25 avril 1529

La « Grande Rebeyne »

Le 25 avril 1529 éclate à Lyon la « Grande Rebeyne » (ou Grande Rébellion). Cette émeute de la faim est inédite par son ampleur et son caractère citadin. Elle fait suite à plusieurs années de récoltes médiocres et de disettes et clôt le « beau XVIe siècle » et la première Renaissance française.

Fabienne Manière

Émeute de la faim

Pendant une génération, les rois de France ont pris l'habitude de séjourner à Lyon, à proximité des Alpes, afin de mieux préparer leurs expéditions guerrières en Italie. Ce faisant, ils ont contribué à l'enrichissement de la ville.

À la fin des années 1520, François Ier, lassé par une succession d'échecs, suspend ses expéditions outre-monts. Dès lors, la bourgeoisie lyonnaise voit les difficultés s'accumuler, et cela d'autant plus qu'affluent dans la ville des affamés chassés des campagnes par plusieurs années de mauvaises récoltes.

Un receveur des impôts (gravure française du XVIe siècle)L'agitation gronde suite à l'augmentation brutale du prix du blé, en décembre 1528.

Des placards anonymes signés « le povre » appellent à la révolte contre les accapareurs qui stockent le grain en attendant que son prix monte.

Le 25 avril 1529, enfin, un millier de pauvres gens se rassemblent place des Cordeliers et envahissent le couvent voisin. Ils attaquent aussi plusieurs maisons de notables dont celle de Symphorien Champier, médecin et humaniste. La milice urbaine, les « pennons », composée d'artisans plus ou moins solidaires, n'intervient pas.

Les notables se réfugient au cloître Saint-Jean cependant que les émeutiers pillent les greniers de l'abbaye de l'Île-Barbe. Après deux jours de frayeur, la bourgeoisie lyonnaise se ressaisit et réprime avec sévérité les émeutiers. Onze meneurs sont pendus. Plusieurs autres condamnés au pilori ou au fouet.

La charité faute de mieux

Afin de calmer les humeurs de la population, la municipalité organise deux ans plus tard des secours par souscription publique. L'Aumônerie générale ainsi créée distribue des secours et des travaux d'intérêt général (curage de fossés, nettoyage de rues). Elle secourt en une année 5000 nécessiteux et distribue 250 000 pains.

En 1534, l'échevin Jean Broquin pérennise l'initiative en organisant son financement par des legs, des collectes, des amendes et une taxe sur les habitants. En 1622, l'initiative débouchera sur la construction de l'hôpital de la Charité.

Cette innovation traduit un nouveau regard sur les pauvres. Ceux-ci étaient perçus au Moyen Âge comme des témoins du Christ souffrant et à ce titre acceptés dans le corps social. Ils sont désormais vus comme des importuns et des rebelles en puissance qu'il convient de tenir à l'écart et de neutraliser.

Bibliographie

Peu connue, la « Grande Rebeyne » est bien décrite par Sylvie Le Clech dans sa brève mais passionnante biographie de François Ier (Tallandier, 2006, 146 pages).

Publié ou mis à jour le : 2022-04-26 23:57:19

Aucune réaction disponible

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net