22 avril 1500

Les Portugais s'installent au Brésil

Le 22 avril 1500, treize caravelles portugaises arrivent en vue de côtes inconnues au sud-ouest de l'océan Atlantique. Pedro Álvares Cabral et ses 1200 hommes viennent de découvrir ce qui deviendra le Brésil, principale colonie du Portugal.

Le navigateur projetait de contourner l'Afrique et de gagner les Indes. Suivant les recommandations de ses prédécesseurs, il a sagement dérivé vers l'ouest pour éviter les vents contraires de la côte africaine, ce qui l'a amené plus loin que prévu, jusqu'à toucher une terre encore inconnue. 

Fabienne Manière

La flotte de Pedro Alvares Cabral (Livro das Armadas, manuscrit du XVIe siècle, Sao Paolo)

Course aux épices

Quelques années plus tôt, par le traité de Tordesillas (1494), Portugais et Espagnols s'étaient partagés les terres à découvrir et, sur une heureuse inspiration, les Portugais avaient obtenu que la « ligne de marcation » soit rapprochée de l'Europe, à 370 lieues des îles du Cap vert.

Là-dessus, Vasco de Gama avait fait un retour triomphal à Lisbonne après avoir été le premier navigateur à contourner l'Afrique et atteindre les Indes.

Le roi du Portugal Manuel Ier, dit le Fortuné, avait aussitôt décidé de lancer une nouvelle expédition afin d'identifier le meilleur chemin pour contourner l'Afrique et regagner les Indes. L'objectif était purement commercial. Il s'agissait de concurrencer les Vénitiens et les Gênois qui pratiquent par la voie terrestre un fructueux commerce des épices avec les Indes.

La nouvelle expédition est confiée au jeune noble Pedro Álvares Cabral (33 ans). Celui-ci se fait assister par des marins émérites, comme Bartolomeu Dias, qui a franchi avant Vasco de Gama le cap de Bonne-Espérance (il mourra au cours de ce voyage).

Pedro Álvares Cabral réfléchit au premier voyage de Christophe Colomb et pense qu'il est de son intérêt de s'éloigner des rives africaines afin de profiter des alizés de l'Atlantique sud et d'échapper aux grands calmes du golfe de Guinée, où s'immobilisent les voiliers.

La Première messe

La Première messe, de Vítor Meireles (1861, Musée des Beaux Arts de Rio de Janeiro

Cette peinture célèbre du Musée des Beaux Arts de Rio de Janeiro représente une messe qui aurait eu lieu le 26 décembre 1500 dans un village de l’état actuel de Bahia. Elle participe au « roman national » du Brésil actuel.

 

Et le Portugal inventa le Brésil...

Comme les autres Européens de son temps, Cabral ignore encore que les terres découvertes par le Gênois correspondent à un nouveau continent.

C'est donc, semble-t-il, avec surprise qu'il découvre une vaste et belle terra incognita au niveau de la future ville brésilienne de Salvador. Il la baptise du nom de Santa Cruz (Sainte Croix) et il noue de premiers contacts avec les pacifiques Indiens Tupi qui habitent la contrée.

Ces derniers lui offrent de magnifiques plumes d'oiseaux exotiques et aussi du brésillet, un bois connu au Portugal sous le nom de pau brasil avec lequel on fait une teinture rouge. Ce pau brasil désignera plus tard le pays : Brésil (en portugais, Brasil).

Pedro Álvares Cabral ne manque pas de renvoyer l'une de ses caravelles à Lisbonne, en y joignant quelques beaux perroquets, pour faire part de sa découverte.

Il séjourne une dizaine de jours sur ce qu'il croit être une île et en prend possession au nom de son roi sans en soupçonner l'importance. Après cela, il reprend son voyage vers le cap de Bonne Espérance, au sud de l'Afrique. Il essuie au passage une dramatique tempête au cours de laquelle il perd le tiers de sa flotte. Il fait escale sur l'île de Madagascar et arrive comme prévu aux Indes.

À Calicut, les marchands arabes de la ville voient d'un mauvais oeil l'arrivée de ce concurrent, qui suit de peu Vasco de Gama.

Qu'à cela ne tienne, Cabral obtient du zamorin (ou samorim), ou seigneur de la mer, le droit d'établir un comptoir. Il installe aussi plusieurs garnisons sur la terre ferme. Mais bientôt la révolte enfle et pour finir, le comptoir portugais est attaqué et incendié par des centaines d'hindous et de musulmans. Une cinquantaine de Portugais sont massacrés ou brûlés vifs.

En représailles, la flotte portugaise bombarde la ville pendant deux jours avant de se replier un peu plus au sud, à Cochin (aujourd'hui Kochi), ville hindoue où elle accoste le 13 septembre 1500. C'est là que Cabral se pourvoit en épices pour le retour. Par la même occasion, il encourage les gouvernants de la ville à s'émanciper de la tutelle du zamorin de Calicut.

Il revient à Lisbonne deux ans plus tard, le 21 juillet 1501, avec six navires au lieu de treize et le tiers de ses hommes seulement. Mais il ramène aussi de pleines cargaisons d'épices (3000 tonnes) et le souvenir d'une certaine découverte à l'ouest de l'Atlantique sud.

La prise de possession du futur Brésil par le Portugal est validée conformément au traité de Tordesillas. Les colons portugais commencent à s'y installer quelques années après le voyage de Cabral et c'est en vain que quelques décennies plus tard, les Hollandais et les huguenots français tentent de les en chasser.

Publié ou mis à jour le : 2021-10-17 15:05:28
DRUHEN CHARNAUX (12-02-2020 08:46:18)

Tout cet article sur l'Amérique du Sud : Amazonie, Brésil, Chili est très intéressant ; il met/remet en mémoire beaucoup de choses que l'âge avait un peu gommé !

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