Le 3 février 1488, Bartolomeu Dias fait escale avec ses deux caravelles dans l'océan Indien, à 370 km à l'est de la pointe de l'Afrique. En rentrant à Lisbonne, auprès du roi Jean II, le navigateur portugais ramène la preuve qu'il est possible de contourner le continent africain par le sud pour gagner l'océan Indien et l'Asie des épices.
Pour le petit royaume du Portugal, c'est la promesse d'une gloire immense et de richesses infinies. Pour l'Europe tout entière, c'est le début d'une expansion qui va la conduire en quatre siècles à dominer le monde.
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Cette carte montre les quatre principales puissances européennes engagées dans l'exploration des océans et le parcours des principaux explorateurs.
L'exploit de Bartolomeu Dias de Novaes est le fruit d'un gigantesque effort collectif du Portugal, sous la conduite de l'infant Henri le Navigateur, qui rêvait de découvrir le royaume mythique du « prêtre Jean » (l'Éthiopie) et de conclure avec lui une alliance pour prendre en tenaille les Turcs ottomans !
Quand l'infant meurt en 1460, à 66 ans, les navigateurs portugais n'ont pas encore dépassé le golfe de Guinée, en Afrique. Ils reprennent leur progression sous le règne du roi Jean II.
En août 1487, Bartolomeu Dias (Barthélemy Diaz en écriture francisée) quitte Lisbonne avec mission de poursuivre l'exploration de la côte africaine. Ce capitaine émérite de 37 ans, inspecteur aux entrepôts royaux de Guinée à Lisbonne, part avec deux caravelles de 50 tonneaux et un navire ravitailleur. Il emmène avec lui six Africains. Lors des escales, ces Africains vêtus à l'européenne négocieront avec les indigènes des échanges commerciaux.
La flotille longe sagement le golfe de Guinée vers le sud et dépasse les derniers comptoirs portugais. Elle atteint le 25 décembre 1487 la baie d'Angra das Voltas, où est bâtie aujourd'hui la ville de Luderitz (Namibie), puis, laissant sur place le navire ravitailleur, trop lent, elle longe le littoral.
Survient une tempête d'une extrême violence. Pendant treize jours, les deux caravelles dérivent vers le sud. Une fois la tempête apaisée, Bartolomeu Dias tente pendant plusieurs jours de retrouver la côte en navigant vers l'est. Il ne voit rien et doit se rendre à l'évidence. Devant lui n'est plus l'Afrique.
Le navigateur comprend qu'il a dépassé la pointe du continent noir et qu'il a quitté l'océan Atlantique pour entrer à son insu dans l'océan Indien. Il remonte vers le nord et retrouve la terre conformément à ses prévisions.
C'est ainsi qu'il fait escale le 3 février 1488 en un lieu qu'il appelle Aguada de Saõ Bras (baie de Saint Blaise, d'après le saint du jour), , aussi appelée Angra dosVaqueiros (baie des Vaches) en raison du grand nombre de bovins qui paissent dans les environs. Ce lieu se dénomme aujourd'hui Mossel Bay. Quelques contacts ont lieu avec les habitants, des pasteurs aborigènes du groupe khoisan. Ils dégénèrent en affrontements.
Dias poursuit la remontée vers le nord en suivant la côte de l'océan Indien. Mais arrivé à l'embouchure de l'actuelle Fish River, l'équipage, épuisé, ne veut pas aller plus loin et Bartolomeu Dias se résigne à faire demi-tour. Avant cela, il fait ériger une colonne de pierre, un « padrao », pour témoigner de son passage et prendre possession du territoire !... Le monument a été retrouvé en 1938 et est conservé à l'Université du Witwatersrand, en Afrique du Sud.
Sur le retour, il a l'amertume de constater que six des neuf hommes d'équipage du navire ravitailleur ont été massacrés par des Khoisan et il doit renoncer à ramener ce navire. À Lisbonne, Bartolomeu Dias est néanmoins accueilli en triomphe. Sur les quais du Tage, parmi les badauds qui l'acclament, figure un marin encore inconnu. Il a nom Christophe Colomb...
Dias propose au roi de baptiser Cap des Tempêtes la pointe du continent africain dont il a gardé un si mauvais souvenir. Mais le roi Jean II, trop content de l'exploit, le rebaptise... « Cabo de Boa Esperança » (Cap de Bonne Espérance) car il y voit la certitude de pouvoir bientôt atteindre les Indes. Ce sera chose faite dix ans plus tard avec Vasco de Gama.
Dans le même temps, deux serviteurs de Jean II, Pedro de Covilham et Alfonso de Païva, arrivent non sans mal à contourner l'Afrique par l'Est et atteignent Aden. Covilham visite même la côte de l'Inde et revient par l'Abyssinie (l'Éthiopie) et l'Égypte.
Le triomphe des Portugais est néanmoins terni par le succès concomitant de Christophe Colomb. Parti vers l'ouest en quête de l'Asie, il a offert un Nouveau Monde aux souverains espagnols.
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