1524-1525

La guerre des paysans

Au début du XVIème siècle, le Saint-Empire romain germanique connaît une vague de révoltes locales (les Bundschuhe : « souliers à lacets », symbole choisi en opposition à la botte à éperons seigneuriale), fomentées par la paysannerie à l’encontre du régime féodal.

À partir du mois de juin 1524, ces révoltes sporadiques prennent l’ampleur d’une véritable guerre générale qui éclate dans tout le sud, l’ouest et le centre de l’Empire. La guerre des Paysans ou « guerre des Rustauds » perdure jusqu’au 15 mai 1525, date de la mort du meneur et prédicateur Thomas Müntzer, à la bataille de Frankenhausen ; même si en réalité, des soulèvements sont recensés dans les Alpes autrichiennes jusqu’en 1526.

Les paysans insurgés se plaignent de leurs conditions de vie et des abus de la noblesse et du clergé. En plus de la pression démographique, ils voient les terres communales usurpées par les seigneurs. Ils croulent sous les taxes et les corvées et veulent supprimer les derniers relents de servage. Mais à ces revendications sociales s’ajoutent aussi des revendications religieuses. La Réforme luthérienne se propage à partir de 1520 dans tout le territoire de l’Empire dénonçant les dérives de l’Église (débauche, corruption, népotisme et clientélisme) et vient donner un nouvel élan à la révolte.

Le 20 mars 1525, toutes ces revendications sont formulées pour la première fois et mises à l’écrit dans les Douze articles, et sont adoptés par l’ensemble des bandes insurgées du Saint-Empire. Ce texte est comme un manifeste politique dans lequel sont formulées les revendications paysannes, appuyées par des arguments tirés de la Bible.

Les bandes pillardes, composées chaque fois de plusieurs milliers de paysans, s’attaquent aux églises, aux couvents et aux monastères, et pillent leurs biens mobiliers. Parfois avec le soutien de la bourgeoisie, ils prennent quelques villes comme Erfurt, Ulm ou encore Saverne, et incendient les châteaux. Mais un tournant se fait dans l’opinion générale le 16 avril 1525 lorsque la bande de Jäcklein Rohrbach attaque le château de Weinsberg et massacre les nobles dont le comte Ludwig de Helfenstein. Cet évènement marque l’image des paysans tueurs et pilleurs et choque la noblesse de l’Empire. Martin Luther lui-même qui était considéré comme responsable de la guerre des Paysans, se désolidarise du mouvement et appelle au massacre des insurgés. 

La répression est finalement menée dans le centre de l’Empire par la Ligue de Souabe, et en Alsace par le duc Antoine de Lorraine. Au mois de mai 1525, ce dernier monte une armée de 12000 à 15000 hommes, fait fuir les insurgés de son duché et les poursuit jusqu’en Alsace où une grande coalition de paysans est écrasée. Au même moment, en Thuringe, l’armée du landgrave Philippe Ier de Hesse, défait entièrement l’armée de Thomas Müntzer et met fin officiellement à la guerre des Paysans. Sur les 300 000 paysans révoltés, on en compte 100 000 tués dans les combats, tandis que les autres sont mis au ban de l’Empire et que les meneurs sont condamnés à mort. La violence de ces événements marqua profondément les esprits et la culture populaire de l’époque.

Publié ou mis à jour le : 2022-10-10 12:00:54
Domon Christian (16-10-2022 06:35:46)

Dès lors, le luthérianisme va se défaire de tout esprit révolutionnaire et renforcer les situations sociales dominantes suivant le dogme : « Soumettez-vous aux autorités ». Il n'y a pas de ... Lire la suite

Jacqueline Meilhac (28-08-2006 20:35:09)

Bravo pour vos précieuses documentations !

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