Le 23 mai 1430, Jeanne d'Arc est capturée par les Bourguignons en tentant de secourir avec sa troupe les habitants de Compiègne, au nord de Paris.
Les Anglais vont alors se la faire livrer, en vue de la faire condamner par un tribunal ecclésiastique. Ils espèrent de la sorte mettre au jour sa nature de sorcière et dévaluer le sacre de leur ennemi Charles VII...
En délivrant Orléans et faisant sacrer le roi Charles VII à Reims, Jeanne d'Arc a accompli la mission que lui ont confiée, selon ses dires, des voix célestes. D'ailleurs, après le sacre, elle admet ne plus entendre ses voix...
Mais emportée par son succès et la faveur des foules, elle veut en finir au plus vite avec les Anglais. Elle part avec Charles VII à la reconquête du Bassin Parisien. L'armée royale entre sans coup férir à Soissons, Château-Thierry, Provins, Crépy-en-Valois et les villes de l'Oise.
Encouragé par Jeanne, le « beau duc » Jean d'Alençon, gendre de Charles VII et chef de l'armée royale, mène celle-ci à Saint-Denis, aux portes de Paris. Mais les Français de la capitale, satisfaits de leur sort, n'ont nul désir de revoir la redoutable faction des Armagnacs qui entoure le roi.
Quant à l'entourage du roi, conduit par sa belle-mère Yolande d'Aragon, il préfère négocier une trêve avec le cousin ennemi de Bourgogne, le « Grand-Duc d'Occident » Philippe le Bon. Par la trêve, conclue le 28 août, ils promettent au duc de recouvrer les villes perdues de l'Oise.
En dépit de quoi, Jeanne et d'Alençon lancent une attaque sur la capitale le 8 septembre 1429, fête de la Nativité de la Vierge ! Beaucoup s'indignent que la Pucelle engage le combat ce jour-là. Elle-même est blessée d'une flèche à la cuisse et l'assaut tourne court. Dieu se détournerait-il d'elle ?...
À nouveau tenté par le repli, Charles VII ramène l'armée à Gien, sur la Loire, et la licencie le 21 septembre 1429. Dans le même temps, il commence à tenir l'héroïne à l'écart tout en lui faisant miroiter les délices de la vie de cour. En témoignage de reconnaissance, il l'anoblit ainsi que sa famille le 24 décembre 1429 (son nom, Darc, devient dès lors d'Arc). Il confie la prévôté de Vaucouleurs à son frère Pierre, qui a combattu à ses côtés, et dispense cette châtellenie de l'impôt.
Comme Jeanne ne se laisse pas adoucir par les faveurs, il lui confie le soin de combattre un brigand mais celui-ci lui inflige un échec humiliant à la Charité-sur-Loire où il s'est réfugié.
À la cour, le grand chambellan La Trémoille et l'archevêque de Reims Regnault de Chartres, chancelier de France, qui privilégient la négociation avec les Bourguignons, manigancent sa perte. Ils suscitent une prophétesse rivale, Catherine de La Rochelle, que Jeanne rencontre et renvoie en lui conseillant d'aller « faire son ménage et soigner ses enfants ».
De leur côté, les Anglais sont très affaiblis et quelque peu démoralisés par leurs échecs successifs depuis la levée du siège d'Orléans. Le duc de Bedford, qui assume la régence en France pour le compte du jeune roi Henry VI, se voit contraint d'appeler à l'aide le cardinal de Winchester, son oncle. Celui-ci a déjà mis sous sa coupe l'Angleterre et le régent d'Angleterre, le duc de Gloucester. Le cardinal détourne vers la France une armée qu'il avait recrutée pour combattre les hérétiques hussites dans la lointaine Bohème. Lui-même et ses soldats rencontrent à Paris le duc de Bourgogne le 30 septembre 1429.
Leurs alliés bourguignons se sentent pousser des ailes. Fringant étalon, le duc Philippe le Bon célèbre avec Isabelle de Portugal son troisième mariage le 10 janvier 1430 et par la même occasion crée le fameux Ordre de la Toison d'Or. Là-dessus, en avril, à la fin de l'hiver, il décide délibérément de rompre la trêve et se lance à la reconquête de Compiègne, un verrou sur l'Oise, au nord de Paris, qui l'empêche de lier ses possessions à celles des Anglais.
Le 15 avril 1430, il entame le siège de la ville avec son lieutenant Jean II de Luxembourg-Ligny, comte de Guise. Les habitants appellent Jeanne à l'aide. Celle-ci lève avec ses propres deniers une troupe de 400 mercenaires et se précipite à leur secours sans en référer au roi. Elle entre dans la ville à la faveur de la nuit. Mais le lendemain, le 23 mai 1430, en tentant une sortie, elle est encerclée par les Bourguignons et capturée par un archer picard qui la livre à son seigneur Jean de Luxembourg.
Jeanne n'a pas l'espoir que le seigneur bourguignon demande une rançon au roi Charles VII en échange de sa libération car elle-même, quelque temps plus tôt, a refusé de libérer contre rançon un routier bourguignon, Franquet d'Arras, et l'a au contraire livré à la justice royale pour qu'il soit exécuté en vertu de ses crimes innombrables.
La Pucelle est donc dans un premier temps enfermée au château de Beaulieu-en-Vermandois, d'où elle tente de s'échapper. Le mois suivant, elle est transférée au château de Beaurevoir, au nord de la Picardie. Elle tente une deuxième fois de s'évader en se laissant descendre le long d'une corde confectionnée avec ses draps. Mais la corde rompt et elle fait une chute douloureuse.
Très vite, son geôlier est harcelé par Henri Beaufort, cardinal de Winchester, qui, à Londres, a repris en main les affaires du Continent. Celui-ci veut à tout prix que la captive soit jugée et condamnée pour sorcellerie et hérésie afin de couper court à sa popularité et ruiner le crédit de Charles VII... Que vaudrait en effet un sacre acquis grâce à une sorcière ?
L'Anglais multiplie les pressions, entame le blocus des ports flamands et finalement rachète Jeanne pour dix mille livres tournois, soit un montant équivalent à une rançon royale ! La prisonnière est conduite à Arras, puis au Crotoy, à Dieppe et enfin à Rouen où elle doit être jugée. Son procès va pouvoir commencer...
Le roi Charles VII, peu conscient de l'enjeu, n'esquisse aucun geste en sa faveur. Son grand chambellan Georges de la Trémoille, retors et corrompu, hostile à la Pucelle, le dissuade de la racheter.
Toutefois, sous le choc, les troupes royales semblent se réveiller de leur torpeur. Le 25 octobre 1430, Xaintrailles et La Hire obligent Jean de Luxembourg à lever le siège de Compiègne. Le duc de Bourgogne détourne son attention vers le Brabant. C'en est fini de la menace d'une jonction des domaines anglais et bourguignons. Les troupes de Charles VII ont repris l'initiative. Jeanne captive a gagné.
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