20 juin 1492

Martin Behaïm réalise le premier globe terrestre

À Nuremberg, le 20 juin 1492, soit quelques semaines avant la découverte du Nouveau Monde par les Européens, le cartographe et navigateur Martin Behaïm achève la réalisation du premier globe terrestre... Ce globe, d'un diamètre d'environ 50 centimètres, est aujourd'hui conservé dans sa ville natale.

La rotondité de la Terre, mise en évidence deux mille ans plus tôt, ne fait alors de doute pour personne. Il faudra néanmoins attendre un demi-siècle de plus pour comprendre avec Copernic qu'elle tourne autour du Soleil et n'est qu'une planète parmi d'autres.

Camille Vignolle
Ronde, la Terre ?

Bien que très doués en astronomie, les Sumériens, qui vivaient en Mésopotamie 3000 ans av. J.-C., se représentaient la Terre comme un disque plat posé sur un océan sans limite.

C'est seulement au Ve siècle av. J.-C., au temps de Périclès, que des philosophes grecs, tels que Pythagore de Samos et Parménide, commencent à se représenter la Terre sous la forme d'une sphère, cette représentation leur apparaissant cohérente avec la courbure de l'horizon.

Vers 230 av. J.-C., l'astronome et mathématicien Ératosthène confirme avec brio la rotondité de la Terre et, qui plus est, mesure sa circonférence avec une remarquable précision.

• Dans un premier temps, il repère au solstice d'été le moment où le soleil est à son zénith et atteint le fond d'un puits à Syène (aujourd'hui Assouan, en Égypte),
• Dans un deuxième temps, le même jour de l'année, au même moment, il mesure à Alexandrie, à un millier de kilomètres plus au nord, l'ombre portée par un bâton.

Connaissant la distance entre les deux villes et négligeant la différence d'inclinaison des rayons du soleil, il en déduit avec une remarquable précision que notre planète a une circonférence de 250 000 stades, soit pratiquement 40 000 km, valeur aujourd'hui admise.

De la Géographie de Ptolémée à Imago Mundi

La Terre vue par Jean de Halifax, Joannes de Sacrobosco (manuscrit du XIVe siècle)La Géographie de Ptolémée, un Grec d'Alexandrie (90-168), reprend les conclusions d'Ératosthène et des autres savants grecs.

Grâce à cet ouvrage bien connu des érudits du Moyen Âge, la rotondité de la Terre va être enseignée dans les Universités occidentales dès le XIIIe siècle, par exemple par Joannes de Sacrobosco, professeur à la Sorbonne et auteur du traité De sphaera mundi (« La Sphère »).

Il n'y aura guère que des religieux sectaires ou des ignorants pour la nier ou l'ignorer.

En 1410, le théologien français Pierre d'Ailly publie un ouvrage de cosmographie appelé à une grande diffusion : Imago Mundi. Sans cesse réédité et enrichi pendant tout le XVe siècle, cet ouvrage synthétise la vision médiévale du monde.

Selon Imago Mundi, les terres émergées, toutes regroupées dans la moitié nord du globe terrestre, sont entourées d'un immense fleuve, la « mer Océane ». Il est parsemé d'îles dont chacune a une singularité, avec des habitants tels que les Pygmées, les Cyclopes, les Cynocéphales (hommes à tête de chien), les anthropophages etc. L'équateur marque la limite au-dessous de laquelle il est impossible aux hommes d'accéder.

NB : au XVIIIe siècle s'est forgée l'idée fausse selon laquelle les gens du Moyen Âge voyaient la terre plate, moins pour dénigrer le Moyen Âge que pour dénoncer le prétendu obscurantisme des clercs et de l'Église .

Erreur féconde

À l'époque de Christophe Colomb, les érudits, marins et géographes connaissent aussi bien Imago Mundi que la Géographie de Ptolémée. Ils s'interrogent seulement sur la largeur de la « mer Océane » qui est censée séparer l'Europe de l'Asie. Or, Ptolémée, dans sa célèbre Géographie, a retenu pour la circonférence de la Terre une valeur nettement inférieure à celle d'Ératosthène, de l'ordre de 180 000 stades ou 33 000 km.

Sur cette base, l'astronome florentin Paolo Toscanelli réalise, en 1468, à l'attention du roi du Portugal, une carte qui montre l'Europe séparée de l'Extrême-Orient par un océan de seulement 10 000 km de large, avec en son milieu une île mythique du nom d'Antilla ! Cela va induire en erreur Christophe Colomb : en sous-estimant gravement la distance qui sépare, à l'ouest, l'Europe de l'Extrême-Orient, le navigateur génois va oser entreprendre le voyage qui l'amènera à découvrir un Nouveau Monde.

Publié ou mis à jour le : 2021-11-18 20:01:16
Jean-François Profizi (20-06-2016 08:50:48)

Pourquoi n'avoir rien dit d'Aristarque de Samos, le premier qui, au 3 ème siècle avant notre ère, émit (d'après Archimède) "l'hypothèse que les étoiles fixes et le Soleil sont immobiles. Quant à la Terre, elle se déplace autour du Soleil sur la circonférence d'un cercle ayant son centre dans le Soleil" ?

Epicure (18-06-2015 06:24:51)

Ben Haïm était un Juif de Nürnberg et Colombo SAVAIT parfaitement Où il allait en partant de Cadix en 1492...Les Crescas, Juifs de Majorque et les seuls vrais Cartographes de l'époque ont suppléé au Navigateur Inconnu !!. Erathostène n'a fait , 200 ans Avt JC que 8% d'erreur sur la circonférence terrestre! Les Crescas et Ben Haïm n'ont fait QUE SE SOUVENIR des connaissances déniées et volontairement IDEOLOGIQUEMENT occultées par l'Eglise....
Il aura fallu 1600 ans pour que les Païens convertis au Christianisme comprennent l'évidence! Bravo! ça n'est pas étonnant que ces pauvres soient toujours "trompés par les Juifs"! La sottise et la REGRESSION sont donc TOUJOURS possibles; et c'est ce qui attend aujourd'hui le monde dit Avancé, avec ses étudiants fuyant les Sciences.... et se réfugiant dans l'oblomovisme du Droit et des Arts (qu'ils ne maîtrisent de toute façon pas, car c'est d'abord un DON....Mais le "statut des intermittents" palie à ces insuffisances!)

Jean Devriendt (18-06-2015 01:40:53)

(à S. Lachaume) Les termes « convers castillans » ne font pas sens ici. Un convers est un homme non ordonné, en ce sens frère laïc, membre d’un institut de vie régulière, monastique ou conventuel.
De fait, le journal de C. Colomb nous montre un homme à la religion exacerbée, marquée par un joachimisme très particulier de la fin du 15 et début 16e siècles, qui nous a laissés aussi, imprimé à Venise aux alentours de 1515 les impressions des grandes œuvres de l’abbé Joachim. Ce journal montre un homme avide de hâter la fin des temps en interprétant l’injonction matthéenne : « de tous les peuples » comme une obligation de tracer des chemins d’évangélisation, en particulier vers la païenne Asie. Ses caravelles ont une voilure et des noms très typiques. Que ces routes spirituelles servent d’autres avidités plus matérielles lui a considérablement facilité la tâche.
Quant aux juifs expulsés d’Angleterre depuis des lustres, pressurés par le Royaume de France, pris en hospitalité sur les Terres Pontificales ; la très Catholique Reine n’avait cure de l’endroit où ils se rendaient du moment qu’ils quittaient ses propres terres.

Vanos (19-06-2012 17:00:34)

Le stade,Ptolémée, justement, l'estimait à 157,90m (les valeurs pouvant varier de 147,85m à 192,27m).
Si nous prenons l'estimation de Ptolémée nous arrivons à une valeur de (180.000 x 157,90) 28.422km ce qui exclu effectivement l'Amérique du globe.
Eratosthène avait fait une estimation de 250.000 stades, ce qui met son stade à ~ 160 m, cela entre dans la fourchette citée plus haut

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