Le 17 novembre 1494 s'éteint à Florence un jeune homme dont le nom est encore employé dans notre langue avec une pointe d'ironie...
Tout commence en 1463 ! La France se relève de la guerre de Cent Ans et Constantinople est depuis dix ans capitale de l'empire turc. L'Italie, divisée en principautés perpétuellement en guerre les unes contre les autres, baigne en pleine Renaissance et découvre l'humanisme.
Le 24 février de cette année-là, dans le duché de Ferrare, en Italie centrale, naît Giovanni Pico, comte della Mirandola e Concordia (Pic de la Mirandole en version française).
Jeune homme surdoué, il entre à l'académie de Bologne à 14 ans et devient deux ans plus tard un spécialiste confirmé du droit.
Exalté par la découverte des textes de l'Antiquité, diffusés par des lettrés grecs qui ont fui les Turcs, il décide de s'instruire dans tous les domaines de la connaissance en allant d'université en université, de Rome à Paris.
Pic de la Mirandole mène un train de vie fastueux et possède une bibliothèque des plus réputées. Sa culture, son éloquence et son acuité de jugement lui valent d'être reçu par le roi de France Charles VIII comme par Laurent le Magnifique, le maître de Florence.
Dans l'entourage de ce dernier, il se lie d'amitié avec le philosophe Marsile Ficin et tente avec lui de concilier la philosophie de Platon et la théologie chrétienne. La Grèce ne lui suffisant pas, il se jette aussi dans l'étude des textes hébraïques ainsi qu'arabes et chaldéens.
À 23 ans, il publie 900 thèses sous le titre : Conclusions philosophiques, cabalistiques et théologiques, et, grand seigneur, invite tous les érudits à en débattre avec lui à Rome, quitte à ce qu'il leur paie les frais de déplacement ! L'initiative déplaît en haut lieu et le 31 mars 1487, Pic de la Mirandole doit renoncer à plusieurs de ses conclusions, jugées hérétiques par une commission papale.
L'année suivante, il tente de fuir en France la vindicte du Saint-Siège. Mais il est arrêté à Lyon et brièvement interné au donjon de Vincennes. À sa libération, il s'empresse de répondre à l'invitation de Laurent le Magnifique et, mettant fin à ses voyages, s'établit à Florence.
Mais le savant est fauché en pleine jeunesse par une fièvre maligne et meurt pieusement à Florence, à 31 ans. Le même jour, dans la ville soumise à l'autorité impitoyable du moine Savonarole, entre le roi de France Charles VIII à la tête de ses troupes. C'est le début des longues guerres d'Italie qui vont révéler la Renaissance aux Français...
La curiosité universelle et les connaissances encyclopédiques de Pic de la Mirandole sont devenues proverbiales. Il arrive encore qu'une personne érudite se fasse appeler avec une pointe d'ironie : « Pic de la Mirandole ».
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Jean-Louis (17-11-2009 20:11:10)
Pourquoi dites-vous qu'une personne érudite peut se faire appeler, avec une pointe d'ironie,:un"Pic de la Mirandole". Il m'arrive d'employer cette expression et à chaque fois c'est avec une pointe d'admiration. J'ai un grand respect pour ces quelques hommes qui ont réussi à appréhender l'ensemble des connaissances de leur époque.
krystyna tsimaratos (16-11-2009 22:40:25)
Il est parmi mes idoles depuis longtemps déjà car il prône la philosophie ouverte qui englobe tout ce qui émane de la volonté de vérité ! Traducteur de Platon en latin, un érudit extraordinaire, un idéaliste passionné, réfuse tout enfermement dans une école de pensée unique, essaye d' accorder entre elles toutes les traditions intellectuelles , cherche à concilier Platon avec Aristote ! Il a vécu à la même époque que Léonardo da Vinci et il me plait d' imaginer leur rencontre, leur dialogue, la poignée de main !Peut-être que Machiavel était là aussi. Ensemble, mais chacun dans son domaine, ils n' accordaient de valeur qu' à la recherhe illimitée d' un savoir universel.