21 mai 1536

Genève passe à la Réforme avec Calvin

Le 21 mai 1536, à Genève, le Conseil des Deux Cents se prononce en faveur de la Réformation religieuse à l'instigation de Calvin (ou Jean Cauvin). La petite république urbaine va dès lors devenir le siège européen du calvinisme, la forme la plus rigoureuse du protestantisme.

Calvin va développer une activité insatiable de sorte qu'à sa mort, le 27 mai 1564, à 54 ans seulement, on comptera déjà dans le monde davantage de calvinistes que de luthériens.

Gabriel Vital-Durand
Un prédicateur français

Deuxième grande figure de la Réforme protestante, après Martin Luther, son aîné et devancier, Jean Cauvin est né le 10 juillet 1509 dans une famille de petite bourgeoisie à Noyon (Picardie). Prenant le nom de Calvinus selon la mode du temps, il étudie à la Sorbonne de Paris puis à Orléans et Bourges, apprend le latin, le grec et l'hébreu et démontre très jeune des qualités de dialecticien redoutable.

Portrait de Jean Calvin (1509-1564).

En 1533, il manifeste à travers un discours à l'Université de Paris son intérêt pour les thèses luthériennes et la Réforme.

Mais l'affaire des placards le compromet et, en 1535, il s'enfuit à Nérac, auprès de la bienveillante Marguerite de Navarre, puis à Bâle.

C'est là qu'il publie en latin son ouvrage majeur, L'Institution de la religion chrétienne, à l'intention du roi François 1er ! Il en fera lui-même la traduction en français et ne cessera de l'améliorer au fil des rééditions jusqu'en 1559. Cet exposé de la foi réformée, notons-le, marque une étape importante dans l'évolution de la langue française.

Calvin développe l'idée de prédestination : Dieu étant tout-puissant, le salut (la vie éternelle) est octroyé par une décision divine incompréhensible pour les hommes ; il s'ensuit que les fidèles doivent remettre leur confiance entre les mains de Dieu.

Le prédicateur prône une religion dépouillée de ses rites et de la plupart des sacrements catholiques, n'en retenant que deux sur sept : le baptême et la Sainte Cène (l'eucharistie). Il rejette le culte des saints et la dévotion à la Vierge Marie, mère de Jésus Christ.

Premiers contacts avec Genève

L'année suivante, en 1536, Calvin est appelé à Genève par Guillaume Farel, un prédicateur venu de France, qui propage chez les Genevois la Réforme religieuse de Martin Luther. Il tente d'instaurer une dictature morale sous la forme d'ordonnances auxquelles chacun se doit de prêter serment. Mais un parti d'opposition oblige Farel, Calvin et leurs partisans à quitter la ville pour Strasbourg...

En 1541, Jean Calvin revient à Genève. Il se voit cette fois octroyer des pouvoirs discrétionnaires alors que son statut officiel reste celui d'un simple pasteur.

Un Consistoire composé de pasteurs et de laïcs va désormais régir la ville avec l'assistance des docteurs, anciens et diacres, sous la forme d'une théocratie. La dictature morale s'installe cette fois pour de bon.

Des dispositions administratives, dénommées articles et ordonnances, ou théologiques comme le Catéchisme de Genève, matérialisent l'emprise calviniste sur la vie de la cité qui acquiert le titre de « Rome protestante » et attire des réfugiés et des sympathisants de toute l'Europe.

La religion selon Calvin se signale par son austérité. Ni ornements, ni luxe, ni fêtes. La musique, le théâtre, le bal et la vie mondaine sont proscrits. Le prédicateur lui-même donne l'exemple d'une vie ascétique. Il s'inflige de rudes privations malgré une santé chétive et des migraines continuelles. Inflexible à l'égard de ses opposants, il laisse condamner à mort et brûler son ami Michel Servet.

Genève acceptera le retour des catholiques lors de l'invasion française de 1798 et ceux-ci sont aujourd'hui majoritaires dans la ville.

Les adieux de Calvin aux syndics de Genève, Eugène Deveria (1805-1865), Lavis de sépia.

Publié ou mis à jour le : 2021-05-17 00:08:36
LOIGNON (17-07-2019 17:46:01)

Je souhaite mentionner l'importance de l'automne 1533 dans cette rupture progressive (et difficile à dater avec précision) de Calvin avec l'Eglise romaine. En novembre de cette année, le recteur de... Lire la suite

Roland Meige (09-11-2017 17:13:58)

A propos du lien vers l'article sur le "Cimetière des Rois", et la Rue des Rois, à Genève, qui se termine par un point d'exclamation. Il ne s'agit que de "Rois du tir", comme il y a les rues du Tir... Lire la suite

Jane (01-06-2014 21:06:26)

L'historien Gibbon semble passer outre la chronologie des événements du Christianisme qui ont déclenché "La Réforme" et croit que, de cette façon, il peut écrire cette formule paradoxale. En effet, le Christianisme romain a été le premier à pratiquer de longue date l’intolérance et le prosélytisme. Quant au Christianisme protestant, il a d’abord et avant tout été une remise à plat des nombreux dogmes construits par le Christianisme romain au moment de quelques conciles, parce que ces dogmes avaient entraîné des ABUS dans l’Eglise (terreur du châtiment dans « L’Enfer » tellement culpabilisant, indulgences pour entrer au « Paradis » des élus, paiement des actes sacerdotaux par les fidèles contre la gratuité du « Pardon divin »...) Donc le Protestantisme européen a traité un besoin institutionnel de recentrer les RITES liturgiques sur une clarification du MESSAGE évangélique ou justement de l'enseignement de Jésus-Christ(Baptême ; Communion), par retour aux textes de LA BIBLE, dans sa seconde partie appelée « Nouveau Testament » inauguré avec JESUS qui réinterprète et humanise la « Loi de Moïse », textes de référence rendus accessibles à tous les individus sachant lire et voulant entendre ce qu’exprime ces « Ecritures » portant la marque d’IDENTITES et d’EXPERIENCES humaines diverses, grâce aux traductions et à l’imprimerie. Le but global était de s’interroger sur une FINALITE et un SENS pour la vie humaine, à partir des disputes théologiques autour de la « PREDESTINATION », face au postulat biblique de la «CREATION » du monde et des êtres vivants. La Réforme religieuse chrétienne menée par les PROTESTANTS ne conçoit pas une prédestination qui vouerait les personnes au Mal ou au Bien, comme voulaient l’inculquer les Jansénistes de Port-Royal, elle déclare simplement que les hommes sont sauvés parce que Dieu le veut, depuis que sa nature divine nommée « Amour Universel » a produit tout ce qui existe dans le cosmos , par référence à la théorie judéo-chrétienne exposée dans la première partie de La Bible appelée « Ancien Testament », aux chapitres de La Genèse ; depuis que la patience de Dieu a guidé les peuples fidèles à ses « Commandements » moraux absolus - dont un archétype était constitué par les très anciennes tribus d’Israël et par leurs patriarches Noé, Abraham, Moïse… ; et qu’il suffit donc que les hommes reconnaissent cette puissance créatrice. Donc vouloir accabler Calvin, en le limitant à des excès que le contexte explique en grande partie, à qui le Protestantisme doit encore aujourd’hui ce que Luther et Melanchthon n’avaient pas eux-mêmes rejeté, et chercher à opposer les différentes églises chrétiennes, sur leurs actions-réactions successives dans un passé éloigné semble, au mieux une preuve de LACUNES culturelles, au pire une manœuvre REVISIONNISTE, mais pas du tout une entreprise d’intellectuel pour vulgariser et faire fructifier les apports méritoires des grandes religions de Méditerranée, dans l’optique que nous offre la précieuse LAICITE REPUBLICAINE FRANCAISE. Merci à Hérodote de permettre une relecture critique de l’Histoire religieuse, par confrontation des savoirs, pensées et regards.

Jean-Néville (22-05-2012 11:52:51)

Dans votre extrême résumé, vous oubliez Pierre Viret, un réformateur originaire du pays de Vaud. Il fût avec Farel et Calvin le trépied de la réforme, comme le dit Théodore de Bèze. Il est bi... Lire la suite

Florence (22-05-2012 11:41:00)

La longue et douloureuse opposition à Castellion dont le libéralisme et l'humanité apparaissaient à Calvin comme un défi ne peut être passée sous silence.

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