Le 31 octobre 1517, un moine allemand affiche sur la porte de l'église de la Toussaint, à Wittemberg, en Saxe, un texte dans lequel il dénonce les scandales de l'Église de son temps. Sans s'en douter, Martin Luther, ce faisant, va briser l'unité de l'Église catholique et jeter les bases du protestantisme.
Un intellectuel dans la tourmente
L'image de Luther placardant rageusement ses 95 thèses sur la porte de l'église figure dans un texte écrit beaucoup plus tard par Philippe Melanchton, l'un de ses disciples.
Dans les faits, Martin Luther (34 ans), professeur de théologie à Wittemberg, a de façon très conventionnelle communiqué son texte à ses élèves et collègues de l'université. Et sans doute un appariteur a-t-il selon l'usage placardé un avis sur la porte de l'église.
Séduits par les 95 thèses de Luther, écrites comme il se doit en latin, certains des destinataires ont jugé bon de les traduire en allemand et de les diffuser autour d'eux.
Grâce à une technique vieille d'à peine plus d'un demi-siècle, l'imprimerie, elles ont circulé très vite dans toute la population instruite de Saxe et d'Allemagne. Leur succès a été instantané parce qu'elles entraient en résonance avec des inquiétudes profondes relatives au salut éternel et des interrogations sur les pratiques douteuses du haut clergé catholique.
Le moine Luther, habituellement méditatif et studieux, seulement désireux de contribuer à la réforme de l'Église universelle et du Saint-Siège, a été de la sorte entraîné dans un maëlstrom dont il était loin d'imaginer la violence.
Réformer l'Église ou rompre avec elle
Le premier des scandales que dénonce Luther est l'abus qui est fait des indulgences. Il s'agit des aumônes que le clergé catholique a pris l'habitude de récolter contre la promesse d'un allègement des peines qui attendent les pécheurs au Purgatoire, antichambre du Paradis. Ces collectes ont été relancées par le pape Léon X dans le but de reconstruire Saint-Pierre de Rome dans le goût fastueux de la Renaissance italienne.
Comme par ailleurs les rois de France et d'Espagne, François Ier et le futur Charles Quint se sont portés candidats au titre impérial, les indulgences sont aussi mises à profit pour rembourser les dépenses considérables qui servent à acheter les votes des sept princes électeurs d'Allemagne. « Autrefois, les trésors de l'Évangile étaient le filet qui servait à saisir les hommes dévoyés par la richesse ; aujourd'hui, les trésors des indulgences servent seulement à saisir les richesses des hommes », écrit le moine...
Mais le Saint-Siège et les princes allemands tardent à les condamner, ne voulant pas se mettre à dos la population avant l'élection impériale qui doit se tenir en 1519...
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TRAMONI (03-11-2007 04:33:03)
"ils ont déchiré la tunique du Christ".Le protestantisme initié par Luther représente la deuxième hérésie majeure au sein du christianisme.La première , les cathares , avait été écrasée au... Lire la suite