre mondiale, on y revient avec le dessein d'aider les « Gueules cassées » (soldats victimes de graves mutilations faciales). C'est la naissance de la Loterie Nationale le 22 juillet 1933.
Une nouvelle étape est franchie avec la création du Loto le 10 juillet 1975, sans autre motivation que de restaurer les finances publiques altérées par la crise. Enfin, en 2010, sont légalisés (et taxés) les jeux en ligne. On n'invoque plus la morale ou la protection des personnes psychologiquement fragiles mais seulement le « réalisme » qui voudrait que l'on ne puisse résister à la pression d'Internet ou aux injonctions des libéraux de Bruxelles.
On peut lire avec intérêt l'ouvrage dont s'est inspiré cet article : Le grand livre des loteries (Gérard Descotils et Jean-Claude Guilbert, L'Archipel, 1993).
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Fred (22-05-2017 09:50:31)
La derniere phrase n'est pas a la hauteur de l'article. Cela n'a rien a voir a vec la presion, mais plutot l'imposibilite d'interdire les jeux online avec des serveurs externes. Et quitte a ce que les... Lire la suite
Johanne Brien"dit"Desrochers-D (06-08-2006 15:37:15)
il faut tenir compte aussi, que le roi de France, Francois 1er, était accompagnée de sa maîtresse: la vicomtesse de Châteaubriant. Il a dû vouloir lui l'épater, elle aussi, d'abord.
Marie (10-06-2006 15:27:54)
votre article m'a vivement interessée, je n'avais jamais trouvé un article aussi détaillé sur ce sujet. Merci